Ichi The Killer Vol.5 : Critiques

Comme c'était prévu, ce nouveau tome d'Ichi the killer s'ouvre sur un massacre bien dans les règles perpétré par le héros éponyme de la série. Une nouvelle série de meurtre qui mettra néanmoins Ichi face à ses responsabilités et qui marque un tournant dans son comportement. Il semblerait bien qu'il commence à ne plus supporter les atrocités qu'il commet. Et, comme soutien, c'est l'inattendu Kaneko qui s'offre à lui. Mais le vieux ne l'entend pas de cette oreille et compte bien continuer à le manipuler à sa guise. En parallèle, Kakihara, dont le clan ne compte plus que 4 membres, fait appel à deux vieilles connaissances...

Depuis le début, Hideo Yamamoto s'amuse à frôler les limites de l'insoutenable afin de nous divertir et de nous dévoiler un monde mafieux particulièrement barbare où le sexe et la violence sont pratiquement les seuls mots d'ordre. Rien d'étonnant donc à retrouver une nouvelle fois la même recette dans ce cinquième opus. Le problème, par contre, c'est que cette fois-ci on a pour de bon l'impression que toutes cette perversité racoleuse ne sert rien d'autre qu'une surenchère qui commence sérieusement à empester. L'arrivée des deux jumeaux, au moins aussi tordus que les personnages que l'on connait déjà, sera la goutte qui fait déborder le vase. Et une autre évidence qui apparait alors concerne la prévisibilité des évènements à court terme. A peine ces nouvelles têtes nous sont-elles présentées que l'on voit de très loin le carnage arriver. Concrètement, il n'y a plus aucun effet de surprise et dans la mesure où l'on est face à une histoire qui avance très lentement, trop d'ailleurs, l'intérêt que l'on porte au titre en pâtit de plus en plus.

C'est d'autant plus dommage que ce volume apparaissait comme drôlement intéressant dans la mesure où un véritable déclic semble se produire chez Ichi. Mais il faut se rendre à l'évidence: ce tournant est tellement enrobé de scènes cradingues, en plus de servir d'hôtes à un certain sentiment de déjà-vu, que Yamamoto perd son lecteur en cours de route. Et voila quelque chose qu'il avait jusqu'ici habilement évité. Même les scènes en compagnie de Kaneko, qui s'avèrent déjà bien plus intéressantes, ne parviennent pas à tout rattraper. Par contre, on ne pourra pas enlever à l'auteur son sens de la mise en scène qui reste intact et qui vient renforcer une fois encore l'aspect irrémédiablement glauque du titre.

Voila donc un tome d'Ichi the killer qui déçoit. Qui déçoit non pas parce que la série s'écarte de ce qu'elle a proposé jusqu'ici mais parce que Yamamoto ne parvient pas à maintenir l'équilibre entre les différentes composantes du titre cédant à ses désirs d'en rajouter des couches et des couches toujours plus répugnantes. Au final on n'en retient plus que ça. Si ceux qui apprécient avant tout la série pour son aspect boucherie, plus prononcé que jamais, devraient toujours y trouver leur compte, ce ne sera plus le cas des autres.