Isabella Bird - Femme exploratrice Vol.2 - Manga

Isabella Bird - Femme exploratrice Vol.2 : Critiques

Fushigi no Kuni no Bird

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 06 Mars 2019

Chronique 2
  
Isabella a son trajet bien en tête. La première étape consistera à rejoindre Niigata, et elle choisit pour cela d'emprunter la route d'Aizu. Seulement, celle-ci est réputée dangereuse, si bien que les voyageur la redoute... Cela va-t-il décourager l'exploratrice ?

Avec un sujet comme celui d'Isabella Bird, on pouvait croire que Taiga Sassa pouvait se laisser aller au gré de l'envie pour explorer le Japon du XIXe siècle. Mais il n'en n'est rien, le début de ce second opus nous conforte ainsi dans l'idée que la série suit un chemin précis. Le chemin d'Isabella est donc bel et bien tracé, c'est donc un vrai récit de voyage au format manga qui nous est proposé. Forcément, le manga se basant sur des lettres écrites par l'exploratrice à l'époque, il y a forcément une marge d'aventures romancées, mais tout semble pensé pour que le lecteur vive l'épopée d'Isabella comme un véritable voyage.

Alors, ce second opus propose de nouvelles découvertes, chaque chapitre narrant une escale. Un schéma classique mais idéal pour traiter différents aspect de ce Japon de l'ère Meiji en détails, une ambition d'autant plus louable que pour une lectrice ou un lecteur occidental, on imagine souvent le pays d'époque de manière idéalisée. Taiga Sassa aborde alors le voyage sans tabou aucun, et s'intéresse aussi bien aux rites des différents villages et villes comme aux conditions de vie, parfois délicates, des ces différents points d'escale.

L'aspect découverte du titre, que ce soit par les aspects chatoyants de ce Japon comme ses dimensions plus déroutantes, constitue toujours une belle réussite. Et ce notamment grâce à son personnage principal, Isabella, dont la pudeur et la bienveillance apporte un charme certain à chaque rencontre culturelle. Bien qu'au centre du récit, la jeune femme n'est que partiellement mise en avant : l'honneur revient aux différentes cultures rencontrées, ainsi qu'aux autochtones qui ont un vécu et une histoire à raconter. S'il arrive que l'héroïne joue un rôle majeur, ce n'est que dans une ambition généreuse, l'idée de l'échange culturel restant omniprésente dans ce second tome.

Pourtant, les deux protagonistes que sont Isabella et Ito ont aussi des choses à raconter. Leurs récits a beau ne pas prendre le pas sur toute la dimension découverte du volume, la mangaka parvient à leur donner une petite évolution. Chacun des deux personnages part ainsi à la rencontre de lui-même au cour de ce voyage, y compris Ito qui est un jeune homme toujours plus sympathique et complexe, reflétant un portrait de japonais d'époque passionnant à découvrir.

Alors, on s'émerveille devant ce voyage dépaysant et on apprécie toujours autant les explications apportées autours des différents points culturels qui n'ont jamais pour vocation de créer un portrait faussement idéal du Japon d'époque. On sent ainsi une présentation authentique, toujours aussi prenant grâce au ton global de l’œuvre et aux points de vue des deux personnages centraux. L'excellente impression du premier tome se confirme donc : Isabella Bird est une pépite dépaysante qui fait un bien fou.
  
  
Chronique 1
  
"Les chemins que personne ne choisit sont les plus excitants à parcourir !"

Aventurière britannique ayant déjà parcouru plusieurs contrées à travers le monde, Isabella Bird, en cette année 1878, a décidé de s'attaque à l'exploration d'un pays qui ne s'est ouvert sur le monde que depuis une dizaine d'années: le Japon. Sur place, elle s'est dénichée un guide-interprète japonais-anglais prometteur en la personne du jeune Tsurukichi Ito, et les débuts de son voyage l'ont déjà amenée à faire nombre de petites découvertes inattendues, à entrevoir des coutumes et moeurs pouvant paraître étranges sous un oeil étranger, mais qu'elle observe avec curiosité et volonté de comprendre, et à sympathiser avec des habitants accueillants, dont les proches de la jeune O-Haru dans la ville de Nikko. Mais il ne s'agit là que des tout débuts d'un voyage qui doit l'amener jusqu'à un village Aïnou tout au nord sur l'île d'Ezo (ancien nom de Hokkaidô), et qui s'annonce périlleux puisque la jeune femme a une idée fixe qu'elle ne lâchera pas: atteindre sa destination en empruntant des voies qu'aucun autre étranger n'a prises avant elle ! Cela la placera sans aucun doute face à des découvertes totalement inédites, mais également face à des dangers imprévisibles et des recoins reculés très coupés de la civilisation...

Avec les précisions sur le trajet exact qu'Isabella veut prendre, et l'aide de l'adorable O-Haru et de ses proches, le premier chapitre conclut joliment l'escale à Nikko, tout en annonçant le vrai début du voyage de l'aventurière vers ce qui reste inconnu des non-Japonais. Avant de gagner la périlleuse route d'Aizu par laquelle la jeune femme souhaite rallier Niigata et qui est réputée pour être très escarpée, dure et méconnue, elle pourra découvrir une chose dont elle a déjà entendu parler et qui, encore aujourd'hui, est n symbole du Japon: les sources chaudes et ses bains ! Voici donc Isabella et Ito en escale à Futarasan, où notre héroïne va d'emblée se confronter à quelque chose qui paraît d'abord indigne d'une Lady: les bains mixtes, où hommes et femmes, adultes et enfants se baignent tous ensemble sans la moindre pudeur, mais dans une jovialité communicative. Isabella, partagée entre son envie de tester la chose et son éducation,se laissera-t-elle tenter ? Tout en proposant des figures secondaires assez truculentes (comme la gentille palefrenière illettrée O-Hana, qui sera une vraie aide), Taiga Sassa a l'occasion d'évoquer ici d'anciennes moeurs qui ont disparu à cette époque (les bains mixtes venaient tout juste d'être interdits par le gouvernement), mais aussi de confronter un peu Isabella à ce qu'elle est et ce qu'elle veut: elle, une Lady britannique élevée dans la rigueur, peut-elle se permettre une telle baignade ? N'a-t-elle pas entrepris de voyager précisément parce que la société anglaise l'étouffait et qu'elle voulait sortir de la coquille qu'on a construite pour elle et enfin être libre ?

La très chouette étape des bains passée, la suite du volume va encore offrir bien des surprises étonnantes, bonnes ou moins bonnes à l'aventurière, car dès lors qu'elle et Ito arrivent sur la route d'Aizu, ce qu'ils vont être amenés à découvrir est un Japon plus enfoncé et pouvant connaitre bien des difficultés: pauvreté de certains villageois, insalubrité, manque d'hygiène, nuisibles qui pullulent, maladies... Le Japon profond que la jeune femme commence à découvrir est très loin du tout confort, ais hors de question pour Isabella de poser dessus un regard dédaigneux comme certains autres pourraient le faire: il y a toujours en elle la volonté de comprendre, en essayant avant tut de se lier aux populations et de communiquer avec eux. Dans l'un des villages, Isabella attire très vite l'attention des badauds curieux qui s'attroupent autour d'elle pour l'observer, tandis que dans un autre on la fuit systématiquement, on a peur d'elle, car les étrangers sont réputés cruels. Elle se confronte ainsi à des villageois très divers, auxquels elle pourra parfois apporter son aide face à leur misère, avec les moyens qui sont en sa possession. En filigranes, chaque pas, chaque rencontre lui permet (et nous permet) d'en découvrir encore un peu plus sur certaines anciennes traditions, croyances et pratiques: poupées devant protéger les villages, talismans, chaussons de paille protégeant temporairement les sabots des chevaux (puisqu'ils ne connaissaient pas les fers à cheval)... Des choses qu'Ito lui-même ne connaît pas parfois, ce qui l'amène alors à s'interroger sur son rôle de guide auprès d'Isabella: pourra-t-il vraiment l'accompagner comme il se doit tout a long de son périple, où l'inconnu l'attend lui aussi ? Taiga Sassa va alors s'intéresser un peu plus, par moments, au guide-interprète, à la confiance qu'Isabella lui accorde malgré tout et qu'elle lui témoigne par quelques gestes forts (comme lui confier son si précieux passeport), et à sa rigueur pour progresser (il note soigneusement tout ce qu'il append sur la langue anglaise). C'est alors aussi le lien entre l'aventurière et son guide qui se renforce joliment.

Le voyage de l'exploratrice anglaise dans le Japon des débuts de l'ère Meiji se poursuit donc avec les mêmes qualités que dans le premier tome. En avançant sur des routes inconnues, Isabella se confronte à certains problèmes et à des différences culturelles qu'elle aborde toujours avec une volonté de compréhension, et son parcours nous permet aussi d'entrevoir nombre de petites informations sur l'époque et d'observer l'importance de communiquer avec les habitants sans les juger.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs