Kings of Shogi Vol.1 - Actualité manga

Kings of Shogi Vol.1 : Critiques

Shion no Ou

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 09 Mai 2011

Jouissant déjà d'une petite réputation grâce, notamment, à son adaptation animée, Shion no Ou débarque enfin en France sous le nom de Kings of Shôgi, emmenant dans ses bagages, plusieurs années après le go de Hikaru no Go, un autre grand jeu de stratégie japonais: le shôgi.
Pour cela, tandis que les dessins sont confiés à Jirô Andô, jusqu'à présent inconnu dans nos contrées, nous retrouvons au scénario Masaru Katori, une ancienne joueuse de shôgi, avide de faire découvrir en douceur ce jeu, tout en présentant la chose sur fond de thriller.

La jeune Shion n'a que quatre ans lorsque ses parents sont sauvagement assassinés sous ses yeux. Depuis, la petite fille, retrouvée en pleurs au beau milieu d'une mare de sang, est devenue incapable de prononcer le moindre mot et ne communique guère plus qu'à l'aide d'un carnet. Suite au drame, elle est recueillie et élevée avec tendresse par ses voisins, dont le père est joueur professionnel de shôgi. Sept ans plus tard, la jeune Shion, qui a appris le shôgi auprès de son père adoptif en y révélant de grands talents, est sur le point de faire son entrée dans la cour des grands de ce sport cérébral. Rapidement, elle fait la connaissance de grands noms de ce jeu, mais aussi de nouvelles arrivantes comme elle, et finit par se faire une petite réputation.
Mais une ombre plane sur Shion. Des cauchemars où elle se revoit enfant à l'époque du drame la hantent de plus en plus, et elle finit par comprendre que tout ce qu'elle voit en rêve a vraiment eu lieu, et que la pièce de shôgi du roi retrouvée sur le front de son père assassiné prouve que l'assassin de ses parents est lui aussi un joueur de shôgi. Et bientôt, alors qu'elle continue de progresser dans ce sport, des menaces de mort viennent planer au dessus de la jeune fille... Le shôgi pourrait-il être un moyen pour Shion de démasquer l'assassin de ses parents ?

Il faut bien avouer que mélanger un jeu comme le shôgi a une ambiance de thriller a de quoi étonner. La sauce prend-elle ? Il faudra encore attendre pour le savoir vraiment, car ce premier volume n'est, avant toute chose, qu'une introduction, plantant le décor et les personnages. Et de ce côté-là, les choses se mettent rapidement en place.

Nous découvrons donc très vite, autour de notre héroïne, une palette impressionnante de personnages, dont le nombre déjà assez conséquent empêche de retenir tout de suite tous les noms, mais où il se dégage d'emblée quelques visages qui ont déjà droit à un petit approfondissement. On retiendra évidemment le personnage d'Ayumi, qui cache un secret et des raisons bien précises de faire du shôgi, que l'on ne révèlera pas ici, pour laisser la petite surprise au lecteur. D'autres personnages, comme Hisatani, senpai de Shion, ou Saori, élégante adversaire, parviennent eux aussi à tirer leur épingle du jeu. En ajoutant l'omniprésence des parents adoptifs de Shion et quelques autres protagonistes, on se retrouve rapidement dans un univers rendu assez familier par des personnages tous assez différents et naturels. Quant à notre héroïne, sa gentillesse, sa détermination dans le jeu et ses fragilités dues au souvenir du drame la rendent rapidement réellement attachante, d'autant que cette gamine possède une bouille la rendant assez irrésistible auprès de son entourage, qui l'apprécie beaucoup, à l'image de Saori qui ne manque pas une occasion de la serrer dans ses bras.

En ce qui concerne les deux thèmes principaux de l'oeuvre, ceux-ci s'avèrent pour l'instant assez peu développés.
Si le shôgi est omniprésent pendant tout le volume, on ne peut que constater que les parties restent très brièvement représentées, sans réelles explications pendant celle-ci, si ce ne sont quelques notes de traduction. Le manque d'explications pendant les parties fait que le lecteur aurait pu se retrouver perdu face à un sport qu'il ne connaît pas, mais ce côté assez artificiel de leur représentation empêche finalement toute incompréhension. On pourra trouver un peu dommage que les auteurs n'aient pas choisi d'intégrer les explications sur le jeu dans l'histoire en elle-même, mais au final, ce choix permettra à n'importe quel lecteur, y compris ceux n'ayant pas la moindre intention d'en savoir plus sur le shôgi, de profiter de la lecture en tant que simple divertissement. Pour ceux souhaitant en savoir plus sur ce jeu, ils pourront se rabattre sur les explications de parties présentes entre les chapitres, souvent intéressantes, mais assez complexes à appréhender pour tout néophyte. Il sera donc sans doute indispensable de commencer par lire les pages bonus présentes à la fin du volume, bien conçues, expliquant les origines du shôgi, ses règles, ses différentes pièces et sa notation.
Quant à l'aspect thriller, il n'en est qu'à ses balbutiements. Dans ce premier volume, Shion prend à peine conscience que le shôgi pourra lui permettre de démasquer l'assassin, les menaces sur sa tête ne font que commencer, et l'enquête de la police reprend tout juste.

Visuellement, le trait de Jirô Andô s'avère très agréable. Le trait est fin et précis, les fonds et éléments de shôgi représentés efficacement, le design des personnages est expressif et attachant, et le tout, pour l'instant, dégage plus une atmosphère chaleureuse, familière, qu'une réelle ambiance de thriller, exceptées les quelques courtes scènes où le drame et l'assassin sont mis en avant. Ainsi, on peut noter la sanglante page en couleurs au début (quasiment l'une des seules pages sanglantes du tome), ou encore la bonne idée, dans les rêves de Shion, de représenter l'assassin en crayonné.

Avec ce premier volume, Kings of Shôgi ne semble pas destiné à nous présenter en profondeur le jeu de stratégie qu'il met en scène, comme avait pu le faire Hikaru no Go pour le go. Quant à l'aspect thriller, il reste pour l'instant très discret. Et pourtant, la jolie palette de personnages et l'ambiance assez familière que dégage l'ensemble font de ce premier volume une lecture agréable, qui donne envie de voir de quoi la suite sera faite.

Du côté de l'édition, Pika offre une copie correcte, portée par six premières pages en couleurs et une traduction convenable. Il faudra toutefois être prêt à débourser 7,90€ pour un volume qui n'a pas grand chose de plus que les titres de l'éditeur à 6,95€, si ce ne sont ces quelques pages bonus intéressantes sur le shôgi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs