Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 24 Septembre 2019
De son nom original Tatoeba Ame ga Futta Nara, Ma raison de vivre est le premier ouvrage publié en France d'Uka Kasai, une mangaka donnant pour l'instant uniquement dans le boy's love, et ayant débuté sa carrière professionnelle au début des années 2010. Constituée de 8 chapitres, cette oeuvre a été prépubliée en 2018 dans le magazine Enigma d'Oakla Shuppan, un mensuel que l'on découvre pour la première fois dans notre pays. Il s'agit donc de l'un des travaux les plus récents de l'autrice.
L'histoire nous plonge aux côtés de Kuga, un homme qui a vu le bonheur le fuir dans la vie. Sa femme est partie, son associé au travail l'a arnaqué et s'est enfui avec son argent, sa boîte vient de couler... si bien que ses pas l'ont conduit au bord du toit d'un immeuble. Pourtant, impossible pour lui de faire l'ultime pas qui lui ferait quitter ce monde: en repensant à son parcours et à ses regrets, il repense à Mitsuru, le seul homme qu'il a aimé, à l'époque du lycée, 30 ans auparavant, et veut le revoir, ne serait-ce que pour s'excuser d'une chose cruelle qu'il lui a faite à l'époque. Renonçant au suicide, il engage un détective qui retrouve la trace de Mitsuru... au sein d'un club de strip-tease, dans les bas-fonds de la ville ! Devenu en quelque sorte le gérant de ce club où nombre de femmes dansent et se dénudent pour le bon plaisir des payeurs, Mitsuru, autrefois adolescent magnifique et très populaire, semble lui-même avoir connu bien des épreuves...
Uka Kasai nous narre ici les retrouvailles entre deux hommes de 45 ans qui s'aimaient, retrouvailles ayant lieu dans un contexte particulier, entre un homme ayant tout perdu et un autre s'étant retrouvé à bosser dans un club particulier. Sur la longueur, la mangaka ne va pas forcément beaucoup détailler le passé de ces deux-là, puisque l'on n'apprendra quasiment rien de plus sur leur parcours, hormis ce qui est dit au départ puis la relation qu'ils avaient à l'époque du lycée, une brève occasion pour Kasai de tout de même évoquer la triste réalité parfois liée au regard des autres. La mangaka préfère se concentrer sur certains "non-dits" laissant deviner ce qu'a vécu Mitsuru, mais surtout sur les retrouvailles entre les deux héros ainsi que sur le cadre du club de strip-tease. Sur ces deux derniers point, l'autrice offre un travail qui ne rentre pas forcément dans les détails mais qui reste honnête: on découvre dans le club des strip-teaseuses qui campent assez bien leur rôle et qui doivent parfois faire face à de sacrés "goujats" (pour rester poli), tout comme on observe avec un certain intérêt l'unique présence familiale de Mitsuru (sa nièce lycéenne, dont il s'occupe)... mais le principal intérêt provient des retoruvailles en elles-mêmes, entre deux hommes qui se sont perdus de vue pendant 30 ans, on suivi leur route chacun de leur côté, et ont fini par se retrouver en n'ayant tout compte fait jamais oubliés leur amour du passé, peut-être le seul amour authentique de leur vie. Alors, pourront-ils rattraper et réparer ce passé ? Pour ce faire, Kasai emploie dans la dernière partie du tome des recettes un peu classiques à base de yakuzas, mais cela reste assez efficace.
Le charme vient essentiellement du statut de quarantenaires des deux personnages principaux. Le choix d'offrir en héros deux hommes mûrs et ayant déjà vécu pas mal de choses n'est pas forcément monnaie courante et reste donc ici un plaisir, tous deux étant assez bien campés, et la mangaka sachant bien les dessiner avec un trait assez précis et et quelques "rides", poils ou visages un peu marqués montrant bien qu'ils ont un certain vécu. C'est, par ailleurs, l'ensemble de la prestation visuelle qui séduit facilement, avec des looks soignées, des expressions nuancées et parfois assez profondes, un beau soin dans pas mal de gestes assez réalistes (notamment ceux du quotidien, comme s'allumer une clope, boire un verre, porter sa main au visage...), une certaine application dans les trames et l'encrage.
Ca se lit donc avec un certain plaisir... même si, une fois les dernières pages tournées, on reste sur sa faim, l'histoire n'étant pas vraiment achevée. Mais rassurez-vous: même si l'oeuvre "Ma raison de vivre" est bien achevée en un seul tome, Uka Kasia assure dans sa postface qu'une suite ainsi qu'un retour sur la première rencontre entre Kuga et Mitsuru sont en prévision. Il n'y a plus qu'à prendre son mal en patience en attendant l'éventuelle sortie papier de cette suite, celle-ci étant d'abord prévue pour une publication sur internet au Japon.
Côté édition, Boy's Love livre un travail très honnête. Le papier est épais, souple et sans transparence, l'impression est bonne, on a droit à une première page en couleur, et Elodie Koyama livre une traduction assez fluide.
L'histoire nous plonge aux côtés de Kuga, un homme qui a vu le bonheur le fuir dans la vie. Sa femme est partie, son associé au travail l'a arnaqué et s'est enfui avec son argent, sa boîte vient de couler... si bien que ses pas l'ont conduit au bord du toit d'un immeuble. Pourtant, impossible pour lui de faire l'ultime pas qui lui ferait quitter ce monde: en repensant à son parcours et à ses regrets, il repense à Mitsuru, le seul homme qu'il a aimé, à l'époque du lycée, 30 ans auparavant, et veut le revoir, ne serait-ce que pour s'excuser d'une chose cruelle qu'il lui a faite à l'époque. Renonçant au suicide, il engage un détective qui retrouve la trace de Mitsuru... au sein d'un club de strip-tease, dans les bas-fonds de la ville ! Devenu en quelque sorte le gérant de ce club où nombre de femmes dansent et se dénudent pour le bon plaisir des payeurs, Mitsuru, autrefois adolescent magnifique et très populaire, semble lui-même avoir connu bien des épreuves...
Uka Kasai nous narre ici les retrouvailles entre deux hommes de 45 ans qui s'aimaient, retrouvailles ayant lieu dans un contexte particulier, entre un homme ayant tout perdu et un autre s'étant retrouvé à bosser dans un club particulier. Sur la longueur, la mangaka ne va pas forcément beaucoup détailler le passé de ces deux-là, puisque l'on n'apprendra quasiment rien de plus sur leur parcours, hormis ce qui est dit au départ puis la relation qu'ils avaient à l'époque du lycée, une brève occasion pour Kasai de tout de même évoquer la triste réalité parfois liée au regard des autres. La mangaka préfère se concentrer sur certains "non-dits" laissant deviner ce qu'a vécu Mitsuru, mais surtout sur les retrouvailles entre les deux héros ainsi que sur le cadre du club de strip-tease. Sur ces deux derniers point, l'autrice offre un travail qui ne rentre pas forcément dans les détails mais qui reste honnête: on découvre dans le club des strip-teaseuses qui campent assez bien leur rôle et qui doivent parfois faire face à de sacrés "goujats" (pour rester poli), tout comme on observe avec un certain intérêt l'unique présence familiale de Mitsuru (sa nièce lycéenne, dont il s'occupe)... mais le principal intérêt provient des retoruvailles en elles-mêmes, entre deux hommes qui se sont perdus de vue pendant 30 ans, on suivi leur route chacun de leur côté, et ont fini par se retrouver en n'ayant tout compte fait jamais oubliés leur amour du passé, peut-être le seul amour authentique de leur vie. Alors, pourront-ils rattraper et réparer ce passé ? Pour ce faire, Kasai emploie dans la dernière partie du tome des recettes un peu classiques à base de yakuzas, mais cela reste assez efficace.
Le charme vient essentiellement du statut de quarantenaires des deux personnages principaux. Le choix d'offrir en héros deux hommes mûrs et ayant déjà vécu pas mal de choses n'est pas forcément monnaie courante et reste donc ici un plaisir, tous deux étant assez bien campés, et la mangaka sachant bien les dessiner avec un trait assez précis et et quelques "rides", poils ou visages un peu marqués montrant bien qu'ils ont un certain vécu. C'est, par ailleurs, l'ensemble de la prestation visuelle qui séduit facilement, avec des looks soignées, des expressions nuancées et parfois assez profondes, un beau soin dans pas mal de gestes assez réalistes (notamment ceux du quotidien, comme s'allumer une clope, boire un verre, porter sa main au visage...), une certaine application dans les trames et l'encrage.
Ca se lit donc avec un certain plaisir... même si, une fois les dernières pages tournées, on reste sur sa faim, l'histoire n'étant pas vraiment achevée. Mais rassurez-vous: même si l'oeuvre "Ma raison de vivre" est bien achevée en un seul tome, Uka Kasia assure dans sa postface qu'une suite ainsi qu'un retour sur la première rencontre entre Kuga et Mitsuru sont en prévision. Il n'y a plus qu'à prendre son mal en patience en attendant l'éventuelle sortie papier de cette suite, celle-ci étant d'abord prévue pour une publication sur internet au Japon.
Côté édition, Boy's Love livre un travail très honnête. Le papier est épais, souple et sans transparence, l'impression est bonne, on a droit à une première page en couleur, et Elodie Koyama livre une traduction assez fluide.