Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 15 Juillet 2025
Spin-off du manga Miss Kobayashi's Dragon Maid centré sur l'adorable enfant-dragon Kamui Kanna, Kanna's Daily Life avait initialement été annoncé en France par Noeve Grafx en mars 2024, pour un lancement qui était prévu en avant-première numérique dès le 27 Mars 2024, puis une sortie physique qui était initialement prévue pour Juillet 2024... mais tout ça, c'était avant que l'éditeur ne s'efface de toute actualité pendant plus d'un an. Il aura donc fallu attendre la fin du mois de juin dernier, et l'annonce du retour de l'éditeur qui a été racheté par IDP (Meian, Hana, Hot Manga, Anime-Store), pour que l'oeuvre refasse parler d'elle, avec une sortie simultanée de ses deux prmeiers volumes prévue en septembre, et avant-ça une avant-prmeière qui a eu lieu à Japan Expo.
Lancée au Japon en 2016 dans le magazine Gekkan Action et sur le site Web Action des éditions Futabasha avec 14 volumes au compteur à l'heure où ces lignes sont écrites, cette série est basée sur l'oeuvre d'origine de Coolkyousinnjya et est dessinée par Mitsuhiro Kimura, un mangaka dont c'est la toute première publication française et qui est actif professionnellement dans son pays d'origine depuis me début des années 2010, en s'étant surtout spécialisé dans les comédies légères au fil des années.
Dans la mesure où Kanna's Daily Life est un spin-off Miss Kobayashi's Dragon Maid - Kanna's Daily Life mettant en vedette un personnage en particulier, il va sans dire que, pour en profiter au mieux, il est préférable de déjà connaître la série-mère ou d'avoir vu son adaptation animée, ne serait-ce que pour bien capter tout ce qui rend cet univers et ses personnages attachants... Et parmi les visages les plus attachants et aimés de l'oeuvre, on trouve précisément la jeune Kamui Kanna, enfant dragon qui a débarqué dans le monde des humains où elle a trouvé refuge, à l'instar de sa puissante congénère Thor, chez Kobayashi, une employée lambda qui les a accueillies à bras ouverts. S'acclimatant bien à sa nouvelle vie, la fillette-dragon à la frimousse ronde aussi taciturne adorable tâche quotidienne de s'adapter toujours mieux, ne serait-ce qu'en allant à l'école, et en étant bien aidée par son entourage dont fait partie Saikawa, une enfant de son âge, qui est dans sa classe et qui nourrit trèèèèèès vite une passion ardente pour elle.
Comme son nom l'indique bien, Kanna's Daily Life n'a pas d'autres prétentions que d'offrir différents moments de la vie quotidienne de Kanna et de son entourage, et pour cela Mitsuhiro Kimura adopte une forme qui colle toujours bien à ce style de récit: le yonkoma ou 4-koma, succession de strips en quatre cases se lisant verticalement. Ainsi, chaque strip propose un nouveau petit gag, mais dans une continuité tout de même logique selon les thématiques des différents chapitres: les activités de Kanna à l'école, le Nouvel An, dont il faut profiter pour redonner un coup de boost à une Kobayashi épuisée par son travail, une grosse vague de froid d'abattant sur le pays, un drôle d'entraînement pendant les vacances d'hiver, la Saint-Valentin avec tout ce que ça peut impliquer (notamment pour le petit coeur de Saikawa, gaga de sa Kanna), la fête des filles, des moments de frayeur, des courses que la fillette-dragon veut faire toute seule comme une grande...
Ces premières thématiques étant classiques du genre, et la série n'en étant qu'à ses tout débuts, Kimura ne va pas forcément chercher ses idées très loin pour le moment, mais il les exploite suffisamment bien, que ce soit pour attendrir (comme quand on observe Kanna faire les courses seules, en se débrouillant et en essayant de ne pas s'écarter de sa mission malgré les tentations), pour montrer que sa petite héroïne s'est soigneusement acclimatée dans ce monde où Kobayashi, Thor, Saikawa et les autres l'ont bien accueillie, et pour faire sourire grâce à l'avalanche de gags tour à tour légers, absurdes ou proposant des petites situations assez enlevées. Pour cela, en plus de s'appuyer sur un dessin très clair et où il se réapproprie bien les expressifs designs d'origine, Kimura s'applique suffisamment à jouer à la fois sur le statut de dragon de Kanna et de ses congénères, sur certaines différences culturelles qui persistent par rapport aux humains, et surtout sur la galerie de personnages gravitant autour de la petite fille. Sur ce dernier point, Kobayashi et Thor sont bien en vue, forcément, mais il y a déjà aussi un petit paquet d'autres personnages de la série-mère qui apparaissent: Shôta, Coatl, Iruru, Fafnir, Takiya... la plus en vue restant toutefois, très largement, cette chère Saikawa, gamine totalement passionnée (obsédée ? ) par Kanna et qui fait tout naturellement sourire. Espérons toutefois que, sur la longueur, le mangaka saura mieux équilibrer l'exploitation de ces assez nombreux personnages, car il faut bien avouer que pour l'instant, auprès de Kanna, c'est vraiment Saikawa qui vole la vedette à tous les autres.
Nous voici donc avec un premier volume sympathique qui lance correctement ce spin-off léger et agréable, en attendant de voir comment Mitsuhiro Kimura fera (s'il y parvient) pour se renouveler sur la longueur, car il faut avouer que 14 tomes pour un spin-off de ce type ça fait déjà beaucoup.
Et côté édition, enfin, la copie est assez bonne dans l'ensemble. La principale lacune découle d'une constatation: avec une trentaine de sorties prévues chaque mois jusque fin 2026 et la réimpression de très nombreux titres, il y avait de quoi se demander vers quel imprimeur l'éditeur s'est tourné pour pouvoir gérer tout ça sur un marché déjà saturé, et la réponse est simple: la grande majorité des titres, dont Kanna's Daily Life, ont été imprimés à des milliers de kilomètres de chez nous, chez InkWize en Chine, ce qui non seulement n'est vraiment pas fou sur le plan écologique, mais en plus se révèle très inégal en terme de qualité d'impression et de papier. Dans le cas de ce spin-off, la légèreté du dessin de Kimura fait que les moirages sont quasiment absents et que l'impression reste convaincante, bien qu'une certaine transparence du papier soit à déplorer. A part ça, Emma Poirrier livre un lettrage propre ainsi qu'une jaquette soigneusement adaptée de l'originale nippone et rehaussée d'éléments en vernis sélectif, tandis que Christophe Maertens propose une traduction assez claire et efficace.