Kaina of the Great Snow Sea Vol.1 - Actualité manga

Kaina of the Great Snow Sea Vol.1 : Critiques

Ooyukiumi No Kaina

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Septembre 2023

Tsutomu Nihei n'est plus à présenter. Mangaka se cachant derrière les séries à succès Blame!, Biomega ou encore Knights of Sidonia, il a bâti sa réputation non seulement sur des histoires de science-fiction nébuleuses, mais aussi voire surtout sur son style graphique extrêmement riche et inimitable où, tout en variant un peu son rendu graphique d'une oeuvre à l'autre (par exemple, Knights of Sidonia joue beaucoup plus sur le blanc que Blame! ou Biomega), il développe toujours des univers aux architectures foisonnantes et vertigineuses qui n'ont de cesse de captiver l'oeil du lectorat averti. Jusqu'à présent fer de lance des éditions Glénat en France (sans compter un petit détour chez Panini dans le format comics avec Wolverine Snikt!), le voici qui fait un détour chez Pika Edition pour sa dernière série en date Ôyukiumi no Kaina, alias Kaina of the Great Snow Sea sous son nom international (qui est une traduction littérale du tire japonais).

Kaina est un projet que Nihei porte pleinement, puisqu'il en est le créateur original. Annoncé en tout début d'année 2022, ce projet est, d'emblée, prévu sur deux supports. D'un côté, il y a l'animation, avec une série animée en 11 épisodes qui fut annoncée dès le départ sur la plateforme Crunchyroll, dont la diffusion a eu lieu en hiver 2023, et qui sera prochainement suivie par un film d'animation sous-titré "Star Stage" et dont la diffusion nippone est prévue le 13 octobre prochain. Et de l'autre côté, il y a la version manga, qui est prépubliée au Japon dans le magazine Monthly Comic Sirius des éditions Kôdansha depuis le mois d'avril 2022, en comptant à ce jour 2 tomes, le 3e opus étant prévu début octobre dans son pays d'origine. Pour cette version manga, la partie visuelle a été confiée à Itoe Takemoto, une mangaka qui nous avait captivés, déjà chez Pika avec Elin la charmeuse de bêtes, magnifique adaptation manga des romans La charmeuse de bête de Nahoko Uehashi, romans autrefois parus dans notre langue aux éditions Milan mais aujourd'hui difficiles à trouver.

Ne changeant pas son genre de prédilection, Nihei nous plonge ici dans un univers de science-fiction où les terres ont été, depuis bien longtemps, enfouies sous les neiges. Bien au-dessus de ces terres, sur la Canopée qui relie les cimes des colossaux arbres orbitaux et qui domine les terres enneigées de si haut qu'on ne peut descendre jusqu'en bas, subsiste un tout petit village où vit Kaina, seul jeune parmi des personnes assez âgées, si bien que ces dernières s'inquiètent un peu de l'avenir de notre héros. Aaah, si seulement une jeune fille pouvait surgir de nulle part pour lui tenir compagnie... et c'est exactement ce qui arrive avec l'irruption d'une mystérieuse fille qui, contre toute attente, est originaire de la mer blanche. Car oui, en-dessous de la Canopée, quelques milliers d'humains luttent encore pour leur survie. Et le lieu d'où vient la dénommée Ririha est un de ces territoires, dont elle est d'ailleurs la princesse, et qu'elle est décidée à sauver à la fois d'un possible futur manque d'eau et, dans l'immédiat, des désirs conquérants d'une autre nation...

Concrètement, avec ce premier tome, il ne faut s'attendre à rien de plus que les quelques phrases si-dessus sur le plan scénaristique: il ne se passe vraiment pas grand chose, et l'on sent bien que ce premier volume n'est qu'une introduction visant à poser le cadre, si bien que l'on aurait presque aimé une parution simultanée du tome 2 pour mieux jauger l'oeuvre, quand bien même cela aurait signifié rattraper déjà le rythme de parution japonais. Pour l'instant, on se contente donc de voguer, au rythme de Kaina et dans une moindre mesure de Ririha, dans cet univers recouvert de neige et dont le principe est assez intéressant, avec d'un côté cette Canopée isolée au-dessus, et de l'autre cette grande mer de neige où subsiste encore la vie humaine (et les inévitables désirs de conquête humains qui vont avec, malgré tout), deux univers qui ont si peu l'occasion de se côtoyer qu'ils ignoraient quasiment l'existence l'un de l'autre.

Pour ce genre d'introduction, les choses reposent alors beaucoup sur l'atmosphère et sur le rendu visuel, et de ce côté-là Itoe Takemoto, comme on pouvait l'espérer, ne s'en tire pas mal du tout. La mangaka a largement prouver, sur Elin la charmeuse de bête, sa capacité à offrir des ambiances fascinantes à grand renfort de vastes contrées et de créatures visuellement travaillées. Ici, elle récidive: son bestiaire se veut d'ores et déjà visuellement assez riche et saisissant en se basant sur les créations d'origine sous la houlette de Nihei, les vêtements des personnages sont bien réfléchis en se voulant adaptés à leurs conditions de vie, et la dessinatrice livre de nombreux décors pleins d'imagination, encore plus quand il s'agit d'utiliser une chose déjà vue dans les derniers mangas en date de Nihei (on devine donc l'influence logique): beaucoup de blanc bien exploité pour donner des architectures intéressantes et, surtout, des sensations vertigineuses face à l'étendue de décors où les humains semblent bien petits. On reprochera juste à l'autrice des designs humains plus lisses voire rigides dans les mouvements, en particulier chez les personnages jeunes que sont Kaina et Ririha, ce qui est un peu ballot vu que ce sont les deux personnages principaux. On imagine que cette limite est due à l'obligation, pour la mangaka, de se baser sur les designs originaux qui ont été pensés avant tout pour l'anime.

A l'arrivée, ce premier tome prend son temps, ce qui peut apparaître d'autant plus frustrant qu'il ne totalise que 150 pages environ. Mais derrière cet univers tout juste installé et cette intrigue qui semble n'en être qu'à ses balbutiements, on sent de nombreuses possibilités qu'Itoe Takemoto, grâce à ses dessins travaillés et immersifs, et à condition de corriger les limites dans le design des personnages humains, ne devrait avoir aucune difficulté à bien faire ressortir, au vu des talents qu'elle nous avait montré sur Elin la charmeuse de bêtes. Affaire à suivre, donc, en espérant que le deuxième tome fera décoller ces bases suffisamment intéressantes.

Côté édition, on est sur du Pika assez classique: la jaquette est très proche de l'originale japonaise, le papier est souple et globalement assez opaque (quelques petites transparences parfois, mais rien de gênant), l'impression est correcte malgré de légers moirages par moments, le lettrage est propre, et la traduction de Manon Teisseire est assez claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs