Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 07 Juillet 2021
Lancé en 2012 au Japon, Kengan Ashura est un titre que nous avons d'abord pu découvrir via son adaptation animée disponible sur la plateforme Netflix. Par son pitch centré sur des affrontements de l'ombre, illégaux, la série a facilement rappelé le Baki de Keisuke Itagaki, et donc piqué la curiosité d'une tranche de lecteurs. De par sa longueur, Kengan Ashura n'était pas forcément un titre qu'on envisageait en France. Pourtant, Meian a jeté son dévolu sur l’œuvre en faisant de celle-ci l'objet de sa deuxième campagne d'abonnement afin de remplacer Kingdom, dont notre parution talonne le Japon.
Kengan Ashura, c'est avant tout le projet de deux mangaka amoureux des sports de combat. Le scénariste, Yabako Sandrovich, est présenté comme un artiste martial ayant 9 ans d'expérience dans le domaine, ce dernier s'étant ensuite adonné à l'écriture de manga. Il est épaulé par le dessinateur Daromeon, un artiste diplomé en art qui a passé une bonne partie de sa vie aux États-Unis et qui se qualifie lui-même d'ancien hikikomori. Tous deux sont aidés par leur éditeur (ou tantô), Shô Kobayashi, ayant 13 ans d'ancienneté dans les arts martiaux et qui aide le binôme dans la narration du titre. Un beau trio pour lequel le manga de combat s'imposait.
Kengan Ashura débute en 2012 dans la revue numérique Ura Sunday de l'éditeur Shôgakukan, dédiée à des mangas plus atypiques non limité dans les gens. On pouvait y retrouver notamment Mob Psycho 100 ou Aromantic (Love) Story, tandis que le Persona 5 de Hisato Murasaki y est toujours prépublié. Le manga a pris fin en 2019 au terme de 27 volumes, laissant place à la série Kengan Omega dont les événements se déroulent deux années plus tard et comptant actuellement 9 opus. Notons aussi l'existence du one-shot Kengan Ashura Zero, préquel de l'histoire dont le volume relié fut proposé en 2015 au Japon. Si Meian souhaite enrichir son catalogue de toute la saga, alors le programme est ambitieux et prometteur.
Il y a trois siècles, le shogun d'époque mit en place un système permettant aux marchands de régler leurs différends sans créer de débordement : Les combats Kengan. Deux combattants sélectionnés par chaque camp s'affrontait dans un combat sans merci, afin de donner gain de cause à son employeur. Ces affrontements violents perdurent de nos jours, et le simple employé qu'est Kazuo Yamashita est sur le point d'en avoir conscience.
Salarié maladroit et timide (pour ne pas dire couard), ce dernier tombe malgré lui sur le combat entre deux combattants, dont Ohma Tokita qui terrasse son adversaire. Ce déferlement de violence teintée d'arts martiaux déchaine ses propres pulsions sur l'instant, mais il ne s'attendait pas à être plongé dans l'univers des combats de l'ombre de manière plus frontale. Car peu après, le patron de son entreprise confie à Kazuo une tâche de taille : Être le manager de Tokita, combattant fraîchement sélectionné par la société pour participer aux combats Kengan.
Par sa couverture nerveuse et son intrigue simple mais suffisante, Kengan Ashura promet une immersion dans des combats clandestins violents à souhait, chose que présente d'emblée le premier chapitre. Mais il y a peut-être un aspect encore plus étonnant de ce tome de démarrage : L'un de ses protagonistes. Ainsi, le lecteur suit le destin de Kazuo Yamashita, profil typique de l'employé raté propulsé dans un milieu qui le dépasse. La figure du loser associée à cette place mais, et surtout, aux réactions constamment excessives du personnage mènent à un début de récit qui joue aussi bien sur cette figure un poil guignolesque que sur les combats. Pour les auteurs, voilà un bon moyen de créer de l'humour dans un récit qui se veut sans merci, mais aussi une occasion de créer une interrogation : Comment Kazuo trouera-t-il sa place dans cet univers si particulier ? Rien que pour cette base, notre curiosité est piquée.
Évidemment, ce sont bien les affrontements que mènera Ohma Tokito qui servent de leitmotiv au récit. Il faut dire que le personnage est suffisamment bien campé pour permettre à ce démarrage de trouver une identité. Car le combattant a beau être un archétype du jeune combattant au talent hors du commun, les auteurs jouent avec les clichés de ce profil pour en faire une sorte de bête sauvage allant carrément chasse son gibier lui-même. C'est volontairement improbable, et ça contribue à la férocité assez délicieuse du titre.
Les combats en eux même brillent par l'univers sombre instauré. Le concept du Kengan est digne d'intrigues mafieuses, le punch en plus, une noirceur qui sert l'ambiance de ce premier volet. Sur le plan purement narratif, on peut penser que les artistes prennent leurs marques. Car il s'agit là du second manga de Daromeon, le dessinateur, qui n'avait jamais officié sur un titre aussi nerveux jusqu'à présent. Aussi, on pourra reprocher un petit manque de démesure à ce stade, chose qui a bien le temps d'être corrigé par la suite, le temps pour le mangaka de s'imprégner du genre et de l'atmosphère. Reste que les quelques duels présents demeurent plaisants sur le papier, lisibles et propices à quelques retournements de situation souvent exagérés, mais toujours saisissants.
Alors, ce premier tome de Kengan Ashura honore aisément sa tâche : Le divertissement bourrin est assumé tel quel, l'univers présenté a son charme, et la présence d'un protagoniste totalement en décalage avec le sujet de l’œuvre amènera certaines touches très drôles, surtout graphiquement. Concernant ce pauvre Kazuo, ça sera certainement quitte ou double, il amusera ou il agacera. Mais pour un lecteur qui adhère à la proposition, la formule fonctionne totalement. L'abonnement proposé par Meian a alors un intérêt, Kengan Ashura étant typiquement le genre de lecture qui passe sans qu'on voit le temps défiler, et dont la curiosité nous prend de vite découvrir la suite.
Concernant l'édition, l'éditeur reste sur une formule acquise : Un papier épais de bonne facture, une couverture mate, et ici un joli effet de dorure sur le titre pour lui donner un effet métallisé rouge. Signée Rémi Buquet, la traduction parvient bien à retranscrire l'ambiance à part de ce début de manga nerveux à souhait.
Kengan Ashura, c'est avant tout le projet de deux mangaka amoureux des sports de combat. Le scénariste, Yabako Sandrovich, est présenté comme un artiste martial ayant 9 ans d'expérience dans le domaine, ce dernier s'étant ensuite adonné à l'écriture de manga. Il est épaulé par le dessinateur Daromeon, un artiste diplomé en art qui a passé une bonne partie de sa vie aux États-Unis et qui se qualifie lui-même d'ancien hikikomori. Tous deux sont aidés par leur éditeur (ou tantô), Shô Kobayashi, ayant 13 ans d'ancienneté dans les arts martiaux et qui aide le binôme dans la narration du titre. Un beau trio pour lequel le manga de combat s'imposait.
Kengan Ashura débute en 2012 dans la revue numérique Ura Sunday de l'éditeur Shôgakukan, dédiée à des mangas plus atypiques non limité dans les gens. On pouvait y retrouver notamment Mob Psycho 100 ou Aromantic (Love) Story, tandis que le Persona 5 de Hisato Murasaki y est toujours prépublié. Le manga a pris fin en 2019 au terme de 27 volumes, laissant place à la série Kengan Omega dont les événements se déroulent deux années plus tard et comptant actuellement 9 opus. Notons aussi l'existence du one-shot Kengan Ashura Zero, préquel de l'histoire dont le volume relié fut proposé en 2015 au Japon. Si Meian souhaite enrichir son catalogue de toute la saga, alors le programme est ambitieux et prometteur.
Il y a trois siècles, le shogun d'époque mit en place un système permettant aux marchands de régler leurs différends sans créer de débordement : Les combats Kengan. Deux combattants sélectionnés par chaque camp s'affrontait dans un combat sans merci, afin de donner gain de cause à son employeur. Ces affrontements violents perdurent de nos jours, et le simple employé qu'est Kazuo Yamashita est sur le point d'en avoir conscience.
Salarié maladroit et timide (pour ne pas dire couard), ce dernier tombe malgré lui sur le combat entre deux combattants, dont Ohma Tokita qui terrasse son adversaire. Ce déferlement de violence teintée d'arts martiaux déchaine ses propres pulsions sur l'instant, mais il ne s'attendait pas à être plongé dans l'univers des combats de l'ombre de manière plus frontale. Car peu après, le patron de son entreprise confie à Kazuo une tâche de taille : Être le manager de Tokita, combattant fraîchement sélectionné par la société pour participer aux combats Kengan.
Par sa couverture nerveuse et son intrigue simple mais suffisante, Kengan Ashura promet une immersion dans des combats clandestins violents à souhait, chose que présente d'emblée le premier chapitre. Mais il y a peut-être un aspect encore plus étonnant de ce tome de démarrage : L'un de ses protagonistes. Ainsi, le lecteur suit le destin de Kazuo Yamashita, profil typique de l'employé raté propulsé dans un milieu qui le dépasse. La figure du loser associée à cette place mais, et surtout, aux réactions constamment excessives du personnage mènent à un début de récit qui joue aussi bien sur cette figure un poil guignolesque que sur les combats. Pour les auteurs, voilà un bon moyen de créer de l'humour dans un récit qui se veut sans merci, mais aussi une occasion de créer une interrogation : Comment Kazuo trouera-t-il sa place dans cet univers si particulier ? Rien que pour cette base, notre curiosité est piquée.
Évidemment, ce sont bien les affrontements que mènera Ohma Tokito qui servent de leitmotiv au récit. Il faut dire que le personnage est suffisamment bien campé pour permettre à ce démarrage de trouver une identité. Car le combattant a beau être un archétype du jeune combattant au talent hors du commun, les auteurs jouent avec les clichés de ce profil pour en faire une sorte de bête sauvage allant carrément chasse son gibier lui-même. C'est volontairement improbable, et ça contribue à la férocité assez délicieuse du titre.
Les combats en eux même brillent par l'univers sombre instauré. Le concept du Kengan est digne d'intrigues mafieuses, le punch en plus, une noirceur qui sert l'ambiance de ce premier volet. Sur le plan purement narratif, on peut penser que les artistes prennent leurs marques. Car il s'agit là du second manga de Daromeon, le dessinateur, qui n'avait jamais officié sur un titre aussi nerveux jusqu'à présent. Aussi, on pourra reprocher un petit manque de démesure à ce stade, chose qui a bien le temps d'être corrigé par la suite, le temps pour le mangaka de s'imprégner du genre et de l'atmosphère. Reste que les quelques duels présents demeurent plaisants sur le papier, lisibles et propices à quelques retournements de situation souvent exagérés, mais toujours saisissants.
Alors, ce premier tome de Kengan Ashura honore aisément sa tâche : Le divertissement bourrin est assumé tel quel, l'univers présenté a son charme, et la présence d'un protagoniste totalement en décalage avec le sujet de l’œuvre amènera certaines touches très drôles, surtout graphiquement. Concernant ce pauvre Kazuo, ça sera certainement quitte ou double, il amusera ou il agacera. Mais pour un lecteur qui adhère à la proposition, la formule fonctionne totalement. L'abonnement proposé par Meian a alors un intérêt, Kengan Ashura étant typiquement le genre de lecture qui passe sans qu'on voit le temps défiler, et dont la curiosité nous prend de vite découvrir la suite.
Concernant l'édition, l'éditeur reste sur une formule acquise : Un papier épais de bonne facture, une couverture mate, et ici un joli effet de dorure sur le titre pour lui donner un effet métallisé rouge. Signée Rémi Buquet, la traduction parvient bien à retranscrire l'ambiance à part de ce début de manga nerveux à souhait.