Last Hero Inuyashiki Vol.1 - Actualité manga
Last Hero Inuyashiki Vol.1 - Manga

Last Hero Inuyashiki Vol.1 : Critiques

Inu Yashiki

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Novembre 2015

Critique 1


La rentrée est synonyme de quelques nouveaux crus du côté du manga, et Ki-oon fait partie des éditeurs à taper fort en ce début de mois de septembre. Last Hero Inuyashiki ne vous est peut-être pas inconnu puisque la série fait parler d’elle depuis le début d’été, notamment parce que ce premier volume fut vendu en avant-première à Japan Expo. Aussi, c’est l’auteur qui s’avère particulièrement intéressant : papa de Gantz, Hiroya Oku revient à travers une œuvre bien différente de la précédente… Ki-oon accueille donc un prestigieux mangaka dans son catalogue, ce qui va de pair avec cette introduction des plus passionnantes.

Ichiro Inuyashiki n’est pas un homme heureux. Méprisé par sa femme et ses enfants  qui ne lui accordent pas un seul regard chaleureux quand bien même le père de famille aurait sué sang et eau pour une nouvelle maison, il ne peut compter que sur l’amour de sa chienne, Hinako. Physiquement plus vieux que son âge et employé de bureau modeste, le pauvre Inuyashiki n’a pas grand-chose pour plaire, ce qui ne s’arrange pas lorsqu’on lui diagnostique un cancer en phase terminale. La malchance a atteint son paroxysme et pourtant, c’est en étant percuté par une comète que l’homme renaît de ses cendres, mais en tant que cyborg. « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » dit un jour l’oncle Ben, et jamais une maxime n’aurait pu tant concernant Ichiro qui va découvrir qu’il est loin d’être le vieux bonhomme inutile qu’il pensait.

Quand on parle de Science-Fiction dans le manga, c’est les robots géants qui nous viennent d’abord en tête. Last Hero Inuyashiki n’a rien d’une série de robots et pourtant, nous avons là le premier opus d’un récit SF résolument moderne et ambitieux qui a déjà tous les ingrédients en poche pour apporter une lecture crédible d’une histoire de cyborgs. Bien qu’il ne s’agisse ici que d’une présentation de l’histoire et des changements du héros, l’opus nous en montre bien assez pour nous faire une idée de la direction de la série. On n’espère donc pas voir des affrontements entre androïdes banales mais plutôt une manière pour eux de jouer aux héros ou aux vilains en affectant notre quotidien par les outils informatiques et digitaux qui forgent notre vie de tous les jours. L’exemple majeur et la première expérience d’Inuyashiki est d’ailleurs étonnante : C’est original, loufoque, et surtout dans l’ère du temps. Avec de telles possibilités, nul doute que l’œuvre peut offrir des développements inventifs, mais aussi s’élargir à de grandes thématiques sur notre quotidien, ce que ne manque pas de faire ce premier volet par le biais des réseaux sociaux notamment.

Cette mise en bouche ne serait pas ce qu’elle est dans son protagoniste. Ichiro Inuyashiki est un homme qui ne peut qu’attirer la compassion voir la pitié du lecteur tant il a été conçu dans cet objectif : petit vieillard qui n’a pourtant même pas 60 ans, méprisé par sa famille, ne trouvant du refuge que dans l’affection que lui apporte son chien, manquant cruellement de confiance en lui… On en viendrait presque à être rassuré de sa mort imminente tant le personnage mérite que ses souffrances soient abrégées. Et c’est de cette manière que son sort fait de lui un héros inédit dont les évolutions nous apporteront un réel plaisir. N’est-il pas heureux de voir un individu si démuni moralement trouver un sens à sa vie et la reconnaissance de son prochain ?

Ichiro n’est pas le seul personnage bien entendu, d’autres apparaissent même en fin de volume en lançant seulement quelques pistes sur le rôle au sein de la série. Notons d’ailleurs qu’au cours de ce passage plutôt cocasse, l’auteur ne manque pas de clamer son amour un poil exacerbé à One Piece ainsi qu’à… Gantz, sa propre série, un placement de produit aussi amusant qu’original.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Hiroya Oku, le mangaka a un style de dessin particulièrement soigné et qui cherche à être réaliste. On est forcément ébahis par le sens du détail et la richesse des planches de chaque page tant chaque élément est peaufiné au possible, mais on retient encore plus le soin apporté sur les faciès des personnages qui sont expressif en doutes circonstances, un point qui permet notamment de souligner les émotions et la détresse d’Inuyashiki et nous permet de nous attacher encore plus au personnage. Pas de réactions tirées par les cheveux ou d’expression caricaturale donc, Hiroya Oku cherche à dépeindre visuellement chaque personnage avec la plus sincère crédibilité. Notons au passage que son travail sur les éléments robotiques est à saluer tant l’auteur va dans le petit détail, ce genre de récit étant évidemment fait pour l’auteur.

Du côté de l’édition, Ki-oon a fait un travail sans fausse note, proposant une traduction convaincante et une édition générale de qualité. On retient surtout la sensation de relief apportée à la couverture, une tentative inédite du côté de l’édition française du manga qui apporte beaucoup de cachet à ce premier opus et attirera sans mal le regard des plus curieux.

Série étonnante, Last Hero Inuyashiki propose une amorce originale, un traitement du cyborg dans l’ère du temps et ceci à travers un type audacieux de héros qui marque par la pitié qu’il soulève chez le lecteur. La nouvelle série de Hiroya Oku attire notre curiosité tout en proposant un début de récit captivant, il n’en fallait pas plus pour nous conquérir dès le premier tome. La suite se fera donc attendre avec impatience, notamment parce que chacun sera sans doute intrigué par la manière dont le récit traitera ses orientations.


Critique 2


Monsieur Inuyashiki a 58 ans. Simple employé de bureau, il fait beaucoup plus vieux que son âge. Il est totalement mésestimé par sa famille et apprend en plus qu’il a un cancer. Un soir, un genre de météorite le pulvérise, lui et un jeune garçon. Les êtres extraterrestres à l’origine de ces dégâts décident de reconstituer les deux hommes sous forme d’androïdes pour ne pas éveiller les soupçons de la population. Guéri de ces maux, Inuyashiki peut reprendre sa vie et pourquoi pas… devenir un genre de superhéros ?

En obtenant la licence du nouveau manga de Hiroya Oku, l’auteur de Gantz, les éditions Ki-oon frappent fort. De Gantz, on se souvient des aliens qui explosent et des formes voluptueuses des personnages féminins. Mais on se souvient aussi de cette capacité que l’auteur avait de systématiquement surprendre : quel personnage va mourir ? À quel de degré de violence ? Dans Last Hero Inuyashiki, nous ne sommes pas dépaysés, car l’auteur semble prendre la même voie pour un scénario différent.

Comme pour Gantz, l’auteur utilise les gimmicks qui lui sont chers : un contexte de science-fiction, des aliens, et une forme de critique de la société. En effet, dans ce manga, les trois premiers chapitres environ introduisent le personnage d’Inuyashiki, et ce qu’on retient principalement de lui, c’est que c’est un pauvre homme. Vieux avant l’heure, mal-aimé des siens, sans courage. L’auteur pointe alors du doigt la condition de travailleur au Japon (les hommes de bureau qui s’acharnent au travail sans estime en retour) et des personnages âgés, délaissés.

Cette façon de critiquer la société, il ne faut pas la prendre dans son sens le plus anthropologique : Last Hero Inuyashiki n’a pas vocation à être un essai politique. En revanche, ces éléments servent le scénario pour une raison simple : on se prend énormément d’empathie pour les personnages sur lesquels la société s’acharne, et notamment Inuyashiki, qui apparaît énormément sympathique au lecteur. Dès la fin de ce premier tome, on n’espère qu’une chose : qu’il montre sa valeur et que les petits vieux ont de la ressource ! Il n’y a qu’à voir d’ailleurs sa trogne souriante sur la couverture pour déjà le trouver haut en couleur.

Toutefois, la seconde moitié du premier volume permet d’espérer quelque chose de plus détaillé d’un point de vue critique de la société, par la suite. Pour faire brefs, dans cette partie, des loubards s’en prennent à un homme démuni et la vidéo de leurs actes est massivement diffusée, notamment sur les réseaux sociaux. Même si ces loubards sont des salauds, on peut espérer que l’auteur fasse également une critique de cette aptitude des populations à filmer tout et diffuser tout, ce qui rajoute de la haine à la haine. C’est un phénomène qui existe réellement et qui pose question. Et à cette occasion, l’auteur utilise habilement le design des logiciels et sites web existants pour illustrer son manga (Twitter, Yahoo, YouTube).

En parlant de graphismes, Oku semble perfectionner encore ses techniques de dessin numérique. Tout n’est pas parfait (notamment le décalage entre certains éléments complètement dessinés et d’autres encore trop photographiques), mais globalement, sa façon de faire impose le respect. Ce qui marque le plus, c’est lorsque Inuyashiki découvre son nouveau corps de robot. Rarement des cases de manga n’ont été aussi détaillées. En tout cas, si le débat sur le dessin numérique est ouvert (il y aura toujours des puristes), force est de constater qu’Oku fait partie des auteurs qui travaillent leur technique pour rendre des images saisissantes. En cela, c’est un véritable artiste.

En bref, Last Hero Inuyashiki est un manga qui commence excellemment, et dont on se réjouit de lire la suite. Le dessin et le scénario valent le coup d’œil, mais on veut surtout suivre la nouvelle vie d’Inuyashiki, un personnage qui a tout pour plaire !

L’édition de Ki-oon est comme à leur habitude excellente, avec un papier de qualité, une traduction exemplaire, des pages couleur et de la brillance du plus bel effet sur la jaquette. À noter qu’il s’agit d’une critique de la version Japan Expo 2015 du manga.


Critique 3


Hiroya Oku est de retour avec un nouveau manga-choc qui a su séduire les Japonais immédiatement ! Après Gantz, titre emblématique, mais controversé, l'auteur revient en ayant conservé ses thèmes de prédilections, avec cette fois l'expérience d'un mangaka aguerrit.
Et pour ce nouveau titre, c'est Ki-oon qui va nous permettre de nous lancer dans cette aventure qui s'annonce d'ores et déjà violente et intrigante…
Qu'on ait aimé ou pas Gantz, force est de constater que le titre ne laisse pas indifférent et qu'il possède une patte bien à lui. Autant de raisons qui font que cette nouvelle série intrigue déjà et mérite qu'on s'attarde dessus !

Ichiro Inuyashiki est un vieux salary man qui après avoir économisé toute sa vie arrive enfin à acheter une maison...qui ne satisfait ni sa femme, ni son fils ni sa fille. Méprisé par toute sa famille, ayant eu une vie sans grand intérêt, à 58 ans, le vieil homme dresse un bilan bien négatif de sa vie. A cela vient s'ajouter un nouveau drame : on lui diagnostique un cancer...il ne lui reste que trois mois à vivre !
Totalement abattu, il va se réfugier dans un parc en pleine nuit avec sa chienne, la seule amie qu'il ait vraiment. Et soudain une météorite s'écrase dans le parc ! Décidément, quelle vie de merde !
Mais Ichiro se relève et ne semble pas blessé. C'est alors qu'il se rend compte qu'il est désormais un cyborg dont le corps renferme de nombreuses armes ! Une nouvelle vie s'offre à lui : il va se découvrir une âme de héros !

Immédiatement on reconnaît la patte de l'auteur, dans le graphisme bien évidemment, mais également dans le ton ainsi que dans l'approche des personnages. D'un côté nous avons les personnages méprisants qu'on se plaît à détester de suite, de l'autre les personnages pathétiques à l'image de Inuyashiki, le héros donnant son nom au titre.
Comme il avait l'habitude de le faire dans Gantz, Oku va nous prendre à contre-pied sans tarder : le héros de ce titre (dans tous les sens du terme, puisqu'il deviendra un véritable héros) n'est pas un adolescent ayant tout à apprendre, c'est un vieil homme usé et désabusé, fatigué et malheureux. Il n'arrive pas à faire le bonheur des siens, et pire que tout il n'arrive pas à se faire aimer par eux !
L'auteur pousse le trait jusqu'à nous le présenter tremblotant, comme un vieillard avant l'heure (il n'a que 58 ans après tout, mais il en paraît 70)… On peut dire que la surprise est grande, on n'est pas habitué à cela, et pour le coup Oku tire à merveille son épingle du jeu. C'est surprenant, mais cela fonctionne ! Pourquoi les héros ne devraient être que des jeunes (c'est très Japonais cette idée, dans les comics on trouve nombre de personnages expérimentés par exemple). Ainsi, si au départ ce vieil homme pathétique ne semble pas avoir grand-chose pour lui, il a au moins la sagesse !

Pourtant l'auteur force peut-être justement un peu trop le trait pour qu'on y croie réellement. Nous présenter un héros usé avant l'heure pourquoi pas, nous le montrer tremblant, ça commence à faire, mais aller jusqu'à en faire un individu méprisé par sa famille, y compris par ses propres enfants, ça commence à faire too much.
Et l'auteur restera dans le too much jusqu'à la fin du tome. A l'instar de Tsutsui, on savait qu'il avait une dent contre la société Japonaise et qu'il n'est pas tendre dans le regard qu'il porte dessus, délivrant souvent un message acerbe et sans concession… Cette fois il nous montre un groupe de lycéens torturant un clochard pour le plaisir comme si c'était une pratique courante, nous montrant une image de la jeunesse Japonaise particulièrement pessimiste, où ces derniers ne sont que des voyous sans la moindre culpabilité.
D'ailleurs le « méchant » du titre semble être également un lycéen, un autre individu ayant été transformé suite à la chute de la météorite (qui n'en était pas une)...
Ainsi rapidement, outre la critique de la société à peine voilée, le titre nous expose un conflit générationnel, la sagesse de l'âge opposée à la connerie de la jeunesse. Cela manque un peu de finesse.
Mais le point le plus intéressant c'est celui de la déshumanisation de la société, et dont le nouveau héros sera justement un robot (ou un cyborg, on ne sait pas encore trop)...et si le salut de l'humanité devait venir d'une machine ? Un paradoxe qui sera sans doute au centre du titre.

Nous verrons par la suite comment ces thèmes seront exploités… Mais si certains nous inquiètent, on est vraiment plus que curieux de découvrir cette nouvelle approche des « super héros ».

On retrouve bien entendu le goût pour l'auteur de la fusion de l'homme avec la machine, qu'il a emprunté à Katsuhiro Otomo, non sans rappeler le dérangeant « Tetsuo » de Shinya Tsukamoto.
Dès ce premier opus, on retrouve également l'importance des réseaux sociaux dans le traitement du récit, et dans le déroulement des événements.

Graphiquement c'est toujours aussi beau et précis, et on retrouve bien entendu le travail réalisé par ordinateur si cher à l'auteur, qu'il utilise comme personne et qui donne à ses titres un rendu si caractéristique. Bien loin de donner un trait froid et inhumain, cela vient renforcer le réalisme, ce qui contribue à rendre la série si dérangeante et déjà malsaine.

Sans surprise, ce premier tome vient nous secouer, nous surprend totalement en nous prenant à contre-pied, il vient déjà déranger par un coté malsain et un regard négatif de la société se déshumanisant peu à peu...bref un premier tome qui intrigue et qui secoue.
A lire impérativement pour se forger sa propre opinion !


Critique 4


Ichiro Inuyashiki a une femme, deux enfants, vient d'emménager avec eux dans une nouvelle maison, et adopte bientôt un chien. Il a tout ce qu'il faut pour vivre une petite vie simple rêvée. En réalité, c'est tout le contraire. Effacé et un peu lâche de nature, il vit un quotidien stressant qui s'est répercuté sur son physique : à seulement 58 ans, il a déjà l'apparence d'un vieillard et les courbatures qui vont avec. Il dégoûte ses enfants qui préfèrent l'ignorer, il est dénigré par son épouse qui ne le respecte aucunement, et il ne trouve guère de réconfort que dans cette chienne qu'il a adoptée et baptisée Hanako. Mais même cela ne suffit plus quand, ultime comble d'une vie malheureuse, on lui diagnostique un cancer qui mettra fin à sa vie dans trois mois.
Non, il n'a rien pour être heureux... jusqu'à ce que l'impensable se produise. Un soir, alors qu'il sombre de désespoir dehors dans un parc, un objet venu du ciel s'écrase sur lui et ravage une partie du lieu... Pourtant, quand il se réveille, il n'est pas mort, et tout est intact autour de lui. Mieux, il se sent plus en forme qu'avant, ses douleurs aux reins ont disparu, il n'a plus besoin de ses lunettes pour voir correctement. Evidemment, il y a de quoi se réjouir... mais aussi de quoi s'inquiéter, car les aliments n'ont plus le même goût pour lui, les aiguilles se cassent toutes quand on essaie de lui faire des prises de sang, les radio de son corps ne laissent plus rien apparaître... Qu'est-il devenu ? Que lui arrive-t-il ? Il finit par le découvrir devant son miroir  :son corps est désormais entièrement truffé de métal et de gadgets. Il est devenu un cyborg, comme par magie...

Remarqué autant en bien qu'en mal selon les avis pour sa série d'action devenue culte Gantz,  Hiroya Oku débarque chez Ki-oon avec sa nouvelle série, Last Hero Inuyashiki, qui nous plonge à nouveau dans un récit on ne peut plus prometteur, où le jeune anti-héros détestable de Gantz laisse cette fois place à un autre type d'anti-héros, un cinquantenaire qui paraît beaucoup plus âgé et qui n'a absolument rien d'héroïque. Et c'est essentiellement ce que toute la première partie de ce tome 1 s'applique à nous faire ressentir, en nous invitant à suivre le quotidien sans bonheur d'Inuyashiki. Un homme au visage extrêmement fatigué et affaibli, marqué par les désillusions d'une vie qui n'a jamais été heureuse, et qui n'a jamais été capable de se relever de lui-même. Que ce soit chez lui où il est ignoré et a renoncé à se révolter, dans le métro bondé où il est complètement effacé, dans la rue, ou dans un bar où il avale tristement un plat pas bon marché, on a tout le loisir de cerner tout l'aspect pathétique de cet homme dont la seule issue optimiste semble être la mort qui l'attend... Hiroya Oku en fait-il trop en accumulant les sources de malheur sur le pauvre homme ? Chacun se fera son avis. Dans tous les cas, Oku a le mérite de ne pas non plus s'éterniser trop longtemps là-dessus, car pour faire passer efficacement le portrait de son personnage il peut compter sur ses dessins : entre le visage marqué et fortement ridé du bonhomme et la froideur du monde urbain qui l'entoure, on a vite fait de s'immerger dans ce qu'il peut ressentir. Un idéal de vie simple (maison, femme et enfants aimants...) qu'il n'a jamais pu atteindre. Un quotidien dans un monde stressant et déshumanisé qui ne fait aucun cadeau, si bien que lui-même, dans ses faiblesses, son incapacité à réagir, sa lâcheté face au danger, finit par sembler déshumanisé.

Et ironiquement, c'est pourtant à partir du moment où il perd son corps humain qu'il semble possible pour lui de regagner une humanité... Après avoir dépeint tout le malheur du pathétique Inuyashiki dans la première partie du tome, Oku délivre une deuxième partie où il découvrira petit à petit son regain de forme et ses nouvelles spécificités, jusqu'à découvrir le corps qui est désormais le sien.
Et là aussi, les dessins de l'auteur font des merveilles, tant les planches où le corps mécanique d'Inuyashiki se dévoile sont d'une richesse impressionnante : ce nouveau corps offre des designs inventifs dans leur dégaine (tête divisée en deux, gadgets sortant du bras ou du dos...) et des mécanismes bourrés de détails : quelques planches sont réellement d'une précision effarante, et si on couple cela à tout ce que l'on a pu dire avant sur les dessins dans cette chronique, il n'est pas exagéré de dire qu'Oku est parvenu à des sommets dans son art de la modélisation 3D réaliste.
Armé de ce nouveau corps qu'il découvre peu à peu et qu'il ne maîtrise pas encore, Inuyashiki s'interroge, est forcément partagé entre de nombreux sentiments : le désespoir de cette situation qu'il ne comprend pas encore, le sentiment de n'être plus qu'une machine (mais n'était-ce pas avant qu'il l'était ?), la possibilité éventuellement salvatrice de tout plaquer (y compris une famille qu'il ne sera peut-être plus obligé d'entretenir)... et, enfin, le sentiment qu'il peut utiliser son nouveau corps pour faire ce qu'il n'avait jamais réussi à faire avant. Être courageux. Sauver des vies. Il commencera cela dès la dernière partie du tome, qui ouvre de nombreuses possibilités autour des facultés très riches de ce corps mécanique et d'une critique de société qui ne demande qu'à décoller (elle s'offre déjà des moments très forts, mettant en avant les tares de notre monde moderne, comme la surmédiatisation, l'omniprésence malsaine des réseaux sociaux...).
A tout cela, on peut ajouter des clins d'oeil amusés de l'auteur au Jump, à One Piece, et à sa propre série Gantz (et brièvement, il en profite pour régler malicieusement ses comptes avec les détracteurs de son oeuvre ! ), ainsi que la présentation dans le deuxième chapitre du deuxième personnage central de l'oeuvre, on ne peut plus intrigant...

Immersif et visuellement impressionnant, ce premier tome met efficacement en place des personnages, un univers et un concept qui ne demandent désormais plus qu'à décoller, le mieux étant qu'il est pour l'instant impossible de réellement prévoir la suite tant les possibilités sont multiples. Difficile de faire mieux pour nous intriguer !

Papier et couverture épais, premières pages en couleur, traduction sans fausse note, bonne qualité d'impression... On n'en attendait pas moins de Ki-oon qui nous offre une édition dans ses standards de qualité.


Critique 4 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Erkael

14 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs