Josh Vol.1 - Actualité manga

Josh Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 14 Mars 2011

Quand on parle yaoi, on ne pense pas souvent France. Sauf pour le public. Et pourtant, voilà venir le premier manga gay français, arrivé dans une véritable publication, après un an chapitre par chapitre chez Têtu. Découvert par hasard au détour d’une convention, dans le coin des fanzines parfois, Josh est pourtant un premier tome avec un format manga, une édition conforme aux usages et, au final, n’a rien du travail encore amateur qui ne se publie qu’à petite échelle. D’autres plus chanceux auront trouvés les librairies qui le délivrent (pour plus d’infos : http://dimitrilam.fr/), mais peu importe au final tant que le manga parvient à se faire connaitre. Une fois le premier opus entre les mains, c’est la découverte d’un univers un peu particulier, d’une maladresse mélangée à un humour à toute épreuve, mais aussi d’une mélancolie douce-amère qui règne en maître entre les pages. L’histoire n’a rien de plus simple que le quotidien d’un jeune homosexuel qui rejette la signification de l’amour et préfère s’attacher pour un soir seulement, profitant des plaisirs de la vie et réalisant ses envies au jour le jour. C’est sa philosophie depuis quelques années déjà, après avoir reçu la déclaration de son meilleur ami, chose qui le poursuit encore et jusque dans ses rêves. Ce jeune homme d’une vingtaine d’année, passionné d’écriture et étudiant à ses heures perdues a-t-il cependant vraiment tout ce dont il a besoin pour s’épanouir ?

Dimitri Lam nous entraîne alors dans un monde très accessible qui pourtant se détache de nous. Loin du yaoi conventionnel et bêtement adressé aux fans girls hystériques, c’est un véritable récit de l’homosexualité, sans tabou ni limite. L’auteur s’attache à nous montrer que sous la carapace facile et ouverte de Josh se cache quelque chose de plus personnel, de plus secret. Quelque chose qui ne serait pas totalement indifférent à l’existence du timide Yuri dont les nouvelles se font rares et de la belle et tournoyante Talia. Mais sous les dehors « récit de vie » et nonchalant de la narration, on s’amusera beaucoup du ton employé par Dimitri, dont l’humour perce bien souvent les pages pour nous arracher un sourire. Grâce à l’improbable existence d’une mascotte parlante, grâce à un chaton tout mignon qui en veut à sa propriétaire, grâce aux mésaventures criantes de vérité et de pertinence de Josh, aussi. Car c’est aussi ça, vivre au jour le jour : accepter les déceptions, les erreurs, les mensonges de la vie qui ne sait parfois pas s’y prendre pour l’accompagner dans une directive plus sérieuse. Mais qui a envie d’être sérieux a vingt ans ? Pas Josh, en tout cas, qui se plait à nous montrer le quotidien d’un jeune homme très accessible, car faisant partie de notre monde, de notre culture. Loin des clichés du lycée japonais, par exemple, c’est un bol de fraicheur qui se répand sur l’univers du yaoi et du manga gay. Sensualité, rire et un réalisme criant des situations sont les trois mots de ce premier tome, alléchant mais encore bien trop mystérieux.

En effet, on n’en apprend que peu sur les habitudes de Josh, et pas un mot n’est glissé sur Talia ou Yuri, du moins rien d’exploitable. Il faudra donc être suffisamment curieux pour pouvoir s’intéresser à Josh, étant donné que ce premier opus ne fait qu’ouvrir des portes, de nombreuses portes. Pour soutenir le tout, c’est un coup de crayon assez inégal qui nous est proposé, mais une très belle édition. En effet, certaines planches sont très représentatives de l’ambiance du manga et dégage une force très appréciable, et si en règle générale les émotions sont très bien représentées il y a un côté encore maladroit dans le trait, une inégalité de remplissage des arrières plans. On notera aussi une utilisation très fréquente des chibi, bonne initiative, et des gros plans, un peu moins bonne car nous donnant facilement l’habitude de ces mises en exergue. Toutefois, dans l’ensemble, les graphismes sont accessibles et si l’on est loin de la finesse et de la perfection des mangaka aux dizaines d’années d’expérience, on apprécie ce trait rondouillard et musclé, dans des proportions plus réalistes qui nous changent agréablement des filiformes silhouettes peuplant le yaoi ! Enfin, notons tout de même qu’un petit élan patriotique ne fait pas de mal, et qu’acheter le manga en convention est d’autant plus rusé qu’on obtient une dédicace ... et un ravissant sourire de Dimitri ! Petite surprise sympathique à découvrir, en même temps que les premières planches de son futur projet : Delirium.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs