Lottery : Critiques

Lottery

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 12 Février 2024

Découverte en France aux éditions Akata en 2020 avec la première oeuvre professionnelle de sa carrière, le sympathique J'en croque pour toi !, la mangaka Nanori Iragi a fait son retour dans notre langue au mois d'août dernier, cette fois-ci aux éditions Hana, avec Lottery, un récit dont les cinq chapitres furent initialement prépubliés au Japon pendant l'année 2021 dans le magazine Be x Boy des éditions Libre. Ceux-ci furent ensuite regroupés, le 10 août de cette même année, en un unique volume agrémenté d'un petit épilogue inédit de 9 pages, pour un total d'environ 170 pages.

L'oeuvre nous immisce auprès de Shôgo, un jeune homme qui semble au bord de la déprime. Côté coeur, il a récemment été largué par sa petite amie Rika. Côté travail, il se tue constamment à la tâche dans son travail au sein d'une supérette d'une célèbre chaîne, mais peut-être pour pas grand chose: non seulement ses collègues et son patron commencent à trop compter sur lui alors que le magasin est en sous-effectif, mais en plus ça ne lui laisse plus vraiment le temps pour d'autres occupations. Et côté logement, il vit toujours chez sa mère qui passe son temps à lui reprocher ses horaires de travail indécents ou qui lui met un peu la pression pour qu'il trouve une gentille copine. Bref, Shôgo a tendance à broyer du noir, et ça ne s'arrange pas quand, lors d'une réunion d'anciens élèves du lycée, il a le sentiment d'avoir moins réussi que les autres, lui qui était si remarqué quand il était lycéen. Où est passé le lui-même d'autrefois ?

De manière rapide mais en allant à l'essentiel, la mangaka a le mérite de plutôt bien poser, d'entrée de jeu, la spirale de négativité dans laquelle Shôgo semble s'être en quelque sorte enfermé de lui-même, en se considérant même comme un malchanceux qui n'a pas tiré le bon ticket dans la loterie de la vie. Et pourtant, c'est précisément quelqu'un qui est à la fois une figure de son passé et un grand chanceux apparent qui risque bien de bousculer sa morne existence: quand un étudiant nommé Nagisa se met à régulièrement venir à la supérette car il gagne plusieurs fois des cafés gratuits via des tickets, Shôgo se sent d'abord jaloux, car ce garçon est à la fois chanceux, grand, beau, et il s'avérera même qu'il est riche. Et le jour où Nagisa va lui demander s'il le reconnaît, tout va changer.

Ne le cachons pas, le développement de l'histoire amoureuse de Lottery est très banal: en un nombre limité de pages, Nanori Iragi va vraiment à l'essentiel, quitte à passer beaucoup trop vite sur certains éléments comme le cas Rika ou la place des quelques autres personnages secondaires, ces derniers n'étant vraiment que des fonctions sans personnalité particulière. De plus, alors qu'il est postérieur à J'en croque pour toi !, ce récit apparaît étonnamment un peu plus pauvre que son prédécesseur sur le plan visuel: les décors sont très basiques, les trames et ombrages souvent un peu grossiers, les designs plutôt lisses même s'ils affichent une expressivité suffisante... reste la narration qui est toujours claire, même si la traduction française souffre de quelques coquilles et de quelques tournures de phrase peu naturelles.

Et pourtant, dans l'ensemble le récit accroche suffisamment pour ne jamais nous ennuyer, principalement grâce à l'évolution ayant lieu en Shôgo grâce Nagisa: au contact de ce garçon plutôt lumineux à ses yeux (alors qu'il affiche quasiment toujours une tête de déterré), qui se montre soucieux de lui, le jeune homme pourrait bien comprendre que sa soi-disant malchance n'est qu'un prétexte, et que c'est avant tout par lui-même qu'il s'est enfoncé dans sa spirale de négativité.

A l'arrivée, on a ici un one-shot très anecdotique dans son déroulement sentimental et dans son rendu visuel, mais pas du tout déplaisant à parcourir grâce à sa clarté et à l'évolution simple mais assez efficace de son héros. Quant à l'édition, hormis la traduction dont on a déjà parlé, on peut y souligner une jaquette extrêmement fidèle à l'origine japonaise, un papier souple et assez épais malgré une légère transparence, une impression correcte, et un lettrage assez propre. Enfin, n'oubliez pas de retirer la jaquette, pour découvrir sur la couverture la postface de l'autrice !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs