Infection Vol.1 - Actualité manga
Infection Vol.1 - Manga

Infection Vol.1 : Critiques

Infection

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Janvier 2018

2018 commence vite pour les éditions Delcourt/Tonkam avec, dès les tout premiers jours de l'année, l'arrivée d'une nouvelle série ayant son petit succès au Japon : en cours dans son pays d'origine depuis 2015 dans le Shônen Magazine puis le Magazine Pocket de Kôdansha, Infection est la toute première publication française de Tôru Oikawa, un mangaka qui a démarré sa carrière en 2012. Au programme de ce titre : horreur, action, et ecchi, un cocktail très classique et déjà vu maintes fois, mais ce n'est pas pour ça qu'une oeuvre ne peut pas sortir du lot ou être divertissante... Seulement, est-ce le cas de ce premier volume ?


La série démarre dans un lycée de Sendai, où Haruki Amamiya, adolescent en 2ème année, est en train de parler de ses problèmes de coeur avec ses amis, le sobre Yuzuru Takagi, la mâture Chika Kisaragi (dite Ragi ou "grande soeur"), la déléguée Kasumi Masuda, et Tsuyoshi Kojima. Depuis l'enfance, Haruki aime la dénommée Satsuki Samidare, mais simplement comme une petite soeur d'après lui. Seulement, ce n'est pas l'avis de ses amis, qui se verraient bien organiser un petit plan éventuellement coquin entre les deux jeunes gens en les enfermant dans la réserve du gymnase. Très vite, Haruki se retrouve donc coincé dans la réserve... mais, bizarrement, en compagnie d'une autre fille, Kirara Isonami. Une cohabitation difficile commence alors entre les deux ados pris au piège... mais alors que celle-ci aurait dû durer juste quelques dizaines de minutes, les heures puis les jours passent sans qu'on vienne les libérer. A l'extérieur, ils n'entendent plus personne... Et quand ils trouvent enfin un moyen de sortir, c'est la stupeur : une mystérieuse pandémie semble s'être répandue en touchant certaines personnes. Les infectés, nommés "porteurs", car ils sont compatibles avec l'infection, se transforment alors en sortes de morts-vivants dont les orbites oculaires et la bouche sont infestées de vers, et ils se mettent à tuer les autres humains vivants pour se nourrir de leur chair...


Autant le dire clairement, les tout débuts d'Infection lancent la série de très mauvaise manière, essentiellement à cause d'un élément qui sera ensuite incessant tout au long du volume : la pointe d'ecchi. Celle-ci aurait pu être très agréable dans un récit de ce genre, d'autant que le mangaka, à défaut d'avoir un coup de crayon original et bien personnel, possède un trait flatteur où les demoiselles sont clairement jolies. Mais le problème, c'est qu'absolument tous les prétextes aux instants coquins sont très mal amenés, voire tirés par les cheveux et de très mauvais goûts. On le sent mal dès le départ, avec le personnage principal qui ne peut s'empêcher de mater tous les corps féminins qui passent à sa portée, et ses amis qui tentent de le forcer vers un plan cul. Mais ce ne sont que des détails avant la scène dans la réserve entre Haruki et Kirara, ridicule et affligeante, entre le manque de tact du premier qui devient vite tête à claques, le comportement exécrable de la deuxième qui est insupportable d'emblée, leur petite querelle débile qui ne repose sur rien alors qu'ils sont coincés dans la réserve et devraient se soucier de bien d'autres choses (sérieusement, ils restent vraiment plusieurs jours avant de cherche un moyen de sortir et de découvrir qu'il y a une petite fenêtre ? Mais bon sang !), les scènes assez navrantes où la jeune fille doit pisser dans une boîte de conserve (de préférence avec des petits cris de plaisir en se touchant, et avec un manque total de naturel en baissant sa culotte, vive le bon goût et la crédibilité).


Le problème de la pointe érotique, c'est qu'elle ne se justifie jamais et, pire, qu'elle rend souvent les personnages à la fois horripilants et incohérents sur la longueur. Une fois les deux idiots sortis de la réserve, nombre de situations restent consternantes. Il y a des infectés partout, mais eux passent plus leur temps à se chamailler et crier sans raison, au point que ça en devient épuisant (en plus d'éventuellement rameuter des infectés, bonjour l'intelligence). Forcément, la gourde se foule la cheville au premier pas de course. Et puis qu'est-ce que c'est que ce caractère fashion complètement neuneu dans une telle situation, où même à moitié à poil et en danger de mort elle refuse de porter des vêtements qui ne sont pas stylés (en vrai, c'est juste un prétexte vaseux pour la laisser se promener en culotte, un de plus) ? Et sinon, si les survivants étaient enfermés dans le gymnase tout ce temps, pourquoi n'ont-ils pas cherché à délivrer Haruki et Kirara plus tôt ?


En fait, c'est bien simple : hormis Kaori, la petite soeur de primaire de Haruki qui affiche un caractère fort, volontaire et solidaire plaisant, on a envie d'étriper à peu près tous les autres, et tout ceci gâche une lecture qui, pourtant affiche des bonnes idées. 


Tôru Oikawa parvient, en filigranes, à poser peu à peu les bases avec les premiers détails de la mystérieuse menace, ainsi apprend-on notamment que la ville a été mise en quarantaine pour éviter propagation de cette maladie inconnue, que la situation ne touche visiblement pas le pays entier, mais surtout Sendai (donc, il est encore possible de communiquer avec l'extérieur), que les morsures d'infectés provoquent une mort lente et douloureuse en quelques heures (chose qui change un petit peu : les mordus meurent donc, et ne reviennent pas en forme de morts-vivants)... et du coup, pendant que les personnages s'agitent bêtement et un peu dans tous les sens pendant la majeure partie du volume, on se pose donc malgré tout quelques questions.


Il y a un autre point qui pourrait devenir intéressant sur la longueur s'il est bien exploité : la manière dont la pandémie, la menace de mort, va mettre à l'épreuve les liens des personnages, tester leurs relations. Et ici, on trouve déjà des cas bien différents. Assez néfastes, comme ceux du couple Kikuchi/Enami que l'on vous laisse découvrir (retenez juste que cette dernière est un bon cliché de grosses connasses égoïste, tandis que Kikuchi a tout de l'homme vaillant et digne). Très forts, comme celui entre Haruki et Kaori qui comptent vraiment énormément l'un pour l'autre. Solidaires, comme Kaori (encore elle) qui fait tout pour sauver les enfants plus jeunes qu'elle. Ou en forme de rédemption, comme pour M. Kaji, le prof de Kaori qui, après de graves erreurs passées, pourrait bien se montrer enfin sous un jour héroïque, comme un vrai prof et un adulte responsable, en montrant du courage face aux difficultés.


Concernant les visuels, on a déjà souligné le talent du dessinateur pour croquer des demoiselles plutôt mignonnes, mais il faut aussi avouer qu'il a pour lui un style qui se veut très dynamique, même s'il ne s'en sert pas toujours très bien dans son découpage et sa mise en scène qui restent souvent classiques et ponctués de raccourcis. En termes d'horreur, le récit s'avère en réalité relativement eu sanglant, et ne joue surtout sur le côté crade/gore que via l'idée peu ragoûtante (et donc réussie) des vers grouillants dans les cavités des infectés. Cela dit, l'ambiance horrifique n'est jamais vraiment là, la faute essentiellement au côté assez propre et clair du trait, et au côté coquin incessant.


Sortie dès le 3 janvier, la première nouvelle série manga de l'année 2018 est pour l'instant une semi-déception, qui a des bonnes idées, possède un dessin plutôt sympa, mais est très, très souvent plombée par des comportements idiots et insupportables et par l'aspect ecchi qui aurait pu être plaisant s'il n'était pas toujours très mal amené. Sans forcément être originale, la série a pourtant tout ce qu'il faut, dans le fond, pour offrir un bon divertissement par la suite, mais il faudrait simplement que l'auteur gère mieux les choses... Au vu de la bande-annonce du tome 2 à la fin de ce tome, il se pourrait même que la série décolle mieux dans le prochain volume, si bien que l'on n'aurait pas été contre une sortie simultanée des deux premiers tomes, afin de voir ce que l'oeuvre a réellement sous le coude.


Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve numérique non corrigée fournie par l'éditeur, on ne dira rien sur la qualité de l'édition. On peut tout de même signaler le choix de Delcourt/Tonkam de changer complètement la jaquette française, qui propose un visuel différent de la jaquette japonaise. L'idée est bienvenue, car là où la japonaise est totalement banale et ne reflète pas du tout le contenu, la française souligne au moins le côté horreur. Et le logo-titre, en fond, est assez bien travaillé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs