Goût des fraises (le) Vol.1 - Actualité manga

Goût des fraises (le) Vol.1 : Critiques

Sono Koi wa Ichigo no yôni

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 16 Février 2024

En cette semaine de Saint-Valentin, les éditions Kurokawa ont décidé de lancer une nouvelle romance dans leur catalogue: Le goût des Fraises, qui aura le mérite de ne pas trop s'éterniser puisqu'elle est achevée en quatre volumes. Nous permettant de retrouver la mangaka Irono (découverte en France il y a quelques années aux éditions Kana via la série de fantasy "The Grim Reaper and an Argent Cavalier"), cette oeuvre fut prépubliée au Japon sous le nom "Sono Koi wa Ichigo no yôni" (littéralement "Cet amour est comme des fraises"), entre 2018 et 2021, sur le PFantapi, un magazine web de l'éditeur Square Enix publié sur Pixiv et dérivé du magazine G-Fantasy.

Tout commence ici lorsque Sara Moritani, une étudiante de 20 ans, est appelée en renfort pour s'occuper de la production de fraises de son grand-père, celui-ci étant hospitalisé après s'être cassé la jambe en plein mois de janvier. Voués à jongler entre son travail à l'exploitation le matin et ses études l'après-midi, la jeune fille compte faire de son mieux, même si initialement elle n'y connaît absolument rien en production de fraises. Mais fort heureusement, son grand-père lui assure qu'elle pourra compter sur l'aide du "petit Nori", un collègue spécialisé dans le domaine ! Or, il s'avère que derrière le "petit Nori" se cache en réalité Minori Sugiura, un robuste gaillard de 33 ans célibataire comme elle et qui, du haut de son mètre quatre-treize et avec son visage plutôt impassible et sévère, a de quoi faire peur à notre héroïne au départ. Pourtant, très vite, Sara découvre en ce géant un homme attentionné et passionné (c'est simple: il met la fraise à toutes les sauces, même sur sa housse de volant), et d'emblée ça a le don de faire battre son petit coeur plus que la normale. Quant à Minori, derrière son allure de dur à cuire il a en réalité un coeur tendre, et se sent lui aussi vite attiré par cette étudiante beaucoup trop craquante à ses yeux. Seulement, non seulement 13 ans les sépare, mais en plus aucun d'eux deux n'a d'expérience particulière en matière de relations amoureuses. Pourquoi un tel homme s'intéresserait-il à une gamine comme elle, se dit-elle. Et comment une étudiante toute pimpante pourrait-elle être attirée par un vieux intimidant comme lui, se dit-il. Seulement, comme le disait Blaise Pascal, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Encore faut-il que ces deux-là, si persuadés de n'avoir aucune chance avec l'élu(e) de leur coeur, parviennent désormais à se l'avouer...

Un peu à l'image de la série The Ice Guy & the Cool Girl chez Mangetsu (une oeuvre que l'on vous conseille si vous aimez le genre, tant elle gagne en charme au fil des tomes) mais avec la note fantastique en moins et les fraises ainsi que l'écart d'âge en plus, Le goût des Fraises joue la carte de la romance pure entre deux adultes gardant une grande part d'innocence car ils n'ont quasiment aucune (voire littéralement aucune dans le cas de Sara) expérience en matière d'amour. Et tout comme dans la série précédemment citée, on a droit à des premiers chapitres très courts voire très, très courts (le chapitre 2 de fait que deux pages, il y a de nombreux petits chapitres bonus de remplissages proposant juste de brèves situations sur parfois une seule page...), ce qui fait que l'autrice installe les choses de façon excessivement rapide: il faut à peine 8 pages dans le manga et quelques journées aux deux personnages pour être attirés l'un(e) par l'autre sans se l'avouer, et cela peut apparaître franchement rushé et donc nuire à l'immersion initiale auprès du duo.

Néanmoins, si l'on fait l'effort de dépasser ces premières dizaines de pages, un certain charme finit par se dégager de la lecture. Il faudra pourtant tolérer l'accumulation de nombreux clichés du genre: Minori est le stéréotype parfait du colosse au coeur tendre, Sara est la fille pleine de volonté et de fraîcheur mais un peu niaise voire trop passive (à l'image des scènes où elle se laisse trop coller par l'insistant Yanase, un ancien camarade de lycée bien lourd), la plupart des premières situations sont de bons vieux poncifs sans originalité (la Saint-Valentin avec ses chocolats à offrir, une sortie "desserts" qui a des allures de rencard, une soirée arrosée où la boisson qui leur ferait presque perdre la tête, une fièvre de Sara qui inquiète Minori... sans parler des petits moments où ils sont gênés en étant trop près l'un de l'autre ou en se tenant la main par inadvertance)... mais à condition de ne pas être lassé par ce genre de ficelle, la façon dont tout ceci est conté s'avère assez mignonne, chose qui n'était pas forcément gagnée quand on propose un sujet comme l'écart d'âge. La façon dont ils se plaisent en ne sachant pas comment se le dire a de quoi attendrir, Minori a le mérite de faire très attention, Sara montre régulièrement un petit paquet de bonnes bouilles un peu chibi qui prêtent facilement à sourire, et Irono capte assez joliment certains moments où, intérieurement, nos deux personnages sont dans tous leurs états !

Reste la question de la thématique autour de la production de fraises, qui reste tristement anecdotique alors qu'elle aurait pu apporter bien plus de choses, à commencer par une atmosphère un peu champêtre, paisible voire dépaysante qui est malheureusement totalement absente. N'abordant jamais ce sujet avec un minimum de profondeur, se contentant de très brèves petites informations que normalement quasiment tout le monde connaît (comment cueillir des fraises, l'importance des abeilles dans l'écosystème, etc) sur quelques cases éparses, la mangaka se contente d'en faire un emballage léger réunissant les principaux personnages, ce qui a au moins le mérite de fonctionner à défaut d'apporter une personnalité plus marquée à l'oeuvre.

A l'arrivée, ce premier tome est plutôt mignon et léger, et aura de quoi faire craquer les coeurs les plus sensibles qui ne seraient pas lassés par des premières situations très clichées, mais ça s'arrête à peu près là. Il manque un peu plus de personnalité et de profondeur au récit pour vraiment nous marquer, mais le minimum syndical est soigneusement assuré, ce qui est déjà pas mal !

Qui plus est, Kurokawa a tâché de soigner son édition, notamment grâce à une jaquette joliment élaborée avec son vernis sélectif et son fin logo-titre de circonstance, à une traduction limpide de Gaëlle Ruel qui retranscrit fort bien le ressenti des personnages, et à la présence d'un petit bonus via une planche de stickers directement incluse dans le tome. On trouve aussi une première page en couleurs sur papier glacé, une bonne qualité d'impression, un papier souple et assez épais malgré une légère transparence par moments, et un lettrage propre signé AQ.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs