Glaucos Vol.1 - Actualité manga

Glaucos Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Octobre 2011

Cisse est un jeune garçon de 17 ans mystérieusement né dans la mer et sauvé par des dauphins. Il est recueilli par un pêcheur polynésien et vit dans les îles avec sa famille adoptive. Alors qu’il nageait, il est repéré par Claude, un ancien recordman français de la plongée, déboussolé depuis que son record a été battu. Ce vieil homme a été frappé par les incroyables capacités d’apnée de l’adolescent et surtout par la symbiose qui existe entre lui et la mer. Il décide d’en faire son successeur en l’entrainant pour qu’il batte le champion actuel, un certain Petit. Tous deux partent s’exercer au Japon, accompagnés de la doctoresse Haruka, intriguée par les caractéristiques physiques de Cisse.

Ce manga de Akio Tanaka (Coq de Combat) met au centre de toute son intrigue Cisse, un héros attachant de par sa naïveté, son innocence et son impulsivité qui en font un personnage très nature, à l’image de la mer. Les autres protagonistes portent le caractère de ce personnage vers l’avant, et il en résulte une alchimie entre eux. Claude représente le bouleversement pour le jeune homme : un étranger apparu de nulle part qui peut l’emmener encore plus profondément au cœur de la mer à travers l’entrainement. C’est exactement ce que recherche Cisse, mais il n’en avait pas conscience avant de savoir qu’il y avait meilleur que lui dans ce domaine. Haruka assiste quant à elle aux entrainements en tant que médecin. Elle fait figure de secours en cas de problème, là où Claude aura tendance à pousser son élève vers ses limites. Pour autant, ces deux personnages sont aussi à la recherche d’accomplissements personnels. Pour Claude, il s’agit de prouver à Petit que malgré qu’il ait été battu par lui, il pourra à son tour être dépassé par quelqu’un de plus fort, qui plus est par son élève. Haruka est là en tant que médecin, mais surtout en tant chercheuse. Elle voit en Cisse la possibilité de découvrir des choses incroyables qui révolutionneront la médecine à propose de la rate, l’organe qui sert de réserve d’oxygène et de sang. En plus du partage d’un point de vue commun sur la mer, source de vie et de force, leurs motivations les amèneront à se dépasser pour atteindre un objectif. Ce trio de personnages est très réussi et nous promet une bien belle histoire.

L’autre gros point fort du manga est l’ambiance, associées aux divers thèmes abordés. L’image du calme et de l’immensité de la mer est parfaitement retranscrite ici, à travers les plans dessinés par l’auteur (une naissance en mer, une plongée vers le fond, un lever de soleil), mais surtout à travers l’aspect philosophique du manga. Rien que le titre est évocateur : Glaucos est une divinité aquatique de la mythologie grecque. Il faut comprendre que la mer a de tout temps provoqué chez les hommes un émerveillement et un respect au point de la déifier. C’est par le biais de Cisse que cet aspect du manga existe : sa naissance est entourée de mystère et il semble fusionner avec la mer lorsqu’il nage. Peut-on voir en lui un enfant de ce dieu ?
Etant donné que l’on n’en est qu’au premier tome, cette thématique n’est pour l’instant pas explorée au maximum. Il faut d’abord évidemment tout mettre en place, l’histoire et le caractère des personnages notamment, ce qui est d’ores et déjà une réussite. Mais on peut parier sur le fait que l’intrigue ne s’arrêtera pas aux victoires et aux défaites de Cisse comme dans un manga uniquement basé sur le sport.
Si Glaucos possède une ambiance particulière liée à cette philosophie et au thème de la plongée en apnée, ce ne sont pas les seules thématiques abordées. Il est aussi question de médecine donc, mais de politique et d’écologie aussi, par une brève référence aux essais nucléaires français en Polynésie en 1995. C’est de toutes ses thématiques que le manga tire son ambiance si particulière, aucun doute là-dessus.

D’un point de vue graphique, le trait de Tanaka est en adéquation avec tout ce qui a été dit plus haut. Les personnages montrent des expressions saisissantes, où tout est dans le regard. La détermination et l’impertinence de Cisse se voit dans ses yeux incisifs, tout comme se voit la déprime dans les yeux de Claude. Haruka se veut plus calme, plus posée, sans doute est-ce parce qu’elle a un recul intellectuel sur tout ce à quoi elle assiste. Les décors hors mer sont satisfaisants mais ne sont pas non plus particulièrement remarquables. En revanche, les scènes en mer sont très réussies, car Tanaka utilise des trames de couleurs plus ou moins foncées pour évoquer la profondeur. Le dégradé découlant de ce procédé renforce l’impression d’immersion au sein de cet environnement.

Ce premier tome pose les bases d’une intrigue qui s’annonce très intéressante. Les enjeux de la série sont grands, le lecteur s’attend à une évolution des personnages et à une immersion totale dans une ambiance maritime nostalgique. Ce n’est pas sans rappeler le Grand Bleu, le film de Luc Besson. Glaucos en est clairement un hommage avoué.

Du côté de l’édition, Glénat nous offre un beau livre. Le papier est de qualité. On regrettera toutefois que l’impression des couleurs foncées présente un défaut d’uniformité (on distingue une sorte de quadrillage) et que certaines phrases de la traduction ne semblent parfois pas coller au contexte.


Raimaru


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs