Kasane - Kana Vol.1 - Actualité manga

Kasane - Kana Vol.1 : Critiques

Kasane

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Mai 2010


En France, nous avions déjà pu découvrir le mangaka Gou Tanabe à travers le one-shot à tendances horrifique et fantastique The Outsider, paru chez Glénat, qui reprenait trois classiques de la littérature américaine et russe, signés Lovecraft, Chekhov et Gorki.
Cette fois-ci, c'est dans la collection Made In de Kana que nous revient cet auteur prometteur, qui, cette fois-ci, avec Kasane, a choisi d'adapter un kaidan (genre littéraire japonais centré sur les histoires d'horreur et les fantômes), tiré d'un scénario de Hiroaki Takeda, lui-même s'étant inspiré du roman du célèbre écrivain du 19ème siècle Sanyûtei Enchô. Notons également que le tout eut droit en 2007 à un film intitulé sobrement Kaidan, réalisé par Hideo Nakata, auteur de Ring.

Nous sommes à l'époque Edo. Mme Toyoshiga, maîtresse de shamisen (instrument de musique japonais traditionnel) très réputée, proche de la quarantaine, engage comme domestique le jeune Shinkichi, 21 ans. Mais rapidement, celle qui était devenue insensible aux hommes suite à un drame s'éprend de son jeune domestique et se lance dans une relation malsaine au sein de laquelle le jeune garçon n'a pas vraiment son mot à dire, laissant aller bon train les ragots, et voyant de ce fait le nombre de ses élèves diminuer petit à petit, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une: la jeune, jolie et naturelle O-Hisa. A partir de cet instant, la jalousie ne cesse plus de ronger Mme Toyoshiga lorsqu'elle voit son beau domestique se rapprocher de sa jeune élève, et cela va aller jusqu'à se refléter sur son corps, quand apparaît sur visage un furoncle qui ne cesse de grandir au point de la défigurer...

Avec ce premier volume, Gou Tanabe nous propose de suivre une histoire dont les principaux éléments se posent petit à petit. Linéaire, la narration nous laisse suivre et découvrir de manière logique l'histoire, qui voit donc se succéder les différents points évoqués plus haut, tout en n'omettant pas d'instaurer le tout dans une ambiance assez sombre, malsaine et mystérieuse. Ainsi, la relation forcée que Mme Toyoshiga fait vivre à Shinkichi a quelque chose de malsain, encore plus quand sont à moitié dévoilés certains éléments du passé de la dame, venant expliquer une bien étrange et sombre présence au sein de sa maison: celle de deux fantômes dont, pour l'instant, nous ignorons encore tout. Quant à Shinkichi, de par son côté soumis et peu franc envers sa maîtresse, il apparaît lui-même assez énigmatique et peu digne de confiance, avant qu'il ne se dévoile un peu plus face à O-Hisa en fin de volume.

Il est encore très difficile de savoir ce que vaut véritablement ce scénario, qui ne dévoile encore rien de vraiment concret, pose surtout le récit, et joue énormément sur l'ambiance. Et de ce côté-là, Kasane est une réussite: l'ambiance globale est rendue profondément immersive par le coup de crayon très dense et rempli du mangaka. Ne laissant pas la moindre case sans fond, Gou Tanabe joue constamment sur son trait épais et appuyé, sur les nuances de noir et sur les hachures pour nous offrir un résultat oppressant, que finit de parfaire un travail remarquable sur les visages des personnages, qui peuvent passer du beau à l'inquiétant, voire au laid quand apparaît le furoncle de Mme Toyoshiga, sans peine.

Après un début un brin poussif, les éléments se mettent petit à petit en place dans ce premier tome, et si l'on est encore loin d'être pleinement convaincu par cette histoire qui, arrivée à sa moitié, n'a finalement encore rien révélé et dépeint des personnages assez classiques, on reste accroché par le style de l'auteur, et on a clairement le sentiment que le meilleur reste à venir et que le deuxième et dernier tome devrait être très riche en tension.

Du côté de l'édition, Kana nous offre un très bon travail, à commencer par une couverture à laquelle les effets craquelés offrent un cachet unique. A l'intérieur, on retrouve, après deux pages en couleurs pas spécialement intéressantes, un ouvrage à la qualité d'impression, à la traduction et au lettrage satisfaisants. Tout à la fin, on trouve une postface plutôt intéressante sur l'auteur. Mais tout ceci a un prix: il vous faudra débourser 15€ par volume pour acquérir la série.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs