Monsieur Ours veut qu'on le laisse tranquille - Actualité manga

Monsieur Ours veut qu'on le laisse tranquille : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Juillet 2017

Monsieur Ours est assis sur son banc. Le temps est idéal pour lire des poèmes, lorsqu'un lapin, un peu étrange, qui se dit explorateur vienne se reposer aux côtés de Monsieur Ours. Est-ce le début d'une belle nouvelle vie ou bien des ennuis ?

En avril, les éditions "Rue du Monde" remettait à l'honneur l'auteure In-Kyung Noh, déjà présent dans leur catalogue avec "Monsieur Papa et les 100 gouttes d'eau", avec son nouvel album "Monsieur Ours veut qu'on le laisse tranquille". Un album pour enfant qui aborde le thème de la cohabitation.

En effet, Monsieur Ours et le lapin explorateur n'ont pas la même approche de ce que peut être la cohabitation. Monsieur Ours est ravi d'avoir rencontrer le lapin explorateur, puis la lapine danseuse. Tous les deux, d'ailleurs, se marieront et auront de nombreux petits lapereaux, aussi adorables qu'envahissants. Ainsi, quand Monsieur Ours veut boire son thé, quelques lapereaux lui montent sur les genoux, quand il veut écouter de la musique, ceux-ci lui montent sur les épaules etc... La famille de lapin est remplie de joie de vivre et de bons sentiments, mais que faire quand ces intentions, trop importantes, finissent par être mal reçu par l'intéressé, ici Monsieur Ours ? Aimer quelqu'un équivaut-il à tout partager ?
Monsieur Ours, lui, a fait son choix. Il décide de parler à la famille de lapins, mais il n'y arrivera finalement pas. Alors, il se résout à régler le problème autrement. Il emploiera quelques stratagèmes assez drôle pour assurer sa tranquillité sur son banc, sans grand succès. Les lapins ne les comprendront et passeront outre de manière assez drôle, à chaque fois. Pourtant, c'est bien après l'un de ses malheureuses tentatives d'éloignement que Monsieur Ours aura le plus besoin de cette famille de lapin bienveillante. Et il trouvera enfin la force de leur livrer ce qu'il a sur le cœur...

Le besoin de solitude, de se recentrer sur soi, de tranquillité tout simplement, qui ne l'a jamais ressenti ? C'est un joli message que veut faire passer In-Kyung Noh aux enfants, autant qu'aux parents. C'est tout à fait normal de ne pas toujours vouloir être avec les autres, d'être fatigué, de vouloir se reposer loin du bruit incessant que les autres créent. Comme il est tout à fait normal de vouloir partager, échanger, évoluer avec nos semblables. Chacun de nous est, tour à tour, Monsieur Ours et les lapins. Ce que In-Kyung Noh veut nous dire, c'est qu'il faut savoir respecter la tranquillité des autres mais aussi savoir exiger la sienne, de temps à autre.

Côté dessin, cet album est une petite merveille. Le tracé est très fin et alterne les techniques. Monsieur Ours est simplement détouré d'un coup de craie noire, tandis que les lapins débordent de couleurs, faites au crayon. Le banc, élément central de l'histoire, et quasiment de chaque illustration, n'est dessiné que d'un seul trait, précis et lisse, définissant l'espace dans lequel se déroule l'histoire. Les émotions sont aussi très bien retranscrites : les lapins, toujours colorés, sont joyeux et débordants de vie. Seul leurs oreilles tombantes exprimeront le contraire. Monsieur Ours, quant à lui, à le droit à un panel un peu plus large avec, par exemple, une double page au fond doux mais recouvert de gribouillages de plus en plus intenses, exprimant ainsi la réflexion et la perplexité de Monsieur Ours. Une autre encore, avec un fond sombre et chaotique et des traits désordonnés pour le dessin de Monsieur Ours exprimeront le désespoir de ce dernier. Et l'auteure poussera le détail encore plus loin en utilisant un crayon rouge pour Monsieur Ours au moment où celui-ci sera malade et entouré de toute la famille de lapins, morte d'inquiétude.

L'édition de "Rue du Monde" est de qualité, comme toujours. Le papier, épais, agréable et toujours en accord avec leurs engagements environnementaux, rend très bien les contrastes et les irrégularités de la technique au crayon. Les feuilles de garde sont très bien utilisées, elle nous offre un aperçu plus large de l'univers dans lequel évolue Monsieur Ours et la famille de lapins, mais aussi un joli "épilogue", si l'on peut dire, à l'album. Le format en longueur est cohérent avec la forme du banc, élément central de l'action,et permet aux illustrations de déployer l'action en une seule et même page. Le texte est ainsi souvent mis sur une page à part de l'illustration. La police choisie est simple mais parfaitement lisible.
La traduction est très bonne, nous retrouvons la traductrice Laurana Serres Giardi qui s'est occupé par la suite de "L'éléphant qui habitait dans une fleur". Elle sait retranscrire une certaine poésie et mélodie au texte, ce qui est très plaisant à la lecture.


"Monsieur Ours veut qu'on le laisse tranquille" est un magnifique album à lire et à relire en famille. Il fait passer de beaux messages de tolérance, universel. Un message qui est nécessaire aux enfants et qu'il est parfois bon de rappeler aux adultes. C'est une petite perle qu'il serait dommage de rater.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
kayukichan
18 20
Note de la rédaction