Indomptable Zono - Actualité manga

Indomptable Zono : Critiques

Fukutsu no Zono

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Février 2024

Oeuvre dont les quatre chapitres ont été prépubliés au Japon dans le magazine B's-Lovey Recottia d'Enterbrain pendant l'année 2020 sous le nom Fukutsu no Zono (dont le titre français est une traduction littérale), avant d'être regroupés en novembre 2020 en un seul tome agrémenté d'un petit chapitre épilogue de 10 pages pour un total d'un peu moins de 160 pages, Indomptable Zono est la toute première publication française de Shikke, une mangaka active dans son pays d'origine depuis 2019, exclusivement dans des yaoi généralement assez explicites.

Ici, l'autrice nous invite à découvrir Akira Deto, un lycéen en classe de terminale qui, au vu de la relative pauvreté de sa famille, a toujours pris l'habitude d'économiser sur tout, en particulier sur les repas du midi où il attend toujours le dernier moment pour acheter les en-cas en promotion. Hélas pour lui, une sombre affaire de sandwich au porc pané va le contraindre à se frotter à Zono, un élève vraiment à part: avec ses cheveux roses, son look flashy, ses deux uniques amies qui ont vaguement l'air de délinquantes, sa tendance à toujours sécher les cours, ses cicatrices et les rumeurs sur son père (il viendrait de sortir de prison et fricoterait avec des yakuzas), il semble tout avoir de la racaille, et c'est tout à fait ce que Deto pense après avoir été dégommé par ce garçon. N'étant pas du genre à fuir, Deto revient à la charge jour après jour, mais à chaque fois Zono le met au tapis avant de s'emparer du sandwich quotidien. Un étrange lien se met alors en place entre ces deux-là, sous le regard des deux amies de Zono, en poussant même Deto a découvrir un petit "point faible" de Zono: il est très sensible du cou, et étrangement ça provoque des sensations indescriptibles en notre héros. Quand ce petit "jeu" finit par cesser, Deto ressent comme un manque. Et quand, un jour, il apprend que Zono n'est pas venu au lycée en inquiétant alors ses deux copines, notre héros décide d'aller voir ce qu'il en est aux abords de la maison de celui-ci, pour y découvrir une terrible réalité...

Autant évoquer tout de suite la principale lacune de cette oeuvre: sa brièveté. Si l'on retire le petit épilogue qui n'est qu'un bonus, l'histoire principale n'atteint pas les 150 pages, et de ce fait les thématiques sérieuses évoquées par Shikke restent en surface. Pourtant, il est question de sujets très intéressants: l'importance de ne pas se fier aux apparences car Zono est en réalité radicalement différent de l'image qu'il renvoie, les pressions d'une famille violente, l'acceptation de l'homosexualité et des "goûts de fille" par l'entourage... mais le faible nombre de pages ne permet pas forcément à la mangaka d'aller très loin là-dessus, même si les instants où elles les évoque de front sont assez marquants.

Reste que malgré tout, Indomptable Zono se révèle être un one-shot particulièrement plaisant à suivre, et cela pour plusieurs raisons dont la première n'est autre que la manière dont Shikke fait évoluer la relation entre ses deux héros: d'une situation initiale conflictuelle, on voit ensuite ces deux-là d'abord trouver comme une sorte de plaisir dans leur "baston" rituelle quotidienne, apprendre à se découvrir en étant de plus en plus stimulés l'un par l'autre... Et leurs caractères à tous les deux les rendent franchement sympathiques, notamment car Deto a un côté très droit. Mais ce sont aussi les personnages secondaires qui séduisent: même si leur rôle reste plutôt secondaire, les amis de Deto font bien office de soutien, les deux copines de Zono ont leur caractère et une certaine classe dans leur genre, ces dernières permettent aussi à Deto de cerner rapidement le bon fond de Zono... Et enfin, il y a des qualités visuelles évidentes: derrière des décors standard, la dessinatrice propose des designs précis, bien adaptés à chaque personnage (en tête Zono, ses regards assez perçants et sa coiffure) et assez profonds. Forcément, ces designs servent aussi fort bien les moments érotiques, entre les moments très sensuels et joliment découpés où nos héros s'excitent mutuellement (par exemple en se touchant ou en se léchant), et les scènes plus rentre-dedans (ça se limite à deux scènes assez longues dans le dernier quart) qui sont bien rendues elles aussi.

Le contrat est donc assez bien rempli par ce one-shot: Indomptable Zono est un récit plaisant dans l'ensemble, qui doit beaucoup au style de l'autrice et à ses personnages assez réussis, et où l'on regrettera juste une brièveté empêchant la mangaka d'aller un peu plus loin dans ses sujets plus sérieux. De plus, l'ouvrage est proposé dans une qualité éditoriale tout à fait correcte: la jaquette reste proche de l'originale nippone, l'impression est honnête, le papier souffre d'une légère transparence mais reste correct, le lettrage est propre, et la traduction effectuée par Laurie Asin est toujours claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs