Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 13 Septembre 2010
Après que Schuwald ait révélé à Tenma qu'il trouverait les réponses aux secrets entourant Yohann en République tchèque, on retrouve le médecin, toujours les yeux cernés, aux prises avec la police des frontières dans un train. Il y rencontre Grimmer, journaliste free-lance, ancien espion de la RDA. Ce dixième tome débute sur l'instauration d'une relation profondément amicale entre deux hommes meurtris. A Prague, un jeune inspecteur qui fait ses débuts dans la police, Yan Suk, prend quant à lui en charge une enquête portant sur des meurtres.
Ce nouveau tome est l'occasion pour Naoki Urasawa d'introduire deux nouveaux personnages qui semblent devoir tenir des rôles majeurs. L'auteur parvient encore une fois, en seulement quelques chapitres, à les rendre particulièrement intéressants et intrigants. Un tour de force auquel il nous a habitués mais qu'on ne se lasse pas d'apprécier. Là où d'autres mangakas peinent dans le développement de la psychologie des personnages, Urasawa nous prouve encore qu'il reste le maître incontesté dans cette « discipline ».
L'auteur continue de soigner l'aspect historique de son manga. Qu'il situe son intrigue dans l'Allemagne séparée ou réunifiée, son scénario demeure maîtrisé. Et Urasawa n'est pas avare en détails de ce côté-là. La crédibilité de son scénario passe par l'évocation de bon nombre d'éléments relatifs à l'Histoire européenne.
Dans la conduite du récit, une scène de torture illumine cet opus, contrastant avec les rencontres fugaces et naturelles des différents personnages.
Des références au début de la série sont réutilisées (les fameux bonbons), l'empreinte tchèque est bel et bien présente. Les ruelles de Prague, l'architecture de la capitale, sont reproduites avec brio. Quel bonheur de suivre un scénario si dense dans un décor aussi réel. L'immersion est parfaite tout au long du tome.
A noter l'importance prise par le thème de l'enfance, qui semble être une des clefs principales pouvant expliquer la nature de Johann. Urasawa nous surprend de même en entretenant l'ambiguïté sur un personnage bien connu... Certains lecteurs se laisseront prendre au jeu subtil de l'auteur, il n'y aucun doute !
Ce tome 10 est donc l'occasion d'observer la continuité d'un scénario qui malgré tout s'engage sur une voie différente (nouveau pays, nouveaux personnages) : encore une fois du très bon seinen.