Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 13 Août 2025
Avec l’ECOAS et aux côtés de Daguza, Banagher dirige l’Unicorn dans les débris de la colonie de Laplace afin de permettre au Gundam à progresser sur la route des mystères de la boîte. À ce moment précis, ils sont les cibles de l’escadron de Full Frontal. Une nouvelle bataille débute alors, et son issue sera dramatique, poussant Banagher à totalement revoir sa perception du monde…
Particulièrement prenant depuis ses débuts, le manga Mobile Suit Gundam Unicorn prend une saveur nouvelle avec ce quatrième opus charnière, où les rebondissements sont multiples et qui renouvelle la géographie du récit qui se délocalise doucement, mais sûrement vers notre Planète bleue. Un opus capital, non pas pour les mystères autour de la Boîte de Laplace qui restent aussi opaques qu’au départ, mais par l’évolution du protagoniste. Ce dernier, tiraillé entre les deux camps où il a noué différents affects, est soumis à un développement évident au regard des enjeux et des traumas qu’il subit. Une écriture d’autant plus subtile qu’elle est mise en parallèle avec les développements d’autres personnages attachants qui donnent à Banagher une vraie leçon de vie et de philosophie en s’appuyant sur les grands événements qui ont façonné le Siècle Universel. Si, à ce stade, le manga reste tout à fait compréhensible par un lectorat qui n’a jamais trop touché à Gundam, il faut de nouveau reconnaître qu’une connaissance des œuvres originelles donne encore plus de richesse aux discours et aux réflexions. C’est en ce sens que Gundam Unicorn reste une œuvre brillante tant elle prend de l’épaisseur au fil de notre découverte de l’univers. Les grands fans se retrouvent donc récompensés, y compris via quelques clins d’œil à des œuvres tels que Zeta et ZZ, cette dernière étant loin d’être la plus populaire, bien qu’elle développe un conflit clé du Siècle Universel.
La trame d’Unicorn se développe à bon rythme et entre ainsi dans une nouvelle phase via l’émergence d’un potentiel conflit à base de suprématie fédérée, de spoliation de terres et de vengeance civilisationnelle, des thèmes toujours très actuels et qui résonnent avec la dramatique actualité d’aujourd’hui. C’est aussi en ce sens que ce quatrième volume se montre prenant, cette nouvelle action s’appuyant aussi sur des personnages loin d’être stéréotypés, qui ont leurs propres morales auxquelles le lecteur a le loisir ou non d’adhérer. Et si cet aspect de la lecture est une vraie découverte y compris pour les fins connaisseurs de Gundam, c’est parce que ce segment est relativement simplifié dans l’adaptation animée. Ce volume 4 adapte les événements du roman de Harutoshi Fukui qui correspondent à la fin du 3e OVA et une bonne moitié du 4e pour. Plus libre dans son format manga, Kozo Omori livre donc une récit plus étayé et qui prend le temps de nourrir les évolutions des rapports de forces et les questionnements géopolitiques qui sont sur le point de relancer la machine de la guerre. C’est donc avec ce tome qu’une certitude se présente à nous : le manga Gundam Unicorn n’est pas un simple produit dérivé, mais nous permet de découvrir une vision plus complète du récit d’origine. Alors, il y a clairement de quoi avoir hâte de savourer les quelques nouveautés qui s’offriront à nous dans les volumes suivants !
Finalement, la vraie petite déception vient des rôles limités d’Audrey et de Riddie dans le tome. On sent néanmoins que quelque chose de plus sérieux se prépare en ce qui les concerne, tandis que ces quelques prémices regorgent d’idées thématiques dans leurs évolutions, tout particulièrement en ce qui concerne l’héritier des Marcenas. Là aussi, on est curieux de voir comment le manga étoffera ces éléments de scénario.
Il y a donc de quoi être exhaustif sur toutes les qualités dont regorge cette suite de Gundam Unicorn, y compris sur le plan visuel. Le trait de Kozo Omori fait de nouveau des merveilles sur l'aspect mécanique des engins et la dimensions brutale des batailles, sans oublier une narration régulièrement très dense ponctuée de plans inspirés et lourds de sens. On apprécie que l'auteur puisse exprimer une telle patte sur un manga à licence, ce qui nous donne volontiers envie de découvrir sa version de Mobile Suit Gundam 00, qu'on imagine toutefois moins fournie étant donné sa courte durée (7 tomes pour adapter 50 épisodes).