Kore Kaite Shine Vol.3 : Critiques

La petite équipe du club de manga revient de sa première expérience au Comitia avec le sourire aux lèvres, tout en pensant déjà à ce qu'ils pourraient bien faire pour la prochaine itération de l'événement. Il va de soi que, d'ici là, chacune d'entre elles va continue à engranger des expériences et à évoluer. Et c'est un peu le programme de ce troisième opus, au fil duquel Minoru Toyoda s'applique à toutes les mettre en avant, ensemble ou à tour de rôle.

Ici, on observe une Teshima qui, loin de ses griefs des débuts, commence à voir ce qui se passe au club comme une sorte de passage de relais symbolique entre elle et ses élèves. Là, une "panne d'inspiration" d'Ai pour son prochain manga pousse le groupe à chercher l'inspiration en parcourant les plus beaux sites d'Izu Ôshima, ce qui permet à l'auteur à la fois de mettre en valeur son île natale et de montrer que le petit souci d'Ai n'est peut-être pas qu'elle n'a plus d'imagination, mais qu'elle en a beaucoup trop ! Puis en vue de trouver comment faire un peu leur publicité, les filles se lancent dans un projet de manga en quatre cases hebdomadaire sur les réseaux sociaux, en permettant alors d'aborder un peu l'importance et l'impact que ces derniers peuvent avoir sur la création de nos jours, l'auteur allant même jusqu'à souligner une question: est-il bon de sacrifier son identité créative pour accéder aux désirs des lecteurs ? Et à l'heure où le festival culturel de l'école approche et où trop de projets tombent d'un coup sur la talentueuse Kokoro, l'heure est venue de découvrir Makoto, la soeur de celle-ci, membre du club d'arts plastiques cachant bien des choses dans son petit coeur, derrière son premier abord très froid, le rapport entre les deux soeurs étant ici très joliment mis en valeur à travers le lien entre beaux-arts et manga.

Dans chacun de ces cas, il est fou de voir à quel point l'auteur arrive à taper juste et à toucher, qui plus est en un nombre limité de pages et en gardant toujours une ambiance très feel-good, quand il lui faut mettre en valeur ses différents personnages, leurs relations, leur passion, et de manière générale le manga, l'imagination et la création. Et un passage en particulier cristallise peut-être encore mieux toutes ces idées à la fois: celui qui voit l'auteur s'intéresser au rapport à-part entre Hikaru, jeune fille éduquée jusque-là comme étant spéciale, et Sachi, qu'elle tendrait presque à dénigrer (sans forcément penser à mal) tant elle lui paraît normale. L'alchimie qui naît alors entre ces deux filles au fil des pages est alors lumineuse, en particulier grâce à celle qui s'affiche au premier plan de la jaquette: sa manière de voir sa propre normalité est rayonnante. Et elle a beau ne pas être une créatrice comme ses amies dans le club de manga, Sachi confirme encore toute sa place de ciment dans le groupe, avec son tempérament positif, sa faculté d'analyse, et sa véritable passion en tant que lectrice (et puis, une fille aussi fan de Kazuhiro Fujita et de Sou Bou Tei ne peut qu'être géniale).

A tout ceci, on ajoute les habituelles références plus ou moins camouflées, un nouveau chapitre bonus continuant d'approfondir le passé de Teshima, les nombreuses trouvailles entraînantes de l'auteur côté dessins et narration visuelle, et on reste sur une lecture on ne peut plus emballante, qui confirme encore qu'elle a bien mérité son prix aux Manga Taisho Awards en 2023. Après trois tomes, Kore Kaite Shine, c'est du tout bon !