Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 30 Septembre 2025
Après avoir achevé le tri de la réserve de Kaisei en compagnie d'Azusawa, Tsugumi entreprend de poursuivre la recherche du journal de Hisatsugu Fuse chez M. Obokota, l'ancien gérant de la librairie d'occasion, et cette fois-ci avec l'aide de Minoru. Là, les deux soeurs finissent par découvrir quelque chose qui va complètement les chambouler et leur faire réviser leur lien avec Azusawa... à moins que tout ceci ne soit qu'un quiproquo ?
Rapidement marqué, dès ses premières dizaines de pages, par un événement important (sur lequel nous allons éviter d'en dire trop, même si l'éditeur le spoile malheureusement dans son synopsis en quatrième de couverture), ce quatrième volume repose en grande partie sur un malentendu dont le lectorat peut profiter au mieux puisque, contrairement aux soeurs Karakida, on a eu connaissance, dans le tome précédent, du contexte familial d'Azusawa ainsi que de la raison pour laquelle il veut lire le journal de Fuse et préfère cacher tout ça à ses voisines. Et si ce quiproquo fonctionne si bien, au-delà de ses petites notes d'humour quand les protagonistes ne se comprennent pas vraiment, c'est sûrement parce que Kei Toume, armée de son habituelle finesse d'écriture quand il lui faut dépeindre les relations entre personnages, l'exploite habilement pour bousculer le rapport qu'Azusawa peut avoir avec les frangines Karakida et en particulier avec Tsugumi. Soudainement, la Tsugumi plutôt renfrognée et colérique laisse place, devant lui, à une jeune femme toute gentille et bienveillante, et on se plaît forcément beaucoup à observer cette autre facette de notre attachante héroïne.
Mais au-delà de ça, les autres aspects relationnels de la série ne sont vraiment pas en reste, à commencer par les tourments d'une Ichika qui reste tiraillée entre sa précieuse amie Fujiyoshi et son amour secret de toujours Tsuzuki, servant de confidente à ces deux-là tout en devant leur taire certaines choses, et découvrant aussi plus en profondeur le ressenti personnel de la douce Fujiyoshi ainsi que les raisons qui la poussent à vouloir rompre avec Tsuzuki. La position d'Ichika est clairement inconfortable et éprouvante pour elle, la mangaka confirme encore là toute sa faculté à décortiquer des relations assez complexes avec réalisme (d'autant qu'Ichika ne se verrait aucunement profiter de la situation)... et elle le montrera encore en entretenant le cas de Minoru prise entre son amour à sens unique et son orientation, et en développant de nouvelles choses sur la situation familiale d'Azusawa.
Mine de rien, il sera alors question de sujets humains assez universels: les doutes face à l'avenir, le sentiment d'échec amoureux ou personnel, la maladie, la mort, le deuil... la force de Kei Toume étant non seulement d'évoquer tout cela avec son ton posé et fin caractéristique, mais aussi de le mêler à cet univers des librairies d'occasion toujours aussi immersif.