Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 12 Juin 2025

Actif exclusivement dans le hentai et l'ecchi depuis 2017, Suihei-sen a eu l'occasion de publier au Japon en 2019, aux éditions Core Magazine, le tout premier recueil de sa carrière: Kiss Hug, qui garde le même nom pour sa publication française ayant eu lieu tout récemment chez Hot Manga. Dans sa version nippone d'origine, ce recueil regroupe dix histoires courtes qui furent initialement prépubliées dans les pages du magazine Comic Megastore. Mais il convient de signaler que, pour sa parution dans notre langue, l'ouvrage est amputé d'un récit de 20 pages, la faute à un contenu sans doute jugé inapproprié en France (à savoir, un jeune garçon-démon à l'apparence trop juvénile).

Au fil de ce court recueil d'environ 160 pages, ce sont donc neuf histoires qui nous attendent, dont la première est entièrement en couleurs et ne dure que quatre pages, tandis que les huit autres tournent chacune autour des 15-20 pages. On y suivra tour à tour une étudiante abordant un jeune homme dans la rue pour le dépuceler avec envie (et un peu appât du gain aussi), les retrouvailles d'un homme avec son amie d'enfance à la santé fragile et ayant toujours rêve de l'épouser, une prospectrice n'hésitant pas à payer de sa personne pour promouvoir les produits érotiques qu'elle vend, la drôle de tournure que prend la relation entre un étudiant timide et ses deux meilleures amies lubriques qui vont faire de lui un véritable étalons pour tous les miss de l'école, les "déboires" d'un majordome avec les coquines soeurs jumelles lui servant de maîtresses, une jeune fille demandant à son ami d'enfance de lui servir de machine à orgasmes, un exubérante jeune fille demandant à son camarade de classe de juger ses nouveaux sous-vêtements avant que la température monte entre eux, une beauté taciturne donnant beaucoup d'elle-même pour faire retrouver l'inspiration à son ami auteur de romans érotiques, et les retrouvailles de deux anciens amants dans la ville de leur jeunesse.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a rarement de vraies scènes préliminaires dans ce recueil: Suihei-sen met généralement en scène des filles qui prennent très vite les devants, qui sont volontiers lubriques, et qui ne vont pas se priver pour très rapidement chauffer les mecs qu'elles visent pour satisfaire leurs désirs voire pour les faire tomber dans une débauche plus prononcée, à l'image de ce garçon qui, sous l'impulsion de ses deux amies, devient l'étalon d'un peu toutes les filles qui le veulent au lycée. Mine de rien, derrière l'atmosphère légère et plutôt typée vanilla, cela amène une certaine dose de fun, une ambiance assez décomplexée et délurée plutôt plaisante... et cela, même si, pour le reste, Kiss Hug ne se démarque en rien.

En effet, Suihei-sen se contente généralement de jouer rapidement sur des fantasmes toujours efficaces mais assez courants, à l'image des amies d'enfance ou des jumelles, ou de certaines tenues comme l'uniforme scolaire ou les collants noirs, tout en alternant entre amours véritables qui ne demandent qu'à s'affirmer et plans-cul où les personnages se laissent aller par leurs pulsions immédiates. On notera quand même quelques pratiques diverses, comme du plan à trois et du jeu coquin avec les pied ou les seins, mais il n'y a rien que sorte spécialement de l'ordinaire.

Ordinaire, tel est le mot qui pourrait aussi coller au rendu visuel de manière générale: c'est plutôt propre et agréable à l'oeil, surtout grâce à des héroïnes qui ont somme toute de jolies formes, mais le style se révèle un peu impersonnel, notamment dans les expressions faciales qui en reviennent souvent à la même chose et dans les gabarits qui, malgré les coiffures permettant de bien différencier les filles d'une histoire à l'autre, sont tous sensiblement les mêmes avec des formes dans la moyenne haute côté générosité (même quand l'auteur laisse l'espoir d'un peu plus de variété au début de "Seul Yahata a le droit de voir mes sous-vêtements, tout compte fait il offre une "surprise" faisant ressembler son héroïne à toutes les autres). A cela s'ajoutent aussi un petit manque de folie et de variété dans les cadrages et dans les instants de jouissance.

A l'arrivée, Kiss Hug, malgré certaines chouettes idées (le côté un peu déluré de certaines héroïnes en tête) et un rendu assez agréable, manque un peu trop de personnalité pour se démarquer. Il y a de quoi passer un bon petit moment en parcourant ces pages, mais il s'agit plutôt de l'un de ces recueils qui s'oublie vite une fois la dernière page tournée.

Côté édition, on regrettera juste quelques tournures de phrases un peu bizarres et pas naturelles de la part du traducteur Jordan Mangeon (qui montrait déjà trop de lacunes dans sa traduction de la série de football Be Blues! aux éditions Meian, donc souhaitons-lui de s'améliorer au fil du gain d'expérience), mais à part ça la copie est très correcte avec une bonne qualité de papier et d'impression, la conservation des quatre premières pages en couleurs sur papier glacé correspondant à l'intégralité de la première histoire, un lettrage suffisamment convaincant de la part de Florian Morala, et des onomatopées qui ont bien été sous-titrées.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction