Kotaro en solo Vol.1 - Manga

Kotaro en solo Vol.1 : Critiques

Kotaro wa 1-ri Kurashi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 05 Avril 2024

Deux ans après la diffusion de sa très jolie adaptation animée sur Netflix (où elle est toujours disponible en exclusivité), le manga Kotaro en solo débarque enfin en France en ce tout début de mois d'avril grâce aux éditions Panini ! De son nom original "Kotaro wa 1-ri Kurashi" (littéralement "Kotaro vit seul", cette oeuvre achevée en dix tomes fut la première série de la carrière de Mami Tsumura, et a été prépubliée au Japon de 2015 à 2023 dans le magazine Bic Comic Superior des éditions Shôgakukan, aux côtés d'oeuvres telles que Les Liens du sang, Pour le pire ou encore Fool Night.

Tout commence par une vision qui semblerait presque anodine sur le coup: Kotaro Satô, un enfant de quatre ans, passe à la supérette pour faire quelques courses, ressortant avec des boîtes de mouchoirs, mais aussi avec une épée en plastique sur laquelle, comme pas mal de garçons normaux de son âge l'auraient fait à sa place, il a craqué. Et pourtant, Kotaro n'est pas tout à fait un garçon normal, et sa situation n'a absolument rien d'anodine: il vient tout juste d'emménager tout seul, à son âge, dans un studio,et les mouchoir sont juste un cadeau de rencontres pour ses voisins. Shin Karino, mangaka fainéant de 31 ans et ayant Kotaro pour nous voisin, va alors voir son quotidien transformé par ce gamin un peu bizarre dont il ignore tout. Et au sein du bâtiment, il ne sera pas le seul voisin à bientôt être troublé et marqué par ce tout jeune enfant vivant désormais en solo...

Au fil de 16 chapitres assez courts pour un total frôlant les 200 pages, Mami Tsumura installe parfaitement son si étonnant concept au fil de ce premier tome où, déjà, on a l'occasion de profiter d'un petit paquet de situations un brin surprenantes au vu de la situation du petit Kotaro: les courses à faire régulièrement, le besoin d'aller aux bains publics tous les jours car il n'y a pas de douche dans le logement, les tâches ménagères telles que les poubelles, la rentrée des classes en maternelle... tout ceci poussant assez rapidement le négligé Karino à accompagner régulièrement ce gamin car même s'il n'est pas l'adulte le plus rigoureux il ne peut pas se résoudre à laisser un tel enfant tout seul sans surveillance face aux éventuels dangers. Et comme déjà dit précédemment, il ne sera pas le seul à en quelque sorte se prendre d'affection pour Kotaro parmi le voisinage: entre la belle travailleuse de nuit Mizuki Akitomo et le dénommé Isamu Tamari qui cache énormément d'affection "paternelle" derrière son allure de yakuza démodé, chacun va se frotter à la double facette du petit garçon.

Double facette, car Kotaro est capable d'être aussi enfantin qu'étonnamment très mature et franchement très débrouillard pour son âge. D'un côté, on serait presque impressionné de le voir gérer nombre de tâches à seulement quatre ans, vouloir tout bien faire (comme sortir les poubelles), avoir un parler assez soutenu et adulte avec de la répartie, et même être très observateur (par exemple en cernant le chagrin qu'a pu avoir Mizuki à cause du sale type lui servant de petit ami). De l'autre côté, il y a quelque chose d'assez rigolo et attachant à voir régulièrement, derrière cet enfant jouant les adultes, des côtés plus candides, plus dignes de son âge, comme sa passion pour un dessin animé médiocre qu'il adore imiter (et dont il titre même son parler un peu féodal), sa peur des cauchemars et autres lubies enfantines.

En s'appuyant en plus sur un dessin assez simple mais où, entre autres, le design de Kotaro fait très bien son effet avec son côté chibi (petit corps, grosse tête), ses yeux étonnants et ses expressions généralement matures, la mangaka n'a aucune difficulté à jouer sur cette double facette, sur ce contraste, pour nous faire naturellement sourire à de nombreuses reprises. Mais ces sourires ne peuvent évidemment pas occulter les interrogations venant inévitablement à l'esprit: d'où sort Kotaro ? Que sont devenus ses parents ? Qu'a-t-il vécu par le passé? A-t-il des traumatismes pouvant expliquer certains de ses comportements un peu bizarres (comme sa volonté de ne jamais pleurer, son manque d'habitude des contacts physiques et son désir de ne pas être photographié) ? Où trouve-t-il les finances pour subsister ? Si certain éléments de réponses s'esquissent déjà voire se précisent de plus en plus (surtout en toute fin de tome), c'est alors pour rapidement nuancer la situation de départ insolite, en laissant deviner des choses plus compliquées voire malheureuses, si bien que l'on se demande forcément ce que cet enfant peut ressentir au fond de lui-même dans certaines situations, comme celle des bentôs à l'école. Et dans tous les cas, il y a souvent un côté touchant et un peu triste derrière l'humour de l'oeuvre, chose qui se ressent notamment très bien lors du chapitre sur les ballons de baudruche, celui-ci frôlant la perfection dans sa façon d'entremêler amusement et part très touchante en cristallisant alors très bien les différentes facettes de l'oeuvre.

Série assez unique en son genre, Kotaro en solo atteint très bien son objectif au fil de ce premier tome rondement mené. On aura alors grand plaisir à redécouvrir les débuts de l'oeuvre après l'anime de 2022, puis de découvrir plus tard la suite restée inédite en animation à ce jour.

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve numérique fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs