Logique des âmes (la) Vol.1 : Critiques

La logique des âmes est un seinen publié en deux tomes chez Doki Doki. Le manga scénarisé par Masahiko Koenji et illustré par Yukinatsu Mori oscille entre les genres policier et fantastique.

Matsuri est un agent de police un peu spéciale et irrespectueuse des règles. Après avoir été suspendue pour avoir poussé un suspect à se suicider lors d'un interrogatoire, elle ré-intègre la brigade de recherche et d'investigations spéciales. C'est Akihiko, la nouvelle recrue qui va être son coéquipier. Dans les faits, il devra surtout la suivre comme un toutou et lui servir de larbin.

Une fois la base posée, ce premier tome de La logique des âmes s'impose comme un enchaînement d'histoires courtes basées sur des faits réels. Ainsi les auteurs traitent de sujets comme le snuff movie, une série de crimes liée à une malédiction ou encore d'une famille assassinée par un enfant schizophrène. Mais Masahiko Koenji privilégie la voix du fantastique à celle de l'enquête policière. En effet, Matsuri est une sorte de chamane qui peut lire dans les âmes. Elle peut aussi ramener les morts, les faire reposer en paix et quelques autres tours de passe-passe rudement pratiques pour le bon déroulement des différentes histoires. Le manga se base donc sur cet aspect fantastique et, même si c'est loin d'être maîtrisé, c'est ce qui fait son charme. Car au niveau des enquêtes et du suspens, ce n'est pas terrible. On voit le dénouement de chaque histoire ainsi que son coupable venir à des kilomètres. La logique des âmes est un manga vraiment trop prévisible, et de cette manière le plaisir de lecteur en prend un sacré coup. De plus, l'ambiance policière du titre n'est pas crédible. Entre Matsuri qui n'en fait qu'à sa tête et le héros, boulet de service, qui la suit comme un gentil toutou, le comportement des personnages ne l'est pas non plus. On a ainsi du mal a se plonger dans ce récit. Pour autant, malgré son manque de réalisme, Masahiko Koenji tente de faire passer des thèmes de société dans son manga. Et c'est là le gros point noir de La logique des âmes. L'auteur critique les personnages hauts placés, il fait le procès d'internet, il traite du crime adolescent, de la récidive, des ordres de guerres... Des thèmes qui auraient pu être abordés de manière intéressante en somme. Mais non, il les traite n'importe comment. Il utilise des raccourcis, des clichés, et surtout il n'y a aucun développement. Il nous balance ses idées, comme ça, en plein milieu du récit, et c'est au lecteur de se débrouiller avec. Sans même développer, il consacre deux histoires dont la morale est qu'internet pousse à tuer... C'est le genre de psychologie de bas étage, de raccourci facile, de raisonnement puant que l'on aimerait ne pas trouver dans ce genre de média. Si au moins l'auteur prenait la peine de s'expliquer sur le sujet... Avec une analyse logique munie d'arguments, que l'on soit d'accord avec lui ou pas, la pilule serait plus facile à avaler. Mais non, rien. Il n'y a que du vent brassé autour d'exemples poussés à l'extrême dans un contexte ni réaliste ni crédible. C'est vide.

Le trait de Yukinatsu Mori est banal. Malgré quelques irrégularités, ce n'est pas moche. Mais il ne dégage rien, aucune personnalité, aucune originalité. Rien de particulier à noter donc. On relèvera juste que le dessinateur apprécie de montrer la poitrine de son héroïne, qu'elle soit enfant ou adulte, et, bien évidemment, sans aucune raison.

L'édition de Doki Doki est de bonne facture bien qu'elle soit démunie de page couleurs. L'éditeur a pris le soin d'expliquer les faits réels dont sont tirées les histoires de La logique des âmes. On retrouve aussi quelques strips en quatre cases qui sont censés faire rire entre deux chapitres.

En définitive on sort de la lecture de ce premier volume avec une impression de vide. On a lu quelque chose de banal, sans aucune profondeur ni crédibilité. Le manga n'a aucune prétention et il vaut mieux le limiter à sa fonction de divertissement pour pouvoir l'apprécier un minimum. Bien qu'une intrigue semble se mettre en place pour le second volume, aussitôt refermé La logique des âmes sera oublié.