Kuro Vol.2 : Critiques

Après un premier volume plutôt séduisant grâce à son schéma atypique, à son style visuel et à son ambiance mystérieuse, nous voici avec un deuxième tome lui aussi assez court (moins de 130 pages) et qui, à l'instar de son prédécesseur, se divise en deux grandes parties de longueurs à peu près égales.

La première moitié est une nouvelle fois entièrement en couleurs et nous propose de suivre de nouvelles petites scènes de la vie quotidienne de la petite Coco en compagnie de son chat Kuro, le seul être vivant à vivre en permanence avec elle dans le grand manoir familial à l'orée de l'inquiétante forêt monstrueuse. Parfois, la fillette se contente tout simple de passer du temps avec son chat et de l'observer dans ses diverses réactions, en semblant ignorer totalement qu'il n'est pas un chat comme les autres, chose que le lectorat a l'occasion de voir encore à de nombreuses reprises dans une petite ambiance d'étrangeté assez réussie. Et à d'autres moments, Coco reçoit la visite des quelques personnes du village à encore oser l'approcher: le docteur qui s'occupe d'elle, Brenda qui lui donne des leçons, la petite Sesame qui vient jouer, Milk qui reste fidèle à son amitié pour notre héroïne malgré l'interdiction de sa mère, Maria qui continue de dire à Coco que Kuro n'est pas son chat... D'un côté, on pourra apprécier tous les petits instants où la fillette esseulée affiche son innocente et douce amitié avec Kuro, ce chat qui semble bien la lui rendre. Mais de l'autre côté, les aspects les plus inquiétants voire cruels du récit se font un petit peu plus présents: les brèves informations sur les créatures de la forêt (entre les monstres noirs et les possédés), le possible déni de Coco sur le décès de ses parents, la question de savoir si oui ou non la petite fille sait que Kuro n'est pas un chat comme les autres, et évidemment les inquiétudes de certains autres personnages vis-à-vis de ce chat qui semble avoir une influence de plus en plus forte sur sa jeune maîtresse, jusqu'à nous laisser sur des dernières pages en couleurs assez perturbantes dans cette première moitié de tome.

Si bien que la deuxième moitié en noir et blanc donnerait presque l'impression d'arriver un peu au mauvais moment, en nous contant dans éléments sous une forme plus classique et sans être directement connectés avec la première moitié. Pourtant, le fond de cette deuxième moitié est assez sympathique à suivre, lui aussi, entre une petite fantaisie où Coco est rapetissée avec Kuro qui semble veiller sur elle, un flashback trois ans avant qui nous montre un joli moment passé ensemble par Maria et Coco quand la première a aidé la deuxième à retrouver ses parents au marché, et de brèves visions du travail des collecteurs et de l'histoire du domaine, ces deux derniers chapitres étant toutefois trop brefs pour vraiment aborder leur sujet.

L'atmosphère de l'oeuvre ne change pas fondamentalement ici, et l'ensemble n'évolue qu'au compte-gouttes en nous laissant interrogateur quant à la fin de la série dans seulement un petit volume. Mais en attendant de voir comment ce manga atypique pourra réellement s'achever en si peu de temps, le plaisir de lecture est toujours là.