Momo's Medical History Vol.1 : Critiques

Momo no Ijutsushi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 16 Août 2024

Le mois de juillet a vu les éditions Panini lancer un nouveau manga shôjo aussi prometteur qu'atypique: Momo's Medical History. De son nom original "Momo no Ijutsushi", cette oeuvre a débuté au Japon tout d'abord sous la forme d'un chapitre one-shot en mars 2022, avant de devenir une série à part entière à partir d'août 2022 dans le magazine Lala des éditions Hakusensha, magazine bien connu pour des séries comme KareKano - Elle et Lui, Library Wars, Maid Sama! ou encore Vampire Knight. Ce manga s'est achevé dans son magazine de prépublication au tout début de cette année, avant de voir son troisième et dernier volume paraître le 5 juillet dernier. Recommandée par Kamome Shirahama (l'autrice de L'Atelier des Sorciers, excusez du peu), la série nous permet de découvrir au scénario Sanba Naomoto (dont c'est la première publication française mais la deuxième série au Japon après "Doku to Hanamichi" ) et au dessin Non Asano dont c'est la première oeuvre.

Dans un monde plutôt ancien et imaginaire même si l'on y devine de nombreuses influences de l'Europe d'il y a quelques siècles, il existerait le Traité d'Apis, un traité de médecine datant de l'Antiquité, qui aurait été écrit par un homme considéré comme le plus grand médecin ayant jamais existé, qui contiendrait les explications pour soigner toutes les maladies, et qui renfermerait même un remède d'immortalité voire une technique de résurrection. Hélas, personne ne sait où se trouve exactement ce traité légendaire, et c'est pour essayer de la trouver que Momo Mikhailov, jeune garçon de 13 ans, et son fidèle volatile Popo parcourent le monde. Véritable prodige de la médecine au point d'avoir reçu le titre de "Noé Impérial", titre donné au médecin personnel de l'empereur de Radiania, Momo est effectivement en mission pour Ende, le prince de Radiania et personne en qui il tient le plus au monde...

C'est sur ces bases que démarre un récit à la formule assez linéaire, dans la mesure où chacun des trois chapitres composant ce premier volume va conter une nouvelle halte de Momo dans un recoin d'un pays différent, l'enfant étant à chacune de ses haltes voué à résoudre une petite affaire, tout en poursuivant sa recherche du traité Apis. Une maladie se répandant dans un royaume où seul le "toucher royal" semble faire office de moyen de guérison", une série de meurtres semblant commise par un vampire, et une romance impossible dans un crique sur fond de tour de résurrection, sont les trois affaires que Momo est voué à démêler dans le présent opus. Et quand bien même les grandes lignes de chacune d'elles peuvent assez facilement se deviner, les mangakas ne sont pas avares en petits rebondissements et, surtout, on à coeur de peaufiner dans chaque récit des personnages suffisamment travaillés et paraissant très humains, quand bien même leur humanité les pousse parfois aussi à des actes terribles, notamment dans la deuxième histoire. C'est aussi en se basant sur le petit background de ces personnages que Naomoto et Asada esquissent volontiers des thématiques assez universelles qui amènent une richesse supplémentaire, ces thématiques allant du désir d'émancipation et de liberté jusqu'à l'amour fou, en passant par la beauté et la laideur, le désir d'être aimé et inévitablement la soif de jeunesse éternelle. Qui plus, de façon assez astucieuse, les problèmes des gens que Momo rencontre font parfois écho à son propre parcours, en nous permettant alors d'entrevoir petit à petit des éléments de son passé et de son lien si précieux avec le prince Ende.

Rien que pour tout ça, Momo's Medical History se présente déjà comme une lecture assez attachante, et pourtant l'oeuvre tire peut-être ses plus grandes qualités spécifiques d'encore deux autres éléments, le premier des deux étant l'aspect médical, qui n'est pas là uniquement pour faire beau en toile de fond. En ayant choisi de placer leur récit quelques siècles en arrière, les mangakas évoquent soigneusement la percée de la médecine moderne voire d'autres nouveautés (l'électricité en tête) face aux croyances d'autrefois, croyances allant du fameux "toucher royal" (qui a réellement existé, notamment en France) au mythe des vampires ou des sorcières en passant encore par d'autres choses. D'ailleurs, si ce sujet de la percée de la médecine moderne face à des pratiques et croyances plus obscures vous intéresse, on ne peut que vous conseiller vivement de vous pencher aussi sur le très bon manga en trois tomes "Le Livre des Sorcières", disponible aux éditions Glénat et prenant pour figure centrale Jean Wier, médecin du 16e siècle qui s'opposa à la célèbre chasse aux sorcières et fit face à l'obscurantisme.
Quant à l'autre qualité essentielle de ce début d'oeuvre, il s'agit tout bonnement de la patte narrative et visuelle: non seulement il se dégage du récit une part de douceur et pas mal de notes d'humour tirant essentiellement parti du fait qu'on prenne souvent Momo pour une fille, mais en plus Non Asano impressionne pour une première série en livrant des designs très précis et travaillés, des tenues soignées, et des décors très présents semblant souvent sortis d'une Europe d'il y a quelques siècles un peu fantasmée, pour un ensemble paraissant très riche et fourmillant de détails, y compris dans les seconds plans.

Le premier tome de cette courte série nous laisse donc sur une très bonne impression, et prouve encore un peu plus, s'il le fallait encore, la grande diversité du shôjo, un genre sur lequel il y a encore trop souvent des clichés. Derrière la formule assez classique des chapitres narrant chacun une nouvelle affaire, les mangakas captent notre intérêt dans la maîtrise de leur sujet, savent distiller ce qu'il faut d'éléments intrigants autour du fil rouge concernant Momo, Ende et le traité Apis, et séduisent très facilement dans leur narration claire et leur rendu graphique travaillé.

Enfin, côté édition, Panini livre une copie tout à fait honnête: la jaquette reste très proche de l'originale japonaise, le papier est souple et suffisamment opaque, l'impression est correcte, le lettrage assuré par Acrobat est assez propre dans l'ensemble, et la traduction d'Akiko Indei et Pierre Fernande ne montre aucun souci.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs