Hinamatsuri Vol.1 - Actualité manga
Hinamatsuri Vol.1 - Manga

Hinamatsuri Vol.1 : Critiques

Hinamatsuri

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Mars 2023

En ce mois de mars, les éditions Meian lancent en France une comédie atypique qui fut longtemps espérée dans notre langue, en particulier depuis la diffusion de son excellente adaptation animée en 2018: Hinamatsuri. Cette oeuvre, achevée en 19 volumes, a été prépubliée au Japon entre 2010 et 2020 dans les prestigieux magazines Fellows!! puis Harta d'Enterbrain, auprès de séries réputées comme Bride Stories ou Gloutons & Dragons. Elle fut la toute première série de Masao Ohtake, un auteur qui s'est spécialisé dans la comédie après avoir été l'assistant de Tetsuya Saruwatari.

Cette histoire donne le ton dès ses premières pages dès lors que Nitta, un yakuza très impliqué dans son clan, proche du patron et sur le point d'encore gravir des échelons, reçoit sur la tête une étrange capsule alors qu'il est tranquillement chez lui. Et comme si ça ne suffisait pas, la capsule en question laisse apparaître une bouille totalement neutre. Difficile pour le jeune homme de croire à cette situation absurde, si bien qu'il se dit qu'il doit être en train de rêver et qu'il pas se coucher. Mais le lendemain matin, l'objet bizarre est toujours là, et l'impassible visage en son sein lui demande d'appuyer sur un bouton pour l'extirper de là. Apparaît alors une petite fille du nom de Hina, et par la même occasion le début des ennuis pour le yakuza. Mystérieusement débarquée d'on ne sait où, cette gamine contraint Nitta à la laisser vivre chez lui, et notre homme n'a pas le choix: Hina possède effectivement d'immenses pouvoirs psychiques, et risque fort de s'en servir pour tout saccager. Commence alors une cohabitation ubuesque...

Hinamatsuri nous propose donc de suivre le nouveau quotidien de Nitta avec cette enfant sortie de nulle part et qui, d'emblée, va beaucoup troubler la vie et les activités du yakuza. Hina a un don pour s'incruster dans les affaires de mafieux de notre homme, en semant la zizanie plus d'une fois, mais ses pouvoirs pourraient également se révéler utiles pour se sortir de certaines situations, notamment quand il faut aller faire une expédition punitive dans les locaux d'un gang rival. Et tandis que l'entourage de Nitta prend Hina pour une membre de sa famille voire pour sa fille, notre héros doit jongler entre laisser croire certaines choses pour ne pas susciter des suspicions et mettre fin à certains quiproquos, surtout quand ce coureur de jupons ne peut plus draguer parce que les femmes pensent qu'il est papa.

Hina, de son côté, n'a pas forcément toujours conscience de tout l'embarras qu'elle suscite pour Nitta, et se contente surtout de s'installer de façon certes très invasive. On la suit avec plaisir découvrir des choses comme les peluches, un lit tout doux ou des activités telles que la pêche, se prendre de passion pour les oeufs de saumon, et s'intéresser à l'école jusqu'à exiger de Nitta qu'il l'inscrive en première année de collège. Et cette jeune fille ne connaissant absolument rien de la vie humaine normale et des interactions sociales où elle a tout à apprendre, il va de soi qu'elle va enchaîner les situations insolites où son entourage ne peut qu'observer, hébété, ses réactions incongrues. Parmi cet entourage, on peut déjà retenir sa camarade de classe Hitomi Mishima, enfant sage et studieuse qui, par la force des choses, se retrouvera plus d'une fois embarquée dans des situation improbables à cause de sa trop grande gentillesse. Et dans tout ça, il va de soi que les grands pouvoir de Hina sont aussi un enjeu important, non seulement parce qu'elle va devoir cacher ça au commun des mortels (seul Nitta est au courant pour le moment), mais aussi parce que, d'un autre côté, elle a besoin de les utiliser régulièrement, sans quoi ils deviennent hors de contrôle, chose qui provoquera déjà quelques catastrophes dans ce premier opus.

Ainsi, l'auteur propose dès ce tome d'introduction une déferlante d'humour tour à tour absurde, grotesque et loufoque qui fait bien souvent mouche, en particulier parce que les situations s'enchaînent bien et que le dessin, bien qu'un peu irrégulier pour l'instant, se prête bien aux nombreux éléments comiques. Le meilleur exemple étant sans aucun doute l'entrée en scène aussi fracassante que grotesque de Hina en début de tome, avec sa bouille inlassablement neutre sortant de la coquille. Mais au-delà de ça, Hinamatsuri est également un récit qui instaure une part de mystère voire d'émotion, car tandis que tout reste à dévoiler sur le passé de cette gamine sortie de nulle part, on comprend très vite, en filigranes, grâce à une narration maîtrisée, qu'elle servait uniquement d'arme là où elle était avant, et n'existait que pour obéir aux ordres qu'on lui donnait, à tel point qu'elle s'étonne que l'adulte chez qui elle s'est imposée ne lui donne pas d'ordres (en même temps, a-t-il vraiment le choix ?!). Avec d'autres moments comme son intégration décalée au collège, on sent bien que la jeune fille n'a aucunement grandi de façon normale, qu'elle ne connaît pas des choses comme les interactions sociales ou les émotions, si bien qu'il sera naturellement attachant de la voir s'acclimater sur la longueur. Les personnes ayant vu l'anime savent déjà que Hinamatsuri, derrière son humour assez ravageur dans son genre, sera aussi capable de montrer des choses plus sérieuses et émouvantes, et ce n'est certainement pas la blondinette entrant en scène en dernière page de ce tome qui prouvera le contraire.

Cinq années après la diffusion de l'anime, pouvoir enfin découvrir en France le manga d'origine de Hinamatsuri s'annonce donc très plaisant. Avec son humour généralement absurde, ses éléments intrigants et sa galerie de personnages attachants commençant tout juste à se mettre en place, l'oeuvre de Masao Ohtake démarre sur de bonne bases et ne déçoit aucunement dans sa catégorie, d'autant plus que l'édition proposée par Meian accompagne efficacement ces débuts, en particulier grâce à une traduction emballante de la part de Célia Chinarro, traductrice qui a déjà prouvé son aisance dans l'humour sur des séries comme Grand Blue et Witch Family. A part ça, on a droit à une honnête qualité de papier et d'impression, à un lettrage soigné de Mickaël Ponsard, et à une jaquette restant fidèle à l'originale japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs