Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 14 Février 2023
Paru en France aux éditions Hana en septembre de l'année passée, La
gloire du matin fleurit la nuit nous permet de découvrir deux mangakas
jusque-là inédits dans notre pays mais actifs de façon discrète au Japon
depuis quelques années: au scénario Yu Araki, et au dessin Choco Donut.
De son nom original "Asagao wa Yoru kara Saku" (dont le titre français
est une traduction mot pour mot), ce récit a vu ses cinq chapitres être
initialement prépubliés dans le magazine Baby de Fusion Product en 2020,
avant d'être regroupés, le 25 juin de la même année, en un unique
volume broché agrémenté d'un petit bonus de cinq pages, pour un total
d'environ 190 pages.
On commence ici par découvrir Yûgen, un lycéen qui, en partie à cause de
sa santé fragile, est depuis toujours discret, taciturne et solitaire,
au point d'être surnommé "le fantôme" par beaucoup de camarades de
classe. Dans son quotidien terne et monotone, il a pourtant attiré un
peu l'attention de son exact contraire, Hideto, un adolescent sportif,
populaire, extraverti et joyeux, qui tente chaque semaine d'engager un
peu la conversation avec lui. Yûgen peut au moins se raccrocher un peu à
ça... du moins, avant que l'impensable n'arrive: un jour de tempête,
frappé par la foudre, le si vivant Hideto décède brusquement. Si chacun
de ses proches est forcément choqué, intérieurement Yûgen semble plus
attristé qu'aucun autre. Et c'est alors qu'une autre chose inimaginable
arrive: le fantôme de Yûgen se met à apparaître uniquement devant lui,
en lui demandant de l'aider à passer dans l'au-delà. Pour ça, Yûgen va
devoir aider Hideto à réaliser plusieurs petites choses qu'il regrette
de ne pas avoir p faire de son vivant, ce qui risque bien de changer un
peu la vie du garçon à la santé fragile.
Vous le sentez venir: ce n'est pas un récit spécialement original que
vont nous proposer ici les deux auteurs, car l'un des enjeux majeurs est
évidemment de pousser le renfermé Yûgen a mieux prendre conscience de
la valeur de la vie et à s'ouvrir un peu plus, a fur et à mesure des
choses souvent minimes qu'il va devoir réaliser pour le salut de l'âme
de Hideto. Cela l'oblige notamment à aller voir certains de ses amis,
plus encore à faire connaissance d'une mère en deuil, et ainsi à voir à
quel point la valeur de notre vie dépend des gens que l'on aime et qui
nous aiment en retour. Et puisque l'on parle d'aimer, l'amour est
également au coeur de cette histoire, bien sûr, puisque l'on découvrira
bien vite, sans trop de surprise, l'amour que Hideto portait secrètement
à Yûgen, ainsi que l'attachement plus profond qu'avait Yûgen pour
Hideto. C'est assez simple mais plutôt bien mené, jusqu'à l'inévitable
issue douce-amère, et même si la petite note d'érotisme finale peine à
se justifier via le statut fantomatique de Hideto.
Portée par un dessin soigné et par une narration assez fine,
introspective quand il le faut et où les textes sont donc assez
subtilement traduits par Laurie Asin, La gloire du matin fleurit la nuit
est une belle petite histoire, un peu rapide, mais ayant ses moments
d'émotion et restant toujours convaincante dans l'évolution de ses deux
personnages principaux, surtout Yûgen. Quant à l'édition française, en
plus de la traduction, on y saluera la jaquette proche de l'originale
japonaise, la première page en couleur sur papier glacé (même si elle ne
propose aucune réelle illustration), l'honnête qualité de papier et
d'impression, et le lettrage propre.