Midnight Rain - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 10 Août 2020

Tout début 2019, l'artiste d'origine coréenne CTK faisait son entrée dans le catalogue des éditions Taifu Comics avec On Doorstep, un one-shot qui se révélait un peu fade dans le déroulement de son intrigue, mais qui marquait des points pour son style visuel changeant quelque peu de ce qu'on a l'habitude de voir. On restait donc curieux de voir arriver dans notre langue une autre oeuvre de cette autrice, et c'est désormais chose faite depuis le mois dernier avec la publication, toujours chez Taifu, de Midnight Rain, un récit d'environ 180 pages qui fut prépublié de 2017 à tout début 2019 au Japon dans le magazine B X Boy P! des éditions Libre.

Composé de 7 chapitres plus un petit bonus exclusif au volume relié, ce manga nous plonge dans une sombre ville occidentale auprès d'Ethan, un homme menant sa vie sans grande passion, se contentant de vivoter dans un studio insalubre (moisissure au plafond, voisins qui passent leur temps à se disputer...) tout en travaillant depuis dix ans dans le même job miteux pour rembourser les dettes laissées par son père. Mais cela, c'est jusqu'au jour où il surprend, à travers les volets, un homme en train de se faire passer à tabac par des voyous. En le croisant ensuite à la laverie, il finit par sympathiser avec lui et, quand il revient à sa porte mal en point, par l'héberger. Blondinet musclé mais d'un naturel farouche, cet homme nommé Mike est un peu surpris par certains comportements rentre-dedans de son "hébergeur", mais ne peut également que constater en lui une certaine gentillesse. Hélas, son passé et son travail pourraient vite le rattraper...

On reconnaît immédiatement la patte de CTK, qui se démarque assez facilement dans le plus gros de la production BL sortant en France. Des héros assez mûrs, aux corps plutôt costaud et rugueux, avec un peu de poil au menton et au torse, des visages assez marqués par les affres de la vie... L'autrice cherche à proposer un rendu qui a quelque chose d'assez réaliste... mais où, derrière l'allure assez sombre voire un peu sévère des hommes, on trouve également une bonne part plus fraîche, comme le montrent la gentillesse d'Ethan qui se ressent régulièrement sur son visage, ou encore certaines expressions un peu plus comique de Mike. De quoi rendre un brin attachants ces deux héros qui apprennent à s'apprivoiser dans un contexte difficile, entre vie dans un coin désoeuvré et background compliqué.

Mais est-ce que cela suffit à emballer totalement ? Eh bien, cela dépendra des goûts, mais globalement pas vraiment, car Midnight Rain souffre du même problème que son prédécesseur: la narration est un peu fade, comprendre par là que CTK peine à emballer les choses pour que l'on s'intéresse vraiment en profondeur à l'histoire de ces deux-là. La mangaka se veut sobre dans le déroulement et dans le découpage, et ponctue les choses de certains non-dits, allant plutôt à l'essentiel en laissant le soin aux lectrices et lecteurs de compléter par leur imagination. C'est une bonne idée quand c'est maîtrisé et quand il y a suffisamment d'éléments à même de susciter la curiosité, mais ici l'autrice se contente de trop peu, jusqu'à une conclusion qui n'en est pas vraiment une sur plusieurs points. Ajoutons à cela des scènes de sexe qui semblent parfois intégrées de façon trop forcée, et il est alors possible de ne pas être totalement convaincu.

Dommage, car une nouvelle fois CTK séduit pas mal pour sa patte visuelle et le petit univers proposé, mais l'histoire et le background sont abordés trop succinctement pour vraiment interpeler. Reste alors un petit one-shot pas mauvais du tout (loin de là), mais pas inoubliable.

Concernant l'édition, on a droit à une copie soignée avec première page en couleurs, papier souple et sans transparence, très bonne qualité d'impression, et traduction assez claire d'Isabelle Eloy.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction