Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 31 Mars 2023
Arriver au tome 8 de KAIJU N°8 a forcément quelque chose d'un peu symbolique, si bien que les éditions Crunchyroll ont décidé de marquer un peu le coup... à leur manière. Ainsi, parallèlement à l'édition standard avec son fond argenté sur l'illustration de la jaquette, l'éditeur propose, en tirage limité, une édition spéciale qui est exactement pareille, à ceci près que le fond argenté a été remplacé par un fond vaguement doré. On aurait pu s'attendre à mieux pour marquer le coup, car cette jaquette est totalement anecdotique, mais au moins ça n'impacte aucunement le prix puisque les deux versions du tome sont au même tarif. A chacun(e) de faire son choix, donc !
Précédemment dans la série, nous laissions un Reno qui venait de dévoiler aux yeux de tous son potentiel. Le jeune garçon pourrait bien être un véritable prodige, peut-être digne de recevoir le n°6, si bien qu'on lui fait passer un test dans le but de mieux jauger sa puissance: sous les observations du chef Ogata, il va devoir éradiquer, en coopération avec les autres membres de la section, un honju de type taupe-67 et de fortitude 6,4. mais sera-t-il à la hauteur ?
Evacuons tout de suite l'évidence: une nouvelle fois, au fil de ce volume dominé en grande majorité par ce combat d'entraînement, Naoya matsumoto va une nouvelle fois régaler sur le plan de l'action pure: le rendu de l'affrontement est rendu ample par les décors et par le côté imposant du monstre ennemi, le trait reste ultra dynamique, le travail de mise en scène reste très bon pour offrir des échanges de coups et des mouvements limpides... Bref, l'auteur sait toujours viser l'efficacité et le plaisir du divertissement.
Mais le principal intérêt, derrière cet affrontement qui pourrait sembler avoir moins d'enjeux que certains autres (ça reste un entraînement, après tout), est évidemment à chercher dans la mise en avant de certains visages dans le feu de l'action, à commencer par Reno lui-même bien sûr. Marqué par son incapacité à protéger son chef et Iharu précédemment, il est déterminé à acquérir toujours plus de puissance, pousse autant que possible son potentiel de combat, mais jusqu'où ? Ne risque-t-il pas de craquer ? Pendant que Reno laisse éclater son potentiel, c'est aussi son camarade Iharu qui est mis en valeur: lui qui était imbattable à l'époque du lycée a désormais le sentiment d'être à la traîne, se sent frustré face à la progression fulgurante de son compagnon... mais c'est précisément en voulant être digne de Reno que le jeune homme pourrait, lui aussi, dévoiler un vrai potentiel. Un potentiel pour l'instant instable mais qui, une fois bien canalisé, pourrait lui aussi devenir incroyable selon Ogata. Enfin, les observations d'Ogata sur ses protégés permettent d'éclairer aussi un peu plus le chef lui-même, en particulier ses regrets du passé concernant la disparition de sa partenaire d'autrefois. Et pour lui, il est évidemment hors de question de revivre ce genre de drame.
Reno et Iharu sont donc les principales vedettes des trois quarts de ce tome. Et à l'arrivée, dans le dernier quart du volume, les exploits de Reno ne sont pas sans incidences sur ses compagnons. Ainsi, tandis que cela motive encore plus Kikoru à progresser, Kafka, lui, doute: pendant que son "disciple" avance à toute vitesse par ses propres moyens, où en est-il lui ? Est-il seulement capable de faire quelque chose par lui-même ? Il a le sentiment de n'avoir aucune valeur en tant que Kafka Hibino, et que tout ce qu'on attend de lui c'est son pouvoir de Kaiju n°8. Et c'est précisément là qu'il va recevoir un beau soutien de l'homme qui semble en apparence le plus sévère de tous, celui dont il rêve de prendre la place auprès de Mina. C'est très classique mais franchement bien mené et assez prometteur pour la suite, plus encore au vu des toutes dernières pages facilement intrigantes !