Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 06 Janvier 2010
Une fois encore, Satoshi Shiki nous offre ici un tome choral, où les évènements se multiplient à de très nombreux endroits. Les évènements se succèdent, entre l’enlèvement de Keiko, les rencontres entre les chefs de tribu, et les divers assauts des 88 bêtes sur différentes villes nippones. A ce propos, on peut regretter que l’invasion de monstre ne se développe que sur l’archipel nippon, et que la menace, si grande et horrible soit-elle, ne semble pas alerter le reste du monde, hormis quelques touristes américains en guise de victimes collatérales. Mais qu’importe, le spectacle est toujours au rendez-vous, en prenant une dimension de plus en plus catastrophique. On regrettera en revanche l’absence de duels francs entre les protagonistes, hormis celui de Misao contre Higami, trop vite oublié et à la narration moyenne.
Dans ce tome, l’esprit est plutôt à l’apaisement progressif et à la négociation. Tandis qu’Otoroshi dévoile son vrai visage et s’impose, comme on l’attendait, en ennemi ultime, les chefs de clan du feu et du vent semblent enfin réaliser leur erreur, de gré ou de force. Entre une Kaede qui est devenue aussi inoffensive qu’un agneau et un Higa en proie au doute et même gaffeur, les ennemis d’autrefois nous paraissent soudainement plus humains. Il faut dire qu’ils retenaient déjà plus notre attention que les héros dans les tomes précédents. Mais ce changement de cap trop soudain est quelque peu regrettable.
Alternant entre phases de discussions teintées d’une certaine poésie, et des phases de destructions contemplatives, la narration de ce cinquième volume reste très ambiguë, et ne parvient jamais à trouver le bon équilibre. Le paradoxe se retrouve dans le scénario, ou les discours embrouillés, qui donnent un caractère réfléchi à la série, ne sont en fait qu’illusion, les dernières péripéties devenant prévisibles. Ainsi, Satoshi Shiki continue à nous aveugler, d’une très belle façon, par des images somptueuses et des discours pompeux, mais cela ne suffit toujours pas. La lecture n’en reste pas moins agréable, pour qui n’est pas trop difficile, et qui aurait tombé en amour des tomes précédents.