Lady détective Vol.2 - Actualité manga

Lady détective Vol.2 : Critiques

Lady détective

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Juin 2014

Après avoir brillamment résolu le meurtre de Sir Thomas, Lizzy reprend son quotidien normal... ou presque ! Car avec cette Lady pas comme les autres, la normalité de l'époque est un peu mise à mal. Après tout, n'oublions pas que, sous son pseudonyme Logica Docens, elle mène secrètement une carrière d'écrivain de polar à succès, secret qui étonne tous les hommes qui le découvrent, tant il est anormal d'avoir une femme écrivain de polar à cette époque.

Et c'est justement le travail d'écrivain de Lizzy qui domine ce deuxième tome, où l'on découvre plus en profondeur sa façon de travailler : s'inspirant des enquêtes qu'elle mène, écrivant un peu quand l'inspiration est là... et rendant trop souvent ses manuscrits en retard, au grand dam de son patron, un certain Andrew R. Kenneth !

La confrontation permanente entre notre héroïne et ce directeur éditorial fait tout le sel du tome, anime les planches, les auteures s'appliquant à faire ressortir avec beaucoup d'humour les prises de bec entre notre héroïne, qui a toujours le dernier mot, et A.R.K., héritier de la société de publication plutôt incompétent, bien plus intéressé par la littérature française que par les écrits anglais qu'il considère comme de la sous-littérature, et pourvu d'un esprit de collectionneur de livres qui confine à une énorme rivalité avec Lizzy.

Au programme, de ce tome, donc, beaucoup d'étincelles et de rivalité entre Lizzy et Andrew, qui se renvoient sans cesse la balle dans leurs répliques cinglantes. Les deux personnages se détestent, ça se sent constamment, et ça nous amuse !
Cela devient d'autant plus prenant lorsque cette rivalité devient le point de départ d'une intrigue plaçant Lizzy sur une nouvelle enquête... non plus sur un meurtre, mais cette fois-ci sur le déchiffrage d'un mystérieux papier codé qu'Andrew a trouvé dans un livre... un code vieux de 300 ans ! Si une bonne partie du tome se consacre surtout à dépeindre la carrière d'écrivain de Lizzy et ses à-côtés (le regard que l'on porte sur les femmes écrivains, les frasques avec Andrew...), la dernière ligne droite offre néanmoins un intéressant focus sur l'art de la cryptologie, ce qui devient encore plus intéressant dès lors que le papier nous replonge dans une époque importance de l'Histoire anglaise, au 16ème siècle, époque de Marie Stuart et de Francis Walsingham. Les auteures en profitent pour glisser un petit cours d'Histoire en évoquant les persécutions religieuses et du pouvoir de l'époque, et le résultat est plutôt plaisant.

Mais l'intérêt ne se limite pas à Lizzy et Andrew, car d'autres personnages sont toujours là, et d'autres nouvelles têtes apparaissent. Du côté des nouveaux venus, on retient le graveur Ned Wilson, mais aussi et surtout James, une rencontre d'Andrew, qui cache peut-être plus d'intérêt qu'on ne le pense sous ses airs de garçon souriant et léger. Il y a aussi, toujours, quelques apparitions de personnalités de l'époque, dont un certain Victor Hugo. Quant à notre inspecteur du tome 1, il est toujours là, tel un léger fil rouge, s'interrogeant encore sur la nature exacte de la relation liant Lizzy à Edwin, ce dernier étant tout aussi brillant et hors-normes que sa patronne.

Le cadre est toujours aussi savamment utilisé, les auteures profitant de leur intrigue pour croquer la vie de l'époque de façon immersive et passionnée, avec toujours de nombreuses visions de certaines moeurs et pensées d'alors, et des références à des trouvailles scientifiques importantes de cette époque, à des personnalités qui ont marqué leur temps, à des lieux riches en Histoire comme le Whitehall Palace... Jeon Hey-Jin et Lee Ki-Ha ont toutefois le bon goût de ne jamais se prendre trop au sérieux, comme le prouvent les quelques références totalement anachroniques (après le Lestrade en forme de Lego, place à KFC et au débarquement de Normandie), cet humour omniprésent... et ces clins d'oeil malicieusement glissés à Sherlock Holmes : après le jeune Lestrade, c'est une surprise de taille qui s'offre à nous en fin de volume.

Porté par de très bons personnages, fluide, immersif, amusant mais aussi très riche, ce deuxième tome confirme l'excellente impression laissée par le premier volume, et c'est avec grand plaisir que l'on découvrira la suite des aventures de cette espèce de Sherlock Holmes au féminin et avant l'heure.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction