Jimbôchô Sisters Vol.3 : Critiques

Le quotidien se poursuit pour chacune des trois soeurs Karakida, non sans quelques remous relationnels qu'elles tâchent de contenir intérieurement.

Ici, Minoru tâche de vivre au mieux son amour à sens unique pour son amie Mana, tout en devant normalement commencer à s'interroger sur son orientation scolaire.

Là, Ichika, tout en se mettant en tête de jouer les entremetteuses entre Tsugumi et Shun alors qu'aucun d'eux n'a demandé quoi que ce soit, doit composer avec le retour au Japon de son vieil amour Tsuzuki, qu'elle revoit et qui a une surprenante nouvelle à lui donner au sujet de sa relation de couple avec Fujiyoshi.

Quant à Tsugumi, elle entame avec Azusawa le tri de la réserve de sa librairie dans l'espoir de dénicher le journal de Hisatsugu Fuse, son oncle écrivain décédé, tout en se questionnant sur pas mal de choses: ce journal existe-t-il vraiment, puisqu'il est impossible de trouver la moindre information concrète dessus ? Pourquoi Azusawa tient-il tant à mettre la main dessus, puisqu'il affirme qu'il ne compte aucunement le vendre ? Et pourquoi la jeune femme se trouble-t-elle si facilement au contact de ce voisin un peu louche, qui semble cacher quelque chose de plus personnel dans la recherche du journal, et à qui elle ne peut s'empêcher de souvent penser malgré son agacement à cette idée ?

Sans brusquer sa narration, en s'appuyant sur sa riche et fine patte graphique, et en nous immisçant toujours aussi soigneusement dans ce quartier de Jimbôchô et dans l'univers des livres d'occasion au travers de divers événements (la simple recherche du journal dans la réserve au milieu de nombreux livres en désordre, une fête de quartier, le festival du livre d'occasion de Kanda, les informations sur ce que l'arrivée d'internet a changé dans le monde du livre d'occasion...), Kei Toume continue surtout de proposer ce qu'elle sait faire décidément de mieux: un portrait de différentes relations où il y a beaucoup de petites choses à retenir, tant elles évoluent avec douceur et réalisme et se dévoilent à petites doses. Ainsi pourra-t-on retenir, par exemple, ce que Shun finit par dire à Ichika avant de se raviser, les délicieux moments où cette chère Tsugumi s'agace toute seule en pensant à Azusawa comme si elle voulait inconsciemment se protéger, ou encore les révélations qu'Azusawa finit par faire à son maître Koseki sur ses motivations exactes, en complexifiant de plus belle son contexte familial.

C'est toujours à travers ces petites discussions, soigneusement pensées par Kei Toume, que les personnages se révèlent à petites doses, avec une belle intelligence d'écriture tant l'autrice ne précipite rien et, surtout, nous laisse profiter de chaque élément grâce à son rythme posé et maîtrisé.