Mako, Rumi et Chii - Actualité manga

Mako, Rumi et Chii : Critiques Ma vie de famille

Mako to Rumi to Chii

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 28 Janvier 2020

S'il reste encore beaucoup à explorer de la trèèèèès longue bibliographie d'Osamu Tezuka, quasiment toutes ses plus grandes oeuvres sont déjà arrivées dans nos contrées, si bien qu'il est devenu rare de voir arriver dans notre langue un inédit du "dieu du manga". L'un des derniers en date date d'ailleurs déjà d'il y a plus de 4 ans (il y a juste eu Neo Faust l'année suivante chez Flblb), et il s'agit de Mako, Rumi et Chii, one-shot publié par les éditions Black Box en octobre 2015. De son nom original Mako to Rumi to Chii, ce récit de 176 pages se compose de 17 chapitres courts voire très courts (ça va de 5 pages à une quinzaine), et a été prépublié pour la première fois entre 1979 et 1981 dans le magazine Shufunotomo. L'oeuvre a ensuite connu plusieurs éditions papier, chez Daitosha en 1981, chez Kôdansha en 1983, et chez Akita Shoten en 2001.

Ici, nous sommes invités à suivre le quotidien de la famille Ôsamu. Alors que Tetsurô s'est toujours consacré avec acharnement et passion à son travail de mangaka, voici que son épouse, tout aussi active que lui (voire plus !) vient de donner naissance à leur première enfant, le petit Makoto ! Devenant ainsi père sur le tard et ayant tout à apprendre sur ce rôle parental, le mangaka connaît d'emblée des doutes, de la crainte, tout en devant concilier famille et travail. Et il ne s'agit là que d'un début puisque deux autres enfants, la petite soeur Rumiko et le bébé Chiiko, finiront aussi par arriver ! Autant dire qu'une vraie vie de famille s'installe peu à peu chez lui, avec tout ce que cela peut provoquer...

Le personnage principal a beau s'appeler Ôsamu Tetsuro, on comprend d'emblée qu'il ne s'agit que d'un nom d'emprunt à peine camouflé choisi par Tezuka pour parler essentiellement de sa propre famille et des premières années de sa vie de père. L'oeuvre est en effet en grande partie autobiographique (même si l'on devine que tout ne l'est pas), et ça se confirme sans le moindre doute quand on voit à que Tetsurô est le portrait craché de Tezuka (lunettes, tête ronde, gros nez, et surtout béret fixé sur la tête), et que les enfants du manga ont le même prénom que ses enfants dans la réalité.

L'ouvrage est donc, certainement, le plus personnel et autobiographique de Tezuka, et est donc en cela assez unique, tant il diffère des autres travaux, des autres styles du maître. Ici, pas de grands thèmes, pas de messages fous, pas de mise en scène grandiose comme en est souvent capable Tezuka: dans un style très simple côté découpage mais aussi côté dessins (on reconnaît tout de suite son trait et c'est très expressif, mais le tout reste sobre et avec des décors plus minimes), le mangaka se contente de narrer avec une certaine simplicité cette époque, cette période de sa vie, ces quelques premières années de père allant de la naissance de Mako jusqu'à la naissance de Chii. Le manga s'achevant au moment où cette dernière vient au monde.

S'il y a évidemment un fil continu dans le temps avec la naissance de Mako, puis celle de Rumi et la façon dont ils vont commencer à grandir, chaque chapitre se construit un petit peu comme une anecdote, un petit moment de vie où Tezuka relate diverses choses: ses premières craintes de ne pas être à la hauteur en tant que père, certaines étapes dans le soin accordé aux bébés et enfants, la conciliation avec le travail, des petites bêtises et jeux des enfants, les petits moments de jalousie tel qu'il peut y en avoir entre un frère et une soeur, la présente salvatrice de l'épouse du maître qui a un sacré caractère pendant que lui reste parfois trop passif... Le manga va parfois un peu dans l'autodérision voire dans l'autocritique, n'hésite pas non plus à taquiner gentiment ses propres enfants (par exemple, les "joues de hamster" de Rumi)... mais on y décèle surtout l'amour du maître pour sa famille, son attention certes parfois maladroite pour ses enfants, et une admiration assez profonde pour son épouse, pilier central de la famille.

En somme, il ne fait aucun doute que Mako, Rumi et Chii est une oeuvre mineure dans a carrière d'Osamu Tezuka. Mais il s'agit également d'une oeuvre bien différente de ce à quoi il nous avait habitués, et donc d'un joli moyen d'entrevoir encore une autre facettes de la très variée, riche et prolifique bibliographie du maître.

Côté édition, on voit bien que le titre est sorti en France en 2015, dans la mesure où on a encore là l'ancienne charte graphique de Black Box, avec notamment l'absence de rabats et l'ancien logo. L'ouvrage en lui-me^me reste de qualité honnête, et le travail de traduction/lettrage/maquette de Crea Corp est suffisamment soigné.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs