Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 04 Avril 2024
Au bout de leur bataille, Claire, Shûichi et leur entourage n'auraient sans doute jamais cru que leur ultime adversaire serait un ancien ami de notre héros: Ikeuchi, qui est parvenu à réunir cent médailles, et qui est désormais décidé à faire pleuvoir le désespoir sur la planète. Le monde ainsi déjà considérablement changé de visage depuis l'irruption de monstres de toutes sortes et aux pouvoirs dévastateurs, et pour contrer cela nos héros n'ont qu'une seule solution: parvenir à arrêter leur dernier ennemi.
Dans cette optique, ce 14e et dernier volume de Gleipnir suit un déroulement très classique pour une série orientée action, en se focalisant avant tout sur un ultime combat suffisamment bien mis en scène, vif et sombre dans son rendu visuel, et ponctué de certains moments d'effroi amples et de quelques inévitables sacrifices nous faisant bien comprendre que l'issue de l'oeuvre ne sera pas idéale. A ce titre, il y a vraiment un parfum de désespoir qui règne énormément à travers la figure d'Ikeuchi: non seulement les actes de celui-ci sont assez extrêmes et nous font vite sentir que le monde ne redeviendra jamais plus comme avant, mais en plus il a beaucoup de choses à reprocher à nos deux personnages principaux, qu'il met rudement face à leurs propres erreurs.
Pourtant, dans ce climat chaotique, tragique, où ils voient encore certains visages chers disparaître, Shûichi et Claire restent unis par leur désir commun d'avancer vers l'avenir qu'ils espèrent. Un avenir pour lequel on les sent, jusqu'au bout, en osmose, prêts à se sacrifier l'un pour l'autre si besoin, afin d'atteindre un nouveau monde qui leur conviendrait à peu près. Sun Takeda, avec intensité, cristallise bien cette idée de nouveau monde ainsi que cette relation entre les deux personnages principaux, en entretenant même un peu de suspense quant à leur survie à tous les deux... Il est alors un peu dommage, après les belles choses affichées, que la toute fin retombe dans quelque chose de plus convenu, en prenant peu le temps de revenir sur la plupart des personnages, et en restant même un peu trop ouverte.
Il y a alors un petit goût de trop peu une fois la dernière page de Gleipnir tournée, néanmoins Sun Takeda assure l'essentiel. On retiendra ici une série bourrée d'idées intéressantes, de thèmes perturbants et d'une ambiance assez oppressante, et valant sans doute le coup d'oeil malgré ses limites.