Maria Vol.1 - Actualité manga

Maria Vol.1 : Critiques

Maria

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 21 Novembre 2012

En plein Japon des années 70, Maria débarque dans son nouveau lycée pour filles, et crée rapidement des étincelles : ne se laissant pas marcher dessus par les chefs de l'établissement, elle attire la haine de certaines tandis qu'elle séduit les autres. Dans tous les cas, la jeune fille ne laisse pas indifférent. Elle ne laissera jamais personne indifférent. L'arrivée dans ce nouveau lycée n'est que le début de son histoire. De cette histoire qui se place parmi les premières oeuvres de Kazuo Kamimura. A ce jour, ils s'agit de la plus ancienne série de l'auteur parue en France, datant toutefois d'une époque où il a été très prolifique, à savoir le début des années 70.

De ce fait, on ressent un peu la jeunesse de l'auteur, à travers une narration parfois assez hachée entre les différents rebondissements. Une narration qui s'écoule un peu moins bien que dans la plupart des oeuvres postérieures de l'auteur, mais où l'on trouve déjà son goût si séduisant pour l'alternance de dialogues assez crus ou, au contraire, poétiques, plus posés et portés par des extraits de poèmes classiques japonais du plus bel effet. Les effets de style sont déjà nombreux et séduisent.

Dans les thèmes, on retrouve déjà aussi les éléments essentiels qui feront tout le style de Kamimura. Le portrait de jeune fille perdue rappelle le Fleuve Shinano, mais le caractère plus fort bien que fragile de Maria rappelle plutôt d'autres titres, de même que l'on pense à Lorsque nous vivions ensemble via l'époque, le Japon des années 70, en pleine émancipation des moeurs.

Cette émancipation est ici l'élément central, et passe avant tout par le sexe, ses dérivés et ses déviances, que Kamimura aborde plus que jamais ici sans concession, sans tabou, comme porté par la même fougue de la jeunesse que son héroïne. En s'appuyant notamment sur la symbolique d'un omniprésent soleil rouge, aussi rouge que le sang, aussi rouge que celui du drapeau japonais, l'auteur bouscule le lecteur et son propre pays au fil de la vie mouvementée de Maria, jeune fille qui a grandi dans une famille de nouveaux-riches détraquée où le père met de côté son épouse pour s'adonner aux plaisirs entre hommes, et qui est désormais confrontée à d'autres situations. Elle joue volontiers avec ses camarades de classe lesbiennes, noue une amitié sincère avec l'une d'elles, tombe amoureuse d'un jeune homme différent des autres mais dont les errances d'une mère incestueuse le mèneront en partie à sa perte. Maria se nourrit de tout cela, des ses rencontres, de ses séparations, des drames qui entourent déjà sa jeune vie, et fait de toutes ces possibles fragilités des forces pour aller de l'avant et vivre.

Comme déjà dit, ce Kamimura-là est celui qui aborde le plus les choses sans tabou, parfois de manière assez incisive, bien que l'auteur cherche constamment à trouver l'équilibre avec les tons plus mélancoliques, symboliques et poétiques qui feront toute sa force plus tard. De ce fait, certains pourraient être rebutés. Les autres découvriront une oeuvre parfois un peu maladroite, mais déjà visuellement très belle pour qui aime le style 'estampe" de l'auteur, et riche dans son fond, dans la peinture sulfureuse du Japon du début des années 70, et dans le portrait d'une héroïne aussi fragile que forte, qui séduit dès sa première apparition.

Du côté de l'édition, nous avons droit à un pavé de 255 pages en grand format, doté d'une traduction toujours aussi bonne, comme sur les autres titres de l'auteur. La finesse du papier, pas très dérangeante, pourra toutefois décevoir un peu.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs