Ma voie de père : Critiques

Hirata Hiroshi no Otôsan Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 15 Février 2010

Hiroshi Hirata arrive sur un terrain ou nous étions à mille lieues de l’attendre : la comédie.
Pas de samouraï ! Pas de contes et légendes pour galvaniser le cœur de l’homme courageux ! Pas même de rude et ténébreux héros aux sourcils broussailleux prêt à s’arracher un bras pour laver son honneur en assommant son dernier adversaire de son membre sanguinolent après avoir brisé ses sabres dans un combat où il a déjà occis une armée à lui seul. Le héros de ce manga c’est… Hiroshi Hirata lui-même !
Le début du volume, réalisé en 1990, nous présente l’auteur dans sa résidence de la province d’Izu. Cette première partie est faite d’histoires courtes et autobiographique assez cocasses. Les saynètes de 4 pages dessinées par Hirata dans un style semi-caricatural montrent la vie de famille et les travers de l’auteur marié et père de 5 grands enfants.
Un peu glandeur, un peu obsédé, donneur de leçons qu’il n’applique que difficilement à lui-même. Hiroshi Hirata ne se glorifie que rarement et ne s’épargne pas (pas plus que le reste de sa famille) de quelques déballages honteux. Comme souvent dans ce genre de famille, c’est la mère qui est le point stable, raisonné et pragmatique du groupe et le père comme l’élément le plus turbulent. Le langage franc et direct d’Hiroshi n’exclu pas une certaine crudité et l’ensemble est finement observé et semble authentique. Après les premiers chapitres la direction de la série s’infléchi sur des idées plus personnelles.
Hiroshi Hirata laisse vagabonder son inspiration au gré de ses réflexions les plus délirantes comme le choix du kanji pour le mot «dièse». Il faut dire que Hirata malgré des années à pianoter sur ses synthés est un piètre musicien qui casse les oreilles de toute sa famille avec de longues improvisations de son cru. D’une pensée bien ordonnée, il part en vrille dans un délire en l’espace de 6 cases pour notre plus grand bonheur. Ce qui démarre comme un prêchi-prêcha sur la volonté ou le rôle de parent se perd dans des images mentales surprenantes. Les derniers chapitres, parmi les plus bavards explorent tous les domaines. Hirata se converti en philosophe de l’improbable passant la vie, l’amour et les bouses de vaches à la moulinette. Il nous offre finalement une plongée inédite dans la personnalité unique et fantasque.
Sorti de cette partie qui s’avère éprouvante à lire d’une traite, cette édition nous offre la retranscription des 3 lettres écrites par Hirata sur son site à la suite des attentas du 11 septembre et de l’implication du Japon dans l’intervention en Irak. Après ce lourd pavé jeté dans la mare et dont les ronds se sont effacés, il reste le pavé lui-même et la voix d’un auteur qui montre un grand nationalisme très posé.
La seconde partie est constituée de « on étouffe », une histoire horrifique qui n’aurait pas dépareillée un conte de la crypte et le recueil de diverses gags réalisées entre 1966 et 1979. Le changement graphique est assez saisissant.
On pourrait presque s’étonner d’une telle diversité graphique chez l’auteur.
En bref, un volume un peu fouillis avec du bon et du dispensable mais une percée décisive dans l’approche d’un mangaka décidément fort talentueux. A réserver malgré tout aux fans inconditionnels


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
neun11septembre
16 20
Note de la rédaction