Monde de Ran (le) Vol.1 - Actualité manga

Monde de Ran (le) Vol.1 : Critiques

Ran to Haiiro no Sekai

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Avril 2016

Tout commence par une vision aussi étrange que merveilleuse. Celle d'un réveil qui s'élève du sol comme par magie, très vite suivi par des livres, des chaussettes, des coussins... et une petite fille, volant au-dessus de son lit alors qu'elle est en train de dormir. Au réveil, bam ! Tout retombe. Quel est donc ce subterfuge ? C'est simple : la fillette en question, Ran Uruma, est une toute jeune sorcière, qui ne maîtrise pas encore ses pouvoirs. Elle vit en compagnie de son père, mais aussi de son grand frère Jin qui aime la taquiner un peu, tandis que sa mère, Shizuka, ne passe que rarement voir sa famille, trop occupée qu'elle est par son devoir de sorcière. Entre la maison familiale, les cours en classe et des rencontres faites au gré de ses sorties en douce, le quotidien très emprunt de magie de Ran se livre à nous petit à petit, au fil des chapitres, tandis que son monde s'agrandit... et qu'elle se met régulièrement dans des situations délicate à caisse de ses pouvoirs, notamment sa capacité à se transformer en magnifique jeune femme dès qu'elle chausse ses baskets trop grandes pour elle.

Il y a quelques années, avec l'anthologie d'histoires courtes en 4 tomes Ecole Bleue, nous découvrions aux éditions Kana une artiste prometteuse, Aki Irie, illustratrice de génie qui délivrait alors de courts récits certes inégaux mais constituant un véritable bonheur visuel. Depuis, l'artiste a continué sa route, et a notamment séduit le public japonais avec Ran to Haiiro no Sekai, une oeuvre en 7 tomes conçue entre 2008 et 2015, et qui fut prépubliée dans les magazines Fellows!! et Harta d'Enterbrain aux côtés de titres à forte personnalité visuelle comme Bride Stories ou Rudolf Turkey. C'est cette oeuvre que les éditions Black Box nous proposent de découvrir en langue française en ce mois d'avril 2016, dans une édition qui reste dans les standards de l'éditeur. On note bien quelques légères coquilles dans les textes (oubli d'un "comment" p127, "de détendre" au lieur de "se détendre p159...), mais elles sont minimes et la traduction de Jérôme Penet s'avère globalement limpide et agréable. La bonne qualité d'impression, le papier blanc assez souple et épais et les choix de police assez convaincants confirment que l'éditeur continue de s'améliorer au fil de ses publications. Malgré l'absence typique de jaquette, on a une couverture légèrement brillante qui attire l'oeil et possède un certain cachet. Enfin, le grand format, là aussi habituel chez l'éditeur, est idéal pour profiter au mieux des planches riches de la mangaka.

Tout est réuni donc, pour nous permettre de profiter au mieux d'un récit qui s'avère très prometteur, autant dans son univers que dans ses dessins.

Commençant doucement avec le réveil de la petite Ran dans son lit (enfin, au-dessus de son lit, plutôt), le récit se construit sous la forme de 6 premiers chapitres permettant de poser peu à peu les bases et les personnages. Ainsi, les premiers instants permettent de présenter les personnages gravitant autour de Ran, dans un ordre assez précis, en commençant par ses proches, sa famille, avant de poursuivre sur certaines connaissances de l'école (camarades de classe et enseignants), avant de poursuivre sur les premières nouvelles rencontres de la jeune fille. Cette construction, allant du lieu le plus familier pour Ran jusqu'à ses premières rencontres avec l'inconnu (et par la même occasion l'élargissement de son monde), permet de poser très efficacement l'univers.
Ainsi a-t-on tout le loisir de cerner les pouvoirs non-maitrisés de la fillette, qui se retrouve à voler pendant qu'elle dort, à faire éclore ou grandir poussins et fraises sans faire exprès quand elle laisse s'exprimer sa magie, ou à semer le trouble chez les passants quand elle se transforme soudainement de fillette à belle jeune adulte (et vice-versa). Et à ses côtés, on apprend vite à mieux connaître Jin, grand frère taquin, peu souriant mais aussi protecteur, ayant lui aussi un pouvoir que l'on vous laisse découvrir, ainsi que Shizuka, la mère de ces deux-là, qui apparaît peu auprès de sa fille à cause de ses importantes fonctions, mais qui ne manque pas de charmer d'emblée par son élégance et sa beauté (elle ne fera que le confirmer par la suite). En filigranes, on cerne également les premiers tourments de la fillette, quelque peu attristée par l'absence de cette mère qui ne peut pas être très présente pour elle.
Par la suite, nous découvrons le cadre scolaire dans lequel évolue la fillette, un peu exclue de par son caractère différent des autres, ce qui lui vaut quelques brimades dont elle se soucie peu (mieux : elle est loin de se laisser faire !). Mais cela ne l'empêche pas de montrer une grande curiosité, pour le grand plaisir de l'un de ses enseignants.
Enfin, il y a toutes ces nouvelles rencontres que la demoiselle va être amenée à faire, que celles-ci soient très brèves, ou promises à l'arrivée de problèmes plus importants. Ici, on pense forcément au dénommé Ôtarô, jeune homme visiblement très riche, très séducteur et également un brin impudique, qui tombe rapidement sous le charme d'une Ran adulte titillant beaucoup sa curiosité tant elle a l'air à part !

Tel est le contenu de cette plaisante mise en place, très limpide et permettant de se laisser immerger petit à petit dans cet univers fantastique. Celui-ci est encore rendu plus plaisant par un humour très régulier, qui fonctionne tout naturellement et sans forcer grâce à ses situations qui prêtent à sourire. Dès le début, la façon dont Jin taquine Ran avec ses baskets donne le ton. par la suite, de nombreuses fois où notre héroïne vieillit ou rajeunit nous font esquisser un sourire tant cela décontenance les passants qui pensent avoir la berlue. Sans oublier les situations décalée due au fait que Ran, même dans son corps adulte, conserve la mentalité d'une petite fille. Et, bien sûr, le fait que la demoiselle ne maîtrise pas encore ses pouvoirs, ce qui amène des choses parfois inattendues et farfelues. A ce titre, au vu de la fin du tome, on devine que l'apprentissage de la maîtrise de ses pouvoirs sera l'un des axes de la série.

Enfin, que dire des visuels proposés par Aki Irie ? Hé bien, depuis Ecole bleue, l'artiste a encore fait des progrès. Plus d'une fois, elle nous régale par son travail de composition et ses angles de vue fluides et immersifs. Et de manière générale, la richesse de ses planches fait des merveilles. Les décors sont bien présents (et vu le registre fantastique de son oeuvre, Irie peut se permettre de jolis élans d'inventivité en distillant des choses presque merveilleuses dans son cadre plus réaliste), l'ensemble est foisonnant, la mangaka alterne avec naturel les plans larges et les vues rapprochées, ces dernières permettant notamment d'apprécier toute la richesse et la vie que l'artiste est capable d'insuffler aux visages. Evidemment, mention spéciale au design de Ran, avec ses yeux fourmillant de mille et une choses, sa chevelure scintillante et aérienne quand elle est adulte... Enfin, on appréciera la petite point de sensualité naturelle se dégageant de cette héroïne, ou encore de sa mère, par exemple la mise en avant malicieuse de ses jambes quand elle prend son bain. Un peu à la manière de Kaoru Mori, on sent un bel amour des corps chez cette artiste.

Au final, on attendait avec beaucoup de curiosité cette série, et elle ne déçoit aucunement sitôt que l'on a accepté de plonger dans son univers foisonnant, dépaysant et empli de charme. Le monde de Ran démarre avec de très belles promesses.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs