Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 29 Juillet 2025
Toute première publication française d'Aruchu Kizuki en France, Maid Bride est sorti dans notre langue aux éditions Hot Manga il y a quelques semaines, et il s'agit également au Japon du tout premier recueil de la carrière de ce mangaka qui a d'abord fait parler de lui en tant qu'amateur, à partir du milieu des années 2000, via différents doujinshi (notamment autour de la saga Fate) conçus au sein du cercle amateur Udon-ya.
Sorti au Japon en 2009 chez l'éditeur Core Magazine sous le titre "Maid Yome", ce recueil regroupe des histoires initialement prépubliées entre décembre 2006 et juin 2008 dans les magazines Comics0 Ex ou Comics Megaplus de ce même éditeur. Plus précisément, on a l'occasion de découvrir, sur un total d'environ 220 pages, pas moins de six récits dont le premier, en plus d'offrir son nom à l'ouvrage, s'étale sur quasiment la moitié des pages avec un total de cinq chapitres dont le dernier est une exclusivité jamais parue auparavant dans le magazine de prépublication.
Cette histoire du nom de Maid Bride, elle nous invite à suivre Ayutaro Kubota, un employé de supérette de 23 ans tout à fait banal, si ce n'est qu'il est fan de soubrettes (d'ailleurs, dans le décor de son appartement, les fans pourront apprécier une figurine de Saber en maid, nous rappelant un peu la passion du mangaka pour la saga Fate). Son quotidien bascule d'une manière on ne peut plus étonnante lorsque Akira Midorigawa, sa plutôt solitaire et taciturne mais très jolie voisine avec qui il n'avait jamais eu de contact particulier auparavant, se pointe devant à sa porte en tenue de domestique, en lui demandant s'il a envie d'avoir une servante coquine... La raison de cette demande ubuesque ? Eh bien, la jeune femme, qui ne peut plus payer son loyer, a besoin de se faire loger quelque part, et elle a parfaitement capté les fantasmes de son voisin au sujet des soubrettes... si bien que forcément, Ayutaro ne va pas résister bien longtemps à la possibilité d'entamer avec elle une colocation aussi étonnante que chaude.
Jouant à fond sur les fantasmes liés aux maids, cette longue histoire aura naturellement tout pour combler les fans de soubrettes (dont votre serviteur fait plutôt partie), tant Aruchu Kizuki se montre suffisamment à l'aise pour explorer lesdits fantasmes sou différentes coutures. Ainsi, au-delà des différents éléments vestimentaires propres aux domestiques, l'auteur s'amuse bien à varier les situations où Akira pourra tour à tour être maladroite mais persévérante, délicieusement parasite en ne fichant plus grand chose, très docile ou alors plus entreprenante... le tout avec, très souvent, sa belle bouille taciturne caractéristique qui amène parfois un côté un peu décalé... et d'autant plus décalé que cette histoire déborde aussi d'humour, et cela dès les premières pages où notre héros a de quoi être gêné que ses fantasmes aient été si facilement percés à jour à cause de murs trop fins... Sur ces bases plutôt bon enfant, le manga a alors de quoi diversifier facilement ses situations coquines entre ces deux-là, où les ébats peuvent être tantôt tendres, tantôt un peu plus sauvages voire basés sur des petits jeux de soumissions et d''éducation sexuelle" où chaque partie du corps plantureux mais élégant d'Akira finira par être mis à contribution, le tout de manière suffisamment complice et consentante.
Forcément plus courtes mais toutes accompagnées d'un petit bonus de quelques pages dessinés par l'auteur exclusivement pour le recueil, les cinq autres histoires ont le mérite d'être assez diversifiées, entre une princesse qui subit l'odieux chantage de son conseiller pour sauver sa mère, une enseignante maladroite ayant quelques problèmes de soutien-gorge, une ravissante otaku casanière qui finira par dévoiler tous ses charmes à son petit ami lors d'une virée à la plage avec à la clé une scène de sexe aquatique, un jeune homme voué à percer le secret de son amie d'enfance et petite amie refusant catégoriquement qu'il lui touche les seins, et une domestique (encore une) qui devra mettre de côté son look et son tempérament hyper stricts afin de camer les ardeurs de son jeune maître. Que ce soit au niveau des cadres, des situations, des ambiances ou des look des personnages, l'ensemble se révèle assez varié. Et dans sa postface ainsi que dans ses commentaires assez bavards, le mangaka a beau dire plusieurs fois que ses oeuvres ne valent pas un clou, le fait est qu'il sait pourtant s'y impliquer beaucoup et y insuffler un vrai charme !
Enfin, au niveau de l'édition française, Hot Manga livre une copie convaincante dans l'ensemble, si l'on excepte des moirages trop régulier dans l'impression. Les douze pages en couleurs sur papier glacé (huit au tout début pour aide Bride, et quatre en milieu de livre en guise d'ouverture de l'histoire sur la princesse) sont sympathiques, le papier est assez épais et opaque, la traduction de Jordan Rosace et Martin Morel est plutôt efficace, le lettrage assuré par Alexia Dupont est convaincant dans l'ensemble, et les onomatopées ont bien été sous-titrées.