Head Trick Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Août 2011

Maladroites graphiquement et/ou narrativement, les oeuvres françaises d'inspiration manga se révèlent bien souvent au mieux juste lisibles, au pire très décevantes. Mais avec Head Trick, votre vision du genre pourrait bien changer !

Head Trick, à l'origine, est un web manga comme il en existe un certain nombre. Dans cet univers particulier, la série de ceux qui se font appeler E, D et K'yat a su rapidement se tailler une certaine réputation, au point que les deux co-auteurs et le dessinateur ont décidé de monter leur petite maison d'édition, sobrement intitulée ED édition, dans le but de proposer sur papier leur oeuvre. Grand bien leur en a pris !

Dès la couverture, on sait que Head Trick se voudra avant tout fun. Nous y rencontrons Ed. Signe particulier ? Fait des fautes d'orthographe à l'oral (si si !). Ed, c'est un lycéen complètement blasé, qui s'est fait renvoyer de plusieurs dizaines d'établissements scolaires après avoir traumatisé tous les élèves et profs de ceux-ci. Il faut dire qu'Ed a un caractère pour le moins particulier: il déteste l'école, et dès qu'on le titille un peu, il répond d'un bon coup de tête tandis que ses mains ne quittent jamais ses poches. Avec un tel héros, sérieusement allumé, le ton est déjà donné, mais les choses ne s'arrêtent pas à ça. A peine arrivé dans son nouveau bahut, Ed s'en va tranquillement devant un distributeur de boissons pour lui asséner un violent coup de tête, histoire de faire tomber un soda... qu'il se fait voler sous ses yeux par un chat amateur de boissons gazeuses et au ventre gaulé comme un ballon de foot. Et dans la foulée, son jeu de tête a attiré l'attention d'un papi bien décidé à l'enrôler dans le club de foot du lycée ! Blasé comme il est, Ed n'en a aucunement l'attention. Pourtant, sous la houlette d'un coach pour le moins particulier, un hystérique aux bras d'1m91 de long, il va bien être obligé de se soumettre après avoir malencontreusement foutu en l'air le capitaine et meilleur joueur de l'équipe ! Et c'est ainsi que, dans la foulée, il fait ses premiers pas sur un terrain... Le match de foot le plus ravagé de tous les temps peut commencer !

Et pour être ravagé, ce match l'est ! Après une introduction déjantée qui nous présente des personnages tous un peu voire très atteints, les choses sérieuses commencent assez rapidement et Ed se retrouve propulsé sur le terrain, où, blasé comme il est, il n'a évidemment que faire des règles (qu'il ne connaît pas, de toute façon) et des autres joueurs. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il doit mettre le morceau de cuir rond qu'il a au pied au fond de ce filet là-bas au bout, et il n' a alors de cesse de bourriner dans tous les sens sans la moindre réussite, sa précision étant pour le moins inexistante. Mais dès qu'il s'agit de bourriner, Ed est fort, très fort. Pas seulement en ce qui concerne le ballon. Ses adversaires et coéquipiers en feront les frais, et à peine le match est-il commencé que des joueurs doivent sortir sur civière... Ainsi se déroule le début de ce match, complètement allumé, porté par un héros fou furieux dont on adore d'ores et déjà suivre les aventures, et qui montre pourtant un potentiel de folie dans le domaine du ballon rond, par exemple en contrôlant ce dernier pieds nus de manière totalement improbable. A présent, il faut juste qu'Ed pense à se servir de sa tête. Dans tous les sens du terme.

Et d'un point de vue visuel, le coup de crayon de K'yat a tout pour porter vers l'avant la série. En plus d'idées saugrenues, comme ce chat-ballon qui fait déjà une belle mascotte, cet entraîneur aux bras interminables et d'autres joueurs aux têtes de fous et de débiles, qui viennent accentuer sans mal l'aspect déjanté et pas sérieux pour un sou de l'oeuvre, le trait du dessinateur se révèle suffisamment fin et précis pour offrir des planches bourrées de dynamisme. Et quand viennent s'en mêler une mise en scène inspirée et une expressivité bien présente et n'hésitant pas à aller jusqu'à l'exagération, là aussi pour accentuer l'aspect fun et déjanté, on se retrouve avec un résultat qui, s'il possède encore un peu, par instants, un aspect un peu trop lisse, n'a pas à rougir à côté de ses homologues japonais.

Si l'on aime un minimum le football et, surtout, les séries joyeusement déjantées et bourrines, il paraît difficile de ne pas se laisser séduire par ce premier volume de Head Trick, un divertissement d'excellente facture qui prouve bel et bien, après pléthore d'essais souvent peu concluants, que les Français peuvent aussi faire d'excellentes choses dans le domaine du manga !


 


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs