Méthode pour dessiner les mangas (la) - Actualité manga
Méthode pour dessiner les mangas (la) - Manga

Méthode pour dessiner les mangas (la) : Critiques

Hetappi Manga Kenkyuujo R

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 07 Mai 2021

Révélé aux yeux du monde dans les années 2000 pour ses prouesses graphiques sur l'excellent EyeShield 21 paru en France chez Glénat, Yûsuke Murata n'a pas manqué de confirmer ses talents de dessinateur par la suite avec un autre gros morceau, One-Punch Man bien sûr. Depuis l'arrivée des aventures de Saitama chez Kurokawa il y a 5 ans, l'éditeur semble fort logiquement ne plus vouloir lâcher le renommé mangaka, et a alors entrepris d'exploiter un peu plus sa carrière via des titres plus courts. Ainsi, après Les bons petits plats d'un mangaka en octobre dernier et dans lequel Murata livrait ses petites recettes, c'est un autre one-shot qui sort en ce mois de mai: La méthode pour dessiner les mangas. Tout est dans le titre !

Prépubliée au Japon à rythme tranquille dans le Shônen Jump de Shûeisha à partir de 2008 (donc parallèlement à la dernière partie d'EyeShield 21) avant une sortie en un seul tome broché d'environ 160 pages en 2011, ce manga peut se targuer d'être un bien bel héritier, puisqu'il est considéré comme la suite spirituel d'un autre titre du même genre, et pas des moindres: L'apprenti mangaka d'Akira Toriyama, paru au Japon en 1985 et en France chez Glénat en 1997, et dans lequel le papa de Dragon Ball et de Dr. Slump livrait ses techniques de dessins entre autres choses. Au Japon, les deux oeuvres ont d'ailleurs des noms très proches: Toriyama Akira no Hetappi Manga Kenkyuujo pour le manga de Toriyama, et Hetappi Manga Kenkyuujo R pour celui de Murata.

Le concept de l'ouvrage est assez simple: jeune éditeur de 25 ans au sein de Shûeisha, le dénommé Saitô n'en peut plus de ses conditions de travail, et veut alors se reconvertir en tant que mangaka pour, pense-t-il, pouvoir vite devenir riche et célèbre... le "petit" problème étant qu'il ne sait absolument pas dessiner ! Le jeune homme décide alors d'apprendre le métier en s'incrustant régulièrement chez l'un des auteurs dont il a la charge: Yûsuke Murata. N'ayant pas trop le choix, Murata le guide alors étape par étape, quand bien même il préfèrerait glander.

Bien sûr, ce petit semblant d'histoire (qui n'a même pas de conclusion à proprement parler) n'est qu'un prétexte pour emballer l'aspect "méthodes" dans quelque chose d'un minimum fun à lire, histoire de ne pas avoir qu'un simple catalogue rébarbatif de techniques. Et sur cet aspect, l'ouvrage fait assez bien son office, car il y a de quoi s'amuser facilement d'un paquet de petites situations, comme le fait que Murata ne se sépare jamais de son duvet/sac de couchage (même à l'extérieur...), ou encore la progression toute relative de Saitô, pour une part d'autodérision sympathique.

Mais le coeur de l'oeuvre est bel et bien son côté guide pour apprentis mangakas, avec plusieurs courts chapitres au fil desquels Murata explique sa méthode étape par étape: le matériel de base, le besoin de s'exercer avec, le dessin de visages, des femmes, des hommes, des mouvements, les décors, la gestion du découpage et des perspectives, etc, etc... avec un bon lot de petites anecdotes comme les différences technique entre stylo plume et stylo bille, l'importance que Murata accorde aux yeux, la musculature des visages...

Loin de se contenter de ça, l'auteur propose également entre les chapitres des pages spéciales rentrant plus dans certains détails, ainsi que des pages bonus où, entre autres, il répond à des questions de lecteurs, et il présente sa conception d'une planche de manga depuis le storyboard jusqu'au rendu final, ce qui est forcément intéressant à observer. Mais surtout, on appréciera pas mal que, à certaines reprises, Murata ne se limite pas à ses seuls conseils, et qu'il soit allé voir quelques autres auteurs (de l'écurie Shônen Jump, forcément) pour des éléments techniques sur certains points: Mizuki Kawashita (alors très connue pour Ichigo 100%) concernant le dessin de filles, Mitsutoshi Shimabukuro (qui venait de commencer Toriko) pour la création de personnages, ou même indirectement Yûsei Matsui (qui planchait alors sur la fin de Neuro) pour quelques détails. Le plus gros morceau sur ce point restant toutefois les quelques chapitres dédiés à une rencontre avec le grand Yoshihiro Togashi (YuYu Hakusho, Hunter x Hunter), ce qui nous permet même d'en apprendre un peu plus sur la carrière de ce dernier.

Au final, la principale limite de cet ouvrage, c'est probablement sa date de sortie française par rapport à la publication japonaise: 10 ans se sont écoulés entretemps, ce qui rend certaines références un peu caduques, ainsi que la place accordée au dessin numérique qui s'est considérablement développé pendant cette décennie. Mais à part ça, on tient là un ouvrage appréciable, pouvant certes servir de méthode, mais se révélant également assez distrayant, et proposant pas mal d'autres petites richesses comme cette rencontre avec Togashi.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs