Magi - The Labyrinth of Magic Vol.1 - Actualité manga
Magi - The Labyrinth of Magic Vol.1 - Manga

Magi - The Labyrinth of Magic Vol.1 : Critiques

Magi - The Labyrinth of Magic

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Août 2011

Quasiment un an après la fin de l'inégal mais attachant Sumomomo Momomo, Shinobu Ohtaka revient aux éditions Kurokawa avec sa toute dernière oeuvre en date, Magi - The labyrinth of Magic, shônen toujours en cours de parution au Japon à un rythme soutenu.

Après l'univers martial frappadingue et tout en exagération de Sumomomo, la mangaka a choisi pour sa nouvelle oeuvre un cadre peu aperçu jusque là dans l'univers des mangas (on se souvient quand même de quelques échecs comme Rampou) : celui des 1001 nuits. Mais un cadre atypique suffit-il à faire une oeuvre originale ? C'est ce que nous allons voir en faisant ici la connaissance d'Aladin, un jeune garçon qui a pour particularité d'avoir en sa possession une flûte magique abritant Hugo, un génie dépourvu de tête. Sa route le fait croiser un dénommé Ali Baba, jeune homme qui nourrit le rêve de devenir extrêmement riche. Pour cela, il compte bien explorer les labyrinthes, d'étranges ruines antiques regorgeant de trésors, apparaissant subitement à divers endroits du monde, et disparaissant dès qu'elles ont été explorées. Seul hic: les labyrinthes sont réputés extrêmement dangereux, et il est rare, voire impossible, d'en ressortir vivant ! Ali Baba voit alors un signe du destin dans sa rencontre avec cet Aladin possédant avec lui la force de Hugo, et décide de l'entraîner avec lui dans sa quête...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses se mettent très vite en place. A peine nos héros ont-ils été présentés que leur folle aventure commence déjà, ce qui permet d'entrer rapidement dans le vif du sujet. Et ce ton rapide, ce premier volume ne le perd jamais en enchaînant volontiers les événements. Il paraît donc difficile de s'ennuyer, pour peu que l'on accepte d'entrer dans le nouveau trip que nous propose Shinobu Ohtaka. Car Après l'atypique Sumomomo Momomo qui avait tout pour diviser les foules, la mangaka ne trahit ici aucunement le style qu'elle s'est forgé et se lance une nouvelle fois dans une oeuvre qui pousse volontairement les personnages à fond dans la caricature. Ainsi, on découvre en Aladin un jeune héros exagérément naïf, qui place l'amitié avant tout et déclare d'emblée être l'ami de Ali Baba. Ce dernier, quant à lui, est animé par des ambitions exagérément classiques, à savoir la richesse et la gloire, mais conserve malgré tout une certaine droiture qui lui vaut de se confronter rapidement à l'infâme Boudel, gros bonhomme richissime qui fait avant tout passer ses biens au détriment de la vie des autres, ce qui fait qu'il n'hésite pas à vouloir sauver son tonneau de vin plutôt qu'un enfant lorsque les deux sont en danger... Un personnage qui pousse à outrance l'image du premier ennemi détestable, en somme. Et par la suite, quelques autres personnages viennent compléter cette petite palette, de l'intrigante Morgiane à un ennemi bien plus puissant que Bourdel. Des personnages dont on attend encore de voir le rôle exact.

Les personnages se veulent donc caricaturaux jusqu'à l'excès, et pour apprécier ce premier volume, il faudra accepter cet état de fait, accepter la démarche de l'auteure. Et inutile de dire que là où certains s'amuseront face à cette caricature, d'autres s'ennuieront fermement face à ce qu'ils risquent de ne voir que comme un grand amas de clichés. Pour autant, là où Shinobu Ohtaka parvient à faire pencher la balance du côté positif, c'est dans son goût prononcé pour dépeindre à côté pléthore de petits éléments humoristiques, comme dans Sumomomo. Ainsi, alors qu'Aladin a tout du gamin naïf, on s'étonne et on s'amuse de le voir complètement gaga et plutôt entreprenant face à la moindre jolie fille. Quant à l'infâme Bourdel, si son physique prête déjà à sourire, c'est la façon qu'a l'auteure de le tourner régulièrement en ridicule qui amuse. De même, à de nombreuses reprises, la mangaka n'a pas son pareil pour créer soudainement des situations dangereuses rendues farfelues par les réactions de ses héros, à l'image du passage où Ali Baba pense poser sa main sur l'épaule d'Aladin alors qu'il la met sur la tête d'un monstre peu ragoûtant, ou lors de moments où Aladin utilise de façon assez décalée le pouvoir de Hugo, par exemple en encastrant le corps du génie à la place du sien, ce qui a pour effet de voir courir un gigantesque corps de génie avec une petite tête de gamin ! Pour tous ces moments, le trait si atypique de l'auteure, s'il ne plaira pas à tout le monde, s'avère néanmoins très efficace, notamment quand le parti est pris d'offrir des expressions volontairement très déformées, ou de pousser les SD jusqu'au gribouillis.

Malgré tout, si la lecture en elle-même s'avère agréable si l'on en accepte le parti-pris, un autre aspect de l'oeuvre a tendance à décevoir pour le moment, puisque l'aspect volontairement très caricatural des personnages emmène dans son sillon la mise en place de l'histoire elle-même. Celle-ci, pour le moment, ne possède malheureusement rien de foncièrement original, les choses présentées étant finalement très basiques: nos héros se mettent en tête d'explorer des ruines mystérieuses pour découvrir des trésors, et sont pris en chasse par de puissants ennemis pendant qu'ils doivent affronter des monstres. Le récit s'avère finalement extrêmement linéaire et ne surprend jamais dans ses quelques rebondissements. On attend donc, tout simplement, que la suite de l'oeuvre parvienne à enrichir un background encore assez pauvre et à se démarquer du schéma très basique dans lequel la série a déjà un pas.

En somme, Magi est réellement une série qui divisera les foules de par son parti-pris de pousser à fond la caricature. Certains resteront insensibles ou s'ennuieront face à ce premier volume, d'autres trouveront l'ensemble à leur goût. Dans tous les cas, la série possède d'ores et déjà un capital sympathie qui ne demande qu'à se confirmer et s'accentuer, mais pour cela, la mangaka devra réussir à faire sortir son oeuvre de ce schéma très basique évoqué précédemment.

Du côté de l'édition, Kurokawa offre un travail très satisfaisant. Traduction efficace, impression et papier de qualité.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs