La femme défigurée Vol.1 - Actualité manga

La femme défigurée Vol.1 : Critiques

Kuchisake Onna densetsu

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Décembre 2012

A l'époque de sa sortie en 2004, la Femme défigurée avait un peu l'aura d'une pionnière : en sortant ce titre, les éditions Akata nous invitaient tout simplement à découvrir un genre encore quasiment inédit, le shôjo horrifique, qui depuis a été représenté, de manière large, par d'autres oeuvres comme l'Etrange petite Tatari (de la même auteure, Kanako Inuki), Scary Lessons, la Fille des Enfers...

La Femme défigurée, c'est un ensemble de courts récits regroupés en deux tomes, et ce premier volet nous propose trois nouvelles nous plongeant dans des histoires aussi étranges que malsaines.

D'une longueur de 100 pages, la nouvelle donnant son nom à la série nous plonge dans le quotidien d'une école où les enfants deviennent la proie d'une étrange femme dont la bouche est enroulée d'un foulard. Elle aborde les enfants de manière très glauque, les apeurant, se fait de plus en plus oppressante, cherche bientôt à kidnapper certaines fillettes... Pour quelle raison ? Tout en essayant d'éviter l'étrange femme, les enfants tout comme leurs professeurs, toujours plus stressés, partent dans les hypothèses de légendes urbaines, avant de voir légendes et réalité se confondre...
Si un lecteur un peu averti va vite deviner où le récit va aller, Kanako Inuki démontre un véritable don pour raconter les choses, accentuant quand il le faut la légende de la femme défigurée dans la bouche d'enfants de plus en plus apeurés, exploitant bien ses personnages pour faire aller crescendo la tension, et ne lésinant jamais sur quelques pointes de cruauté gore. En ressort un conte horrifique urbain fluide, prenant, et où la frayeur des enfants et l'incapacité des adultes à les protéger fait au moins aussi froid dans le dos que la conclusion elle-même.

Plus crade et poisseuse, Les Mollusques mutants est un récit de 70 pages nous plongeant auprès de trois fillettes décidant de s'incruster dans la maison de vacances de la souffre-douleur de la classe. Même depuis qu'elle a décidé d'élever des escargots sans coquille qu'elle a trouvés, celle-ci devient très étrange, tout comme son entourage : tout le monde évite le soleil, des traînées gluantes parsèment les murs, bébé se promène au plafond... Et le pire reste à venir !
Là aussi, on devine très rapidement le fond de l'histoire ce qui n'empêche pas de passer un bon moment de lecture, car la mangaka se fait plaisir en malmenant les unes après les autres ses héroïnes de manière parfois très cruelle, un brin sadique. Le côté crade et gore est là, soulèvera les coeurs des jeunes filles visées à la base, et plaira aux amateurs d'horreur cruelle à la Hideshi Hino, par exemple.

Plus court, le dernier récit présente une fille laide, qui a un jour l'opportunité de devenir plus jolie grâce à un mystérieux maquillage qui va petit à petit l'enfoncer dans la laideur, sans qu'elle s'en rende compte... En une vingtaine de pages, Kanako Inuki parvient à offrir une petite histoire honnête, où les choses ont le mérite de bien s'enchaîner.

Au final, la Femme défigurée a tout pour plaire aux amateurs de récit horrifiques. Les héroïnes fillettes, les crêpages de chignons entre files, les excès de jalousie, le souci d'être belle sont autant d'éléments très féminins justifiant l'appellation shôjo même s'ils sont joliment détournés dans un but horrifique, la manière dont l'étrange s'immisce dans le quotidien rappelle Junji Ito, l'aspect effrayé d'enfants qui ne peuvent compter que sur eux-même évoque un titre comme l'Ecole emportée de Kazuo Umezu, le trait assez difforme à base de cruauté gore et de physique pas très beaux où ressortent des yeux très globuleux n'est pas sans faire penser à ce que peut faire un auteur comme Hideshi Hino. En se plaçant ainsi au carrefour de différents maîtres de l'horreur, et en proposant des récits efficaces comme nous avons pu le voir, cette courte série en deux volumes se présente comme un premier choix pour les amateurs d'horreurs... et pour les jeunes filles qui n'ont pas peur de se faire peur !



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs