Mon instant d’éternité - Actualité manga
Mon instant d’éternité - Manga

Mon instant d’éternité : Critiques

Ore no Shunkan

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Septembre 2019

Les Couleurs de Yuki, Bunza l'insouciant, Plus haut que le ciel, Fermé pour la journée, Sacré prof: avec ces quelques titres allant du sympathique à l'excellent, Saburô Ishikawa s'est installé comme un nouvel auteur de choix chez Black Box, via des histoires entre le bucolique et, surtout, l'humain. Si bien qu'on est heureux de retrouver le mangaka en ce mois de septembre avec deux one-shot. Abordons aujourd'hui le cas de Mon instant d'éternité, un one-shot initialement publié aux éditions Shûeisha sous le titre Ore no Shunkan en 1992, ce qui en fait à ce jour l'un des plus anciens mangas d'Ishikawa parus dans notre langue.


Ici, on suit sur environ 150 pages, le temps de 4 chapitres, Tarô, un jeune homme qui, un peu sur un coup de tête, a décidé de devenir photographe animalier, après une première expérience qui l'a fasciné. Le voici donc parti à différents recoins du Japon pour tenter d'immortaliser, avec son appareil-photo certains des animaux les plus captivants du pays. Mais il va devoir prendre en compte son manque d'expérience et le comportement des animaux s'il veut réussir à prendre la photo qui le satisfera pleinement, à appuyer au bon moment sur le bouton pour immortaliser les brefs instants qu'ils veut rendre éternels...


Le schéma est on ne peut plus simple, puisque chacun des 4 chapitres voit le personnage principal s'attaquer à un animal différent, en différents coins du Japon: Hokkaidô, Iriomote... La montagne, la forêt, l'océan... Chacun des 4 chapitres a le mérite de placer Tarô face à une situation différente: l'ours brun de Hokkaidô qui est forcément très dangereux mais avec qui il va pourtant bâtir un lien surprenant (et un peu improbable, il faut l'avouer), le chat sauvage d'Iriomote qui est en voie de disparition et ne se montre quasiment jamais, le faucon pèlerin qui fuit les humains et qui semble insaisissable dans les airs, et la baleine en s'embarquant sur le bateau d'un groupe de harponneurs.


Ce que l'on appréciera le plus dans chaque cas, c'est la vision qu'Ishikawa offre brièvement de la beauté d'une nature sauvage faisant une partie du charme du pays, d'autant que des animaux comme le chat sauvage d'Iriomote sont vraiment endémiques. De même, le côté passionné de Tarô et les aides qu'ils reçoit parfois amènent une petite part humaine comme l'auteur sait bien les faire.


Mais malheureusement, il y a aussi plusieurs choses qui convainquent moins, en tête desquelles des issues souvent faciles et un caractère parfois agaçant chez Tarô, celui-ci n'ayant parfois pas assez conscience de son manque d'expérience (ce qui le rend par moments un peu arrogant ou crétin) et risquant même de troubler la nature. Et puis, disons clairement qu'avec notre regard d'aujourd'hui, le chapitre sur la chasse à la baleine peut décontenancer voire rebuter sur certains points. Mieux vaut bien replacer le récit dans son contexte de l'époque, il y a plus de 25 ans, mais même dans ce cas-là certains détails peuvent passer un peu difficilement. Enfin, de par le format assez indépendant des 4 chapitres, il n'y a pas de réelle fin, et les toutes dernières pages du dernier chapitre sont même un peu abruptes.


Les aventures de l'apprenti photographe animalier ont donc du bon et du moins bon, l'ouvrage se présentant alors comme un récit globalement pas déplaisant, mais assez éloigné des meilleures publications française d'Ishikawa. Notons qu'après 150 pages, le tome est complété par deux histoires courtes lui faisant dépasser les 200 pages. La première offre un bref récit de furyôs et d'amour assez lambda, pas déplaisant mais trop rapide dans ses avancées, tandis que le deuxième met vite et bien en avant une belle relation entre un homme et son chien, l'animal ayant littéralement changé la vie de son maître.


Côté édition, on retrouve l'habituel grand format sans jaquette mais avec rabats de l'éditeur, ainsi qu'une bonne qualité de papier et d'impression. Le lettrage est honnête, tout comme la traduction d'Alexandre Goy et Corentin Le Corre qui sait rester fluide. Le petit plus vient assurément des différentes notes de traduction qui parsèment le livre de temps à autre et qui s'avère utiles à plus d'une reprise. La couverture, elle, reprend l'illustration de la jaquette japonaise, mais en y ajoutant un fond et en inversant le sens de l'ours.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction