Horion Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Juin 2018

La création française attire de plus en plus les éditeurs, avec toute une génération de jeunes artistes qui ont pu prendre le temps d'assimiler les codes du manga, pour parfois même mieux s'en écarter. Du côté des éditions Glénat, cela fait désormais un petit moment que l'on pousse plus ce créneau, avec des auteurs comme VanRah ou Izu entre autres. Et l'année 2018 est clairement placé chez l'éditeur sous le signe du manga "à la française", avec les séries Tinta Run, Vs Fighting, bientôt 4LIFE... Et dans le lot, on trouve Horion, une oeuvre qui fut initialement annoncée par Glénat dès l'été 2016 pour une parution initialement prévue début 2017. C'est finalement plus d'un an plus tard, depuis mai 2018, que l'on peut enfin découvrir ce récit d'aventure signé Aienkei (scénario) et Enaibi (dessin), deux auteurs qui sont par ailleurs pas mal présents sur internet et les réseaux sociaux.

"Ne rien tenter par peur d'échouer, c'est ne rien faire pour réussir."

Tout commence par une étrange épreuve passée par un certain Vika Akorany. Le jeune homme, pour tenter de réaliser ses rêves, se doit de passer cette épreuve, même si on lui dit qu'il est sans doute déjà trop vieux pour ça, et qu'il en mourra. Peu importe, il est là pour ça. Il n'y survivra pas.
Plus tard, on découvre l'escapade de trois garçons. Palk est le garde du corps de Valyuta Rozmar. Valyu est le plus proche ami de Koza et a décidé de le suivre. Quant à Koza, issu d'une lignée de serviteurs de la famille de son ami Valyu, il a quitté le domaine des Rozmar dans l'espoir de gagner le cité dissidente de Landgrave. Il espère y retrouve son frère... Vika.

"Ambitieux" est un mot qui semble bien coller à la construction du premier tome de Horion, dans la mesure où les auteurs offrent une introduction presque "à la Hunter x Hunter", dans la mesure où ils nous plongent directement auprès des héros en ne présentant d'abord aucunement le monde qui les entoure. C'est petit à petit que les premiers éléments vont se poser, révéler une réelle cohérence, et susciter une forte curiosité tant on devine qu'il y a matière à développer beaucoup de choses. C'est donc en étant essentiellement au plus près de Koza, Valyu et Palk que l'on découvre petit à petit les premiers fondements de l'univers imaginé par Aienkei et Enaibi. Un royaume souverain, un groupe de dissidents à Landgrave capable d'acquérir d'étonnantes puissances s'il réussissent une épreuve mortelle, les oppositions de ces deux camps avec le royaumes cherchant à s'en prendre aux dissidents quitte à envoyer assassins et gardes à la poursuite de quiconque quitte Landgrave, cité par ailleurs quasiment impénétrable... Beaucoup de questions se bousculent, sur les origines de cette épreuve, sur la formation des dissidents et leur but, sur le royaume, sur le statut des Rozmar dans tout cas, sur le destin qui attend les deux héros amis... Et les épreuves leur tombent déjà dessus, dès lors qu'ils parviennent à entrer en contact avec Nyrkki et Mira, deux dissidentes activement recherchées et qui pourraient les mener jusqu'à Landgrave. S'en suivent déjà plusieurs péripéties: confrontation face aux assassins, avancées dans des territoires parfois étonnants... Les auteurs s'en donnent à coeur joie et, en plus d'un aspect découverte stimulant, installent déjà aussi un bon parfum d'aventure. Mais il y a aussi un autre point, plus dramatique, qui fait forte impression: le fait que Koza cherche les traces d'un fantôme, celui de son frère... En effet, alors que le périple de Koza est animé par le désir de retrouver Vika, le lecteur, lui, sait dès les premières pages que Vika est déjà mort, ce qui, quand on y pense, installe tout au long de la lecture une petite atmosphère tragique, jusqu'à l'issue du tome 1 qui semble lancer réellement la série.

Les personnages imaginés par les deux auteurs ont plutôt de la gueule. En plus d'offrir beaucoup de réparties voire de petites réflexions (par exemple sur l'argent) très bien ciselées et témoignant d'un gros travail d'écriture, leurs interaction laissent déjà deviner des caractères réussis. Que ce soit l'amitié indéfectible de Koza et Valyu (qui seraient prêts à se suivre dans la mort), des convictions fortes, le rôle de Palk... ou tout simplement le caractère génial de la (très) grande gueule Nyrkki, on se régale.

Visuellement, Enaibi, dessinatrice autodidacte, impose facilement quelque chose, que ce soit dans ses designs certes encore un peu irréguliers mais tous bien trouvés et reconnaissables, ses décors assez soignés quand il le faut (comme la grotte ou Landgrave) sans être surchargés, et son découpage et sa mise en scène se voulant souvent très dynamique et pleins de verve. En dehors de quelques trames un peu grossières, c'est vraiment très emballant.

Horion s'offre une excellente introduction, assez ambitieuse voire surprenante dans sa construction, bien écrite, portée par des personnages prometteurs. L'univers imaginé par les auteurs ne demande désormais qu'à s'exprimer pleinement, et on suivra ça avec grand plaisir.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs