Magica - Deluxe Vol.1 - Actualité manga
Magica - Deluxe Vol.1 - Manga

Magica - Deluxe Vol.1 : Critiques

MAGICA

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 18 Janvier 2022

Enrichi d'un certain nombre de nouveautés au fil des mois, le catalogue des éditions Meian semble désormais capable de toucher un peu à tout, de la comédie à l'isekai en passant par la fantasy, l'historique, la tranche de vie contemplative ou romantique... et en ce tout début d'année 2022, c'est cette fois-ci le registre du conte qui s'invite à la fête avec MAGICA, un recueil regroupant des histoires courtes initialement prépubliées chez Kôdansha en 2019-2020 et qui furent les premiers récits professionnels d'une mangaka nommée Yuzuko Hoshimi, autrice qui, avec son style assez unique, a notamment tapé dans l'oeil de Bisco Hatori (Host Club) qui n'a pas tari d'éloges à son égard.

L'ouvrage d'environ 190 pages nous plonge dans une époque fort lointaine, quand l'espace regorgeait d'étoiles mais aussi de planètes habitables. Dans un lieu qui semble hors du temps, se trouve un petit garçon qui, depuis son lit où il vient de se réveiller, attend impatiemment les histoires anciennes que va lui raconter Magica, sorte d'être envoûtant dont l'allure rappelle un peu une chèvre. Le signe particulier de ce dernier ? Eh bien, il est un magicien... mais n'est capable d'aucune magie sauf une: transformer l'éclat de la vie en gemme. Pour raconter ses histoires, celui-ci fait alors appel à ses gemmes qui renferment les choses qu'il a lui-même pu vivre autrefois à travers l'univers, sur différentes planètes, dans différentes sociétés, auprès d'êtres bien différents.

Entouré par un prologue et un épilogue centrés sur Magica et l'enfant, l'ouvrage enchaîne alors 4 histoires courtes de longueurs légèrement variables, pour autant de plongées dans des univers et des atmosphères variés. Ici, dans une monde où il est de coutume de manger de la sirène pour rester éternellement jeune d'apparence jusqu'à sa mort, une jeune fille finit par lier une forte amitié fusionnelle avec l'une de ces sirènes, devenue en quelque sorte son "animal de compagnie". Là, sur une autre planète, un guerrier prend l'habitude d'aller manger dans l'auberge du bonheur, tenue par un cuisinier aux petits soins avec ses plats et avec qui il va nouer une belle relation amicale. Ensuite, nous voici dans un monde sombre où c'est la vie elle-même qui sert de monnaie, et où une jeune tueur froid et solitaire va voir la chaleur de son coeur se révéler au contact d'une bien étonnante plante qu'il va chérir. Enfin, encore ailleurs, nous suivrons une jeune fille décidant de consacrer sa vie, jusqu'à sa mort, à un oiseau immortel qui s'était lassé de l'existence.

Si chaque histoire a une atmosphère qui lui est propre selon la nature de l'endroit où elle se passe, Yuzuko Hoshimi joue à chaque fois sur une même idée: la relation forte qui va se créer entre deux être à priori bien différents, que ce soit la jeune fille et la sirène, le cuisinier et le guerrier, le jeune "voyou" et la plante, et la jeune fille et l'oiseau. Au fil de ces histoires relationnelles souvent belles dans le fond, la mangaka est capable de nous faire passer d'une certaine chaleur à une atmosphère plus tragique, mais toujours avec une certaine douceur, et en cherchant à sublimer ces relations au-delà des moments difficiles voire des drames qui viennent les frapper. Couplée à l'aspect lointain de ces planètes imaginaires pour lesquelles Hoshimi dépeint à chaque fois un petit univers suffisamment travaillé, l'ambiance se teinte alors aussi d'une forte part poétique, parfois même assez onirique (d'autant que les histoires sont narrées par Magica à cet enfant dans son lit). Et à tout ceci, il faut ajouter les différentes thématiques que la mangaka peut se permettre d'évoquer, que ce soit brièvement ou avec plus de puissance: on pense à l'amitié bien sûr, mais aussi à la folie humaine concernant le désir de jeunesse, le non-respect de certaines autres espèces à ses propres fins ou le désir des forts de profiter des faibles, ainsi des petites réflexions sur ce qui fait la vie ou la mort, le fait de devoir tuer des êtres pour soi-même survivre, la beauté, le fait d'être prisonnier des valeurs d'autrui... les nuances entre Bien et Mal selon la société dans laquelle on vit...

A l'arrivée, il y a plein de petites choses à retirer de chaque récit, du plus simple en apparence (le deuxième) au plus long, plus dur et plus poignant (le troisième, une véritable merveille à mes yeux, qui vaut le coup de lire l'ouvrage rien que pour lui). Et à chaque fois, Hoshimi emballe ça dans un style adéquat: sont trait et fin, assez aéré et propice à l'évasion grâce à certains designs, souvent doux également dans les visages des principaux personnages, et relevé par un travail tout en couleurs qui joue généralement sur des teintes assez légères et nuancées.

Enfin, l'ouvrage est également l'occasion pour les éditions Meian de s'essayer à un format encore inédit pour elles: l'édition deluxe aux allures de beaux livre ancien (livre de contes), avec grand format, couverture rigide et absence de jaquette, pour un résultat tout à fait convaincant, d'autant que la couverture, magnifique, est ornée de marquages dorés assez fins. A l'intérieur, le papier assez épais mais en même temps assez souple permet une qualité d'impression convaincante y compris pour le rendu des couleurs, le travail de lettrage est très propre, et la traduction de Jean-Baptise Bondis colle vraiment bien à l'atmosphère de chaque histoire.

A l'arrivée, MAGICA s'avère être une très jolie trouvaille, portée par quatre histoires qui sont à chaque fois de belles invitations imaginaires dans des voyages aux ambiances teintées de douceur ou de drame, en plus d'offrir des pistes de réflexion humaines immersives. Notons, enfin, qu'un deuxième recueil est sorti au Japon en juillet 2021, et qu'on espère donc que Meian le proposera aussi !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs