Sword of the Demon Hunter Vol.1 : Critiques

Kijin Gentôshô

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 21 Mai 2024

S'ils ont moins pignon sur rue qu'auparavant (exception faite du mastodonte Demon Slayer), les mangas de sabre restent populaires, et chaque sortie d'une œuvre de ce registre a de quoi titiller notre intérêt. Pour ce printemps 2024, Panini lance la parution de "Sword of the Demon Hunter - Kijin Gentosho", manga qui nous permet de retrouver l'artiste Yû Satomi, que nous avions autrefois pu apprécier pour "Nuisible" et "Bloody Cruise".

À l'origine, Kijin Gentôshô est un light novel écrit par Motoo Nakanishi et mis en images par Tamaki. Lancé en 2019, il dénombre actuellement 13 tomes. L'adaptation manga, elle, fut inaugurée en 2021 dans le magazine Gekkan Action des éditions Futabasha. Le groupe publiant aussi le roman initial, il avait tout à gagner à jouer la carte du média mix sur une saga aussi longue. Aussi, une adaptation animée sera lancée le mois prochain, et nous pourrons la visionner sur la plateforme ADN.

Au XIXe siècle, le village de Kadono est soumis à ses rites ancestraux, où le sanctuaire sacré abrite une princesse tout aussi importante pour la bourgade. Jinta est l'ami d'enfance de l'actuelle princesse, Shirayuki, mais il est aussi son protecteur. En tant que tel, il a pour mission d'affronter les démons qui s'en prennent régulièrement au village. Aussi, Jinta veille sur Suzune, son étrange petite sœur qui semble cacher un lourd secret. Quand de puissants démons entrent en scène, l'équilibre qui gravite autour de Jinta, de Shirayuki et de Suzune est remis en question.

Avec ce premier volume, le folklore de "Sword of the Demon Hunter" semble de l'ordre du maintes fois vu. Un petit village japonais, soumis aux traditions d'antan, est la cible de démons aux apparences dignes des fameux "oni" des mythologies nippones, et c'est par le sabre que le héros, Jinta, doit les combattre. À ceci, on ajoute un triangle amoureux centré sur plusieurs amis d'enfance, pour obtenir une formule aux ingrédients classiques qui se mélangent particulièrement bien. Car si cette présentation ne semble pas soulever de réelle innovation, c'est par son rythme que ce tome de démarrage nous séduit. Dans le découpage que Yû Satomi fait du scénario initial de Motoo Nakanishi, tout semble parfaitement calibré. Ces premiers chapitres prennent leur temps pour planter la galerie de personnages, les enjeux autour d'eux, leurs liens sentimentaux, mais aussi le côté antagoniste de l'histoire avec des démons qui ne s'apparentent pas à de simples mangeurs d'hommes, et présentent une vraie psychologie. On sent alors que l'idée n'est pas d'aboutir à un melting-pot d'éléments qui fonctionnent, mais bien de réinventer un registre qui a fait ses preuves en y apporter une densité qui fait rapidement mouche.

Il faut dire que le style de Yû Satomi aide énormément à ce qu'on entre efficacement dans le récit. En prenant son temps pour développer le scénario du roman, il apporte une narration épurée qui sublime le cachet de son trait plein de finesse. Le rendu est envoutant sur les moments de tranche de vie, puis devient nerveux et sanglant lorsque Jinta doit se frotter aux démons. Et si ce style semble être imparfait par moment, ce sont aussi ses hésitations qui le dotent d'un certain charme. Alors, le titre nous régale déjà visuellement.

Si tous ces arguments sont déjà alléchants et poussent à découvrir immédiatement le deuxième tome, sorti en parallèle du premier, on peut croire que la proposition initiale de Motoo Nakanishi ira plus loin. Pour ceci, il faut se fier aux quelques éléments plus profonds plantés dans cette amorce, et surtout à l'introduction qui semble promettre un récit qui transcendera le temps. Il y a donc une dimension fantastique qui doit encore s'illustrer dans ce début d'histoire, ce qui contribue à notre curiosité. "Sword of the Demon Hunter", au-delà d'être un manga de sabre au cachet visuel évident, profite donc d'une amorce efficace, sachant que le titre en a certainement encore sous le coude.

Du côté de l'édition, Panini livre une belle copie via un format poche (dit "shônen"), un papier profond qui ne laisse pas de place à la transparence, une jaquette mate, mais dont le vernis sélectif apporte un bel effet, et un encrage particulièrement propre. Saluons aussi la traduction d'Akiko Indei et Pierre Fernande qui offrent un texte très expressif, chose importante dans les échanges entre personnages, et même entre personnages et démons. Côté lettrage, le travail de Lara Iacucci est particulièrement bien calibré, aussi le confort de lecture est optimal.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs