Maison des maiko (la) Vol.1 - Actualité manga

Maison des maiko (la) Vol.1 : Critiques

Maiko-san Chi no Makanai-san

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Octobre 2022

Depuis leur lancement il y a environ deux ans, les éditions Noeve Grafx n'ont cessé de surprendre, très souvent en bien, en osant publier des oeuvres parfois très reconnues mais qui se faisaient trop attendre dans notre pays depuis des années. Nouveauté de l'éditeur en cette toute fin de mois d'octobre, La Maison des Maiko fait précisément partie de ces séries dotées d'une solide réputation qui étaient boudées chez nous jusqu'à présent.

Lauréate en 2019 du 65e Prix Shôgakukan catégorie shônen, adaptée l'année dernière en un anime qui est disponible en France sur la plateforme Crunchyroll sous le titre international Kiyo in Kyoto: From the Maiko House, prévue en janvier 2023 sur Netlfix dans une adaptation drama réalisée par le grand Hirokazu Kore-eda, l'oeuvre emblématique d'Aiko Koyama (une mangaka active au Japon depuis 2005 et ayant notamment été l'assistante de Makoto Raiku, l'auteur de Zatchbell) a pour nom original Maiko-san Chi no Makanai-san, est en cours au Japon depuis 2016 dans le célèbre magazine Shônen Sunday de Shôgakukan, et compte à ce jour 21 tomes.

Cette tranche de vie nous plonge dans un cadre spécifique au Japon, à savoir celui des kagai, les quartiers des geisha à Kyoto, et plus précisément des yakata (ou okiya), les maisons auxquelles sont affiliées les maiko et geiko. Kiyo, jeune fille de 16 ans, n'est pas une maiko, et ne fait donc pas partie de ces femmes qui, encore aujourd'hui, tâche de perpétuer la tradition. Et pourtant, au sein de la yakata "Ichi", son rôle est récemment devenu essentiel: depuis peu, elle est la cuisinière du lieu et tâche, avec ses sourires et ses bons petits plats, de soutenir au quotidien les artistes en devenir qui l'entourent.

La première chose qui frappe à la lecture de ce premier volume est sûrement la patte visuelle de la mangaka, ravissante et particulièrement adapté à un récit de ce genre, à la fois posé et doux. Aiko Koyama régale par ses superbes décors, réalistes et immersifs, bourrés de détails typiques (par exemple, les oreillers traditionnels), où tout est fait pour nous immiscer en douceur dans le quotidien et le cadre de vie de ces femmes. la dessinatrice affiche également un goût prononcé pour la mise en valeur des gestes, que ce soit ceux élégants des geisha, ou ceux de Kiyo quand on la voit cuisiner étape par étape, soigneusement, en offrant à l'arrivée des mets respirant la chaleur et le réconfort. Quant à Kiyo elle-même, difficile de ne pas craquer devant sa bouille adorable avec ses yeux tout ronds et tout noirs.

C'est donc en nous faisant profiter de chaque case à son rythme, auprès d'une jeune héroïne facilement attachante, que l'on s'immisce dans ce cadre typique et souvent mal connu des yakata, où les élégantes et raffinées maiko redeviennent de "simples" femmes. Bien sûr, l'autrice aura l'occasion d'évoquer différents aspects des coulisses de ces lieux culturels traditionnels: le hiérarchie, l'apprentissage, les termes spécifiques, ou encore des règles comme l'interdiction de faire du curry maison ou d'amener des choses rappelant le foyer... mais pour l'heure, Koyama reste sur quelque chose de très calme et quelque part rassérénant, en portant son regard avant toute sur cette jeune fille devenue cuisinière et s'appliquant toujours avec le sourire à sa tâche.

Mais justement, comment donc une adolescente si jeune, normalement en âge d'aller au lycée, est-elle parvenue à ce poste ? Pourquoi n'est-elle pas maiko comme les autres ? Qu'est-ce qui l'a poussée, avec son amie Sû, à quitter leur région natale d'Aomori pour venir à Kyoto ? La mangaka, dans les grandes lignes, réponds déjà à tout ça, et le fait toujours avec douceur, car même en découvrant certaines désillusions de notre héroïne il n'y a rien de pesant et on reste sur une certaine bienveillance. Qui plus est, en plus de déjà nous faire découvrir les grandes lignes du parcours de Kiyo, l'autrice distille aussi ce qu'il faut d'enrichissements autour de son amie Sû, jeune fille qui devrait visiblement gagner en importance dès le deuxième tome.

"Souhaiter une bonne soirée à toutes, les encourager à être les meilleures maiko, c'est mon travail."

Ce premier volume est, à l'arrivée, assez délectable dans son genre. Tout en entamant avec douceur et efficacité son immersion dans cet univers plus ou moins cloisonné si spécifique, Aiko Koyama offre une jeune héroïne très plaisante à suivre au quotidien, et régale dans son travail visuel et narratif qui nous laisse le temps de profiter de chaque élément, de chaque moment de cette vie atypique.

Et pour bien accompagner le tout, on peut compter sur un travail éditorial qui, une nouvelle fois de la part de Noeve Grafx, est excellent. Bien sûr, on retrouve l'habituel qualité de papier et d'impression de l'éditeur, ainsi que la carte Noeve, le bandeau et la jaquette travaillée (avec ici du vernis sélectif et un peu d'embossage, pour un rendu très agréable. mais on appréciera surtout le désir de l'éditeur de renforcer l'immersion en proposant deux beaux suppléments: un glossaire de trois pages détaillant avec clarté les termes spécifiques du kagai, et un "carnet de recettes" de Kiyo de deux pages. Enfin, soulignons aussi le soin accordé au lettrage par Clair Obscur, ainsi que l'excellente traduction d'Anaïs Fourny, toujours claire et dans le ton du récit.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs