Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 15 Février 2022
Dès 2016, l'éditeur Michel Lafon se lançait dans le manga via des œuvres de créations. Aussi nous retenons Ki & Hi, succès extraordinaire dû à la notoriété de youtuber de son auteur plus qu'autre chose, mais aussi des titres artistiquement plus inspirés comme La Voie de Van Gogh ou Nako.
Depuis peu, la maison s'intéresse aux licences japonaises, ce qui a commencé avec le très sympathique La Peste, adaptation du roman d'Albert Camus par Ryôta Kurumado, déstabilisant par son esthétique mais qui parvient à planter une ambiance. Deux mois après le lancement de ce premier récit nippon, Michel Lafon accueille dans son catalogue un second ouvrage : La Lame de la Rébellion.
Manga signé Taro Tsubaki, qui n'avait produit qu'une seule œuvre nommée Takuraku Shinwa auparavant, l'histoire fut initialement publiée sous le titre Ensa no Kusabi entre 2020 et 2021, dans les pages du Bessatsu Shônen Magazine et pour un total de deux opus seulement. Une création courte donc, mais peut-être idéale pour un éditeur qui se lance dans le manga de licence japonaise et qui ne souhaite pas prendre de gros risques sur ses premières propositions.
En l'an 1570, le Japon est gouverné par Nounaga Oda. Le bakufu exercé creuse les inégalités, les riches profitant de leurs positions, dominant complètement les démunis. Asuka Asagiri est l'un de ces laissés pour compte, et projette de se venger du shogunat en utilisant contre eux de mystérieuses reliques qui seraient dotées de pouvoirs mystiques. C'est en attaquant un noble dans un train qu'Asuka s'empare de l'une de ces reliques, un sabre conférant à son détenteur de surprenantes capacités. C'est au même moment qu'il fait la rencontre de la belle Sôki, détentrice d'un artefact de soumission, et imposant à son nouvel ami une alliance pour détruire le Bakufu.
Plongé en fin de période Sengoku, une époque de guerres de pronvinces, ce début d'intrigue ne prend pas de grand risque en plantant un enjeu assez classique, celui d'une vengeance de la part d'un héros qui a subi les injustices de cette ère. Mais histoire de ne pas simplement conter l'aventure d'un protagoniste revenchard dans un Japon d'autrefois, Taro Tsubaki a la bonne idée d'instaurer une dose de fantaisie avec le concept d'artefacts mystiques, armes permettant aux deux personnages centraux de tirer leur épingle du jeu et de rivaliser avec un pouvoir militaire composé de robustes guerriers, dont un certain Shinsengumi.
Sur une idée initiale basique, le premier tome de La Lame de la Rebellion parvient pourtant à narrer des débuts correctement structurés et efficace par leur rythme, tandis qu'une grosse partie du tome ne fait finalement que relater la phase d'introduction de l'histoire. L'intrigue démarre sur les chapeaux de roux, combinant assaut sur un train à de premières séquences d'action qui profitent du style dynamique d'un mangaka qui a un beau sens de la narration nerveuse, en plus de proposer une patte pourvue d'un cachet évident. C'est donc endiablé, simple mais efficace, tout en parvenant à nous faire adhérer à un héros dont les leitmotiv sont cristallisés, permettant au lecteur de se sentir concerné par son aventure. A ses côtés, Sôki vient davantage capter notre intérêt tant la demoiselle est énigmatique, a priori calculatrice, et ne laisse jamais entrevoir ses vrais objectifs. Un binôme efficace en somme, qui donne envie de les suivre dans leur bataille contre le gouvernement.
Et si on a répété que ces débuts sont ancrés dans un certain classicisme, c'est que ce premier tome ne s'engage pas vraiment dans la prise de risque d'un bout à l'autre, y compris dans l'évolution des péripéties. Les prochaines étapes amènent des adversaires plus robustes pour les héros, tout en restant focalisés sur le concept des reliques, ce qui permet au mangaka de proposer sa propre vision du Shinsengumi, armée d'élite maintes fois revisitée dans la fiction japonaise, par exemple dans Gintama et Chiruran. Pourtant, c'est bien dans son bon cadrage du récit que l'auteur parvient à rendre un récit agréable. Il ne cherche nullement l'avant-gardisme et divertit surtout par son rythme et sa patte graphique... Ce qui explique peut-être la courte durée de l'œuvre.
Car là est le problème : Si une belle aventure nous est présentée, nous savons que le prochain tome sera le dernier. A première vue, il paraît délicat d'apporter une conclusion si rapide à une telle histoire, et on se doute que le manque de succès de l'œuvre lors de sa prépublication a mené à une fin écourtée. C'est dommage car après ces bases simples mais prenantes, on s'attend déjà à un deuxième opus qui nous laissera sur notre faim. Reste à voir ce que Taro Tsubaki nous proposera pour boucler son aventure sans trop de casse.
Côté édition, Michel Lafon nous fait profile d'un bel ouvrage : Pas de grand format contrairement à La Peste, mais une version poche au papier épais, profitant de la traduction sans fausse note de Fabrice Buon, ainsi que d'un travail de lettrage et de maquette bien calibré de la part Florent Faguet, dont le logo proposé s'imprègne de l'âme de ce début de récit nerveux. Une très belle copie, donc.
Depuis peu, la maison s'intéresse aux licences japonaises, ce qui a commencé avec le très sympathique La Peste, adaptation du roman d'Albert Camus par Ryôta Kurumado, déstabilisant par son esthétique mais qui parvient à planter une ambiance. Deux mois après le lancement de ce premier récit nippon, Michel Lafon accueille dans son catalogue un second ouvrage : La Lame de la Rébellion.
Manga signé Taro Tsubaki, qui n'avait produit qu'une seule œuvre nommée Takuraku Shinwa auparavant, l'histoire fut initialement publiée sous le titre Ensa no Kusabi entre 2020 et 2021, dans les pages du Bessatsu Shônen Magazine et pour un total de deux opus seulement. Une création courte donc, mais peut-être idéale pour un éditeur qui se lance dans le manga de licence japonaise et qui ne souhaite pas prendre de gros risques sur ses premières propositions.
En l'an 1570, le Japon est gouverné par Nounaga Oda. Le bakufu exercé creuse les inégalités, les riches profitant de leurs positions, dominant complètement les démunis. Asuka Asagiri est l'un de ces laissés pour compte, et projette de se venger du shogunat en utilisant contre eux de mystérieuses reliques qui seraient dotées de pouvoirs mystiques. C'est en attaquant un noble dans un train qu'Asuka s'empare de l'une de ces reliques, un sabre conférant à son détenteur de surprenantes capacités. C'est au même moment qu'il fait la rencontre de la belle Sôki, détentrice d'un artefact de soumission, et imposant à son nouvel ami une alliance pour détruire le Bakufu.
Plongé en fin de période Sengoku, une époque de guerres de pronvinces, ce début d'intrigue ne prend pas de grand risque en plantant un enjeu assez classique, celui d'une vengeance de la part d'un héros qui a subi les injustices de cette ère. Mais histoire de ne pas simplement conter l'aventure d'un protagoniste revenchard dans un Japon d'autrefois, Taro Tsubaki a la bonne idée d'instaurer une dose de fantaisie avec le concept d'artefacts mystiques, armes permettant aux deux personnages centraux de tirer leur épingle du jeu et de rivaliser avec un pouvoir militaire composé de robustes guerriers, dont un certain Shinsengumi.
Sur une idée initiale basique, le premier tome de La Lame de la Rebellion parvient pourtant à narrer des débuts correctement structurés et efficace par leur rythme, tandis qu'une grosse partie du tome ne fait finalement que relater la phase d'introduction de l'histoire. L'intrigue démarre sur les chapeaux de roux, combinant assaut sur un train à de premières séquences d'action qui profitent du style dynamique d'un mangaka qui a un beau sens de la narration nerveuse, en plus de proposer une patte pourvue d'un cachet évident. C'est donc endiablé, simple mais efficace, tout en parvenant à nous faire adhérer à un héros dont les leitmotiv sont cristallisés, permettant au lecteur de se sentir concerné par son aventure. A ses côtés, Sôki vient davantage capter notre intérêt tant la demoiselle est énigmatique, a priori calculatrice, et ne laisse jamais entrevoir ses vrais objectifs. Un binôme efficace en somme, qui donne envie de les suivre dans leur bataille contre le gouvernement.
Et si on a répété que ces débuts sont ancrés dans un certain classicisme, c'est que ce premier tome ne s'engage pas vraiment dans la prise de risque d'un bout à l'autre, y compris dans l'évolution des péripéties. Les prochaines étapes amènent des adversaires plus robustes pour les héros, tout en restant focalisés sur le concept des reliques, ce qui permet au mangaka de proposer sa propre vision du Shinsengumi, armée d'élite maintes fois revisitée dans la fiction japonaise, par exemple dans Gintama et Chiruran. Pourtant, c'est bien dans son bon cadrage du récit que l'auteur parvient à rendre un récit agréable. Il ne cherche nullement l'avant-gardisme et divertit surtout par son rythme et sa patte graphique... Ce qui explique peut-être la courte durée de l'œuvre.
Car là est le problème : Si une belle aventure nous est présentée, nous savons que le prochain tome sera le dernier. A première vue, il paraît délicat d'apporter une conclusion si rapide à une telle histoire, et on se doute que le manque de succès de l'œuvre lors de sa prépublication a mené à une fin écourtée. C'est dommage car après ces bases simples mais prenantes, on s'attend déjà à un deuxième opus qui nous laissera sur notre faim. Reste à voir ce que Taro Tsubaki nous proposera pour boucler son aventure sans trop de casse.
Côté édition, Michel Lafon nous fait profile d'un bel ouvrage : Pas de grand format contrairement à La Peste, mais une version poche au papier épais, profitant de la traduction sans fausse note de Fabrice Buon, ainsi que d'un travail de lettrage et de maquette bien calibré de la part Florent Faguet, dont le logo proposé s'imprègne de l'âme de ce début de récit nerveux. Une très belle copie, donc.