Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 05 Juillet 2024
Le fourbe plan de vengeance de Yoshii envers Masaki aurait peut-être très bien fonctionné si Yû n'avait pas fait irruption, juste à temps, pour sauver son mentor. Si bien que Taka, le kendoka embauché par Yoshii pour battre Masaki, ressort admiratif face au courage et à la force de notre héros, et accepte de le combattre en duel. Taka étant un loup solitaire quand même doté de certaines valeurs, il somme à tout le monde de rester à l'écart de son duel. Mais Yoshii, prêt à tous les coups bas, compte-t-il vraiment rester spectateur ?
En imposant désormais Yû dans un rôle de protecteur pour son mentor Masaki, Kouji Mori semble avoir préparé le terrain pour faire franchir à notre héros une nouvelle étape afin qu'il trouve sa place, mais cela risque bien de passer par un double affrontement au sommet contre Taka et Yoshii. Et dans les deux cas, le mangaka effectue vraiment de très bonnes choses ! Bien sûr, les combats successifs contre ces deux-là font bien ressortir leurs spécificités propres: là où Taka apparaît comme un garçon ayant une certaine droiture et une dignité dans le combat, il en est tout autre pour un Yoshii sournois et montrant une autre image, tout aussi crédible, des combats de rue. Et dans chacun des deux cas, Mori brille particulièrement, une nouvelle fois, dans sa façon de décortiquer les aspects techniques et spécificités propres aux différents type de combat qu'il met en scène. Quelles sont les force et faiblesse d'un kendoka ? Quelles approches peuvent être efficaces contre ce type de combattant ? Et comment sa défendre efficacement face à un dangereux adversaire n'hésitant pas à utilise un couteau ? Telles sont les choses que Kouji Mori décortique avec soin, certains détails ayant aussi le mérite de pouvoir être utiles pas uniquement dans des combats en bonne et due forme mais aussi dans des agressions quotidiennes dont tout le monde peut être victime un jour.
Et tandis que toute cette phase se révèle particulièrement prenante et instructive, la suite du tome n'est pas en reste,en poussant encore Yû et se questionner sur sa place après ces deux duels fracassants, une place qu'il peine encore à trouver précisément malgré ses évolutions. Ici, certaines personnes commencent à le trouver classe, et ça ne le met clairement pas à l'aise car lui-même ne se considère pas ainsi et ce n'est aucunement ce qu'il recherche. Là, mêmes parmi ses plus proches amis il commence à y avoir comme un sentiment de jalousie, mais une jalousie bénéfique: ainsi l'auteur remet-il en avant le cas de Shôgo désireux d'en découdre à nouveau avec Yû pour des raisons précises, à la fois humaines et assez nobles à leur manière, puisqu'il s'agit surtout là pour nos héros de jauger et, peut-être, consolider de plus belle l'amitié qui s'est solidement bâtie entre eux. Amitié que Yû imagine comme une terre sainte devant être bâtie sans mensonge ni hypocrisie.
Le combat aurait-il aussi cette faculté-là ? La réponse devrait arriver dès le volume suivant, et en attendant Kouji Mori nous offre ici un tome particulièrement accrocheur, tant il continue de soigner ses phases de combat qui ne sont jamais gratuites et prend soin de développer les lentes avancées physiques et psychologiques de Yû pour, peut-être, réellement trouver sa place un jour.