Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 02 Février 2024
L'horrible parcours passé de Shizuku arrive à son terme, avec en point d'orgue la fameux meurtre de Shûto, le jeune homme qu'elle voyait comme son petit ami alors qu'il ne faisait qu'exercer une emprise mentale sur elle afin de la manipuler et de s'enrichir. A présent, les cartes sont entre les mains de l'avocat qu'elle s'est choisi, Kujô, pour lui éviter le pire, notre anti-héros comptant mettre en évidence la légère déficience mentale de la jeune fille et les pressions psychologique du défunt Shûto pour lui obtenir la peine la plus courte possible. Ainsi suffit-il d'une petite moitié de volume à Shôhei Manabe pour conclure cette affaire si éprouvante, et le mangaka la mène fort bien à terme en abordant encore différentes choses avec une certaine force: la suite et fin de la plongée au plus profond de la psychologie d'une pauvre Shizuku complètement perdue, le cas de l'affreux beau-père Tono qui est réglé de manière tout sauf douce, les raisons ayant poussé la jeune fille à choisir Kujô plutôt que Kameoka, la mise en avant de l'importance de savoir prêter réellement attention au client quand on est avocat,la volonté de Kujô d'accompagner Shizuku jusqu'à ce qu'elle trouve sa place, le côté empathique qui se dégage alors de lui alors qu'il reste un avocat connu pour avoir mis son éthique de côté, un petit focus sur Kameoka est sur les raisons personnelles pour lesquelles elle est devenue avocate... bref, il y a vraiment beaucoup de choses à retenir dans la dernière ligne droite de cette affaire qui fut très intéressante.
Quant à la suite du volume, elle enchaîne sur de nouveaux événements on ne peut plus intrigants, en partant de la quête personnelle de l'inspecteur Arashiyama, dont on apprend que sa fille fut assassinée dix ans auparavant. Mais les coupables, une bande de mineurs en lien avec Mibu, ont beau avoir été très vite arrêtés, Arashiyama n'a jamais vraiment fait son deuil, est persuadé que quelque chose cloche dans cette affaire le concernant directement, et continue doucement mais sûrement sa propre enquête, seul, depuis une décennie. L'un des intérêt est de développer un peu plus l'inspecteur: on découvre un homme encore marqué par la disparition brutale de sa fille avec qui il ne s'entendait pourtant pas très bien, on cerne les origines de son ressentiment pour des gens comme Mibu et pour des avocats comme Kujô, on le suit alors avec intérêt dans ses avancées pour découvrir la vérité autour du meurtre de sa fille et dans ce qu'il découvre sur elle jusqu'à avoir certains regrets... Shôhei Manabe gère particulièrement bien son personnage, pour qui on ressent naturellement une certaine empathie alors que l'auteur reste toujours sur une tonalité réaliste et neutre. Et c'est alors avec d'autant plus de curiosité que l'on voit ses investigations personnelles le rapprocher petit à petit d'une piste dangereuse qui, à terme, devrait le pousser à se frotter à différentes personnes gravitant autour de Kujô.
Entre la conclusion réussie de l'éprouvante affaire Shizuku et les débuts de l'enquête personnelle d'un Arashiyama que l'on découvre avec intérêt, Shôhei Manabe nous livre encore un tome particulièrement réussi, à la fois prenant, malin dans l'abord de ses sujets de société, et prometteur dans la toile qui continue de se tisser autour de nombre de personnages. On a, jusqu'à présent, quasiment un sans-faute dans les cinq premiers volumes de la nouvelle série de l'auteur d'Ushijima !